Les murs de son bureau nus, ou presque, la marche ou la voile comme activité en dehors de son poste de directeur de l’Opéra du Grand Avignon, Frédéric Roels a pris cette place ce 1er septembre en remplacement de Pierre Guiral, devenu directeur artistique à l’auditorium du Thor. Tous deux se sont partagé la programmation de cette saison 2020-2021. La première partie à l’Opéra Confluence jusqu’au 31 décembre, Frédéric Roels signe la seconde partie dans la maison de la place de l’Horloge avec de nouvelles couleurs plus germaniques ou anglo-saxonnes.
Le bruit des marteaux piqueurs le dérangent, ils proviennent de l’Opéra en cours de travaux. « C’est difficile de se concentrer. Mais c’est pour la bonne cause », commente Frédéric Roels, directeur depuis ce 1er septembre de l’Opéra du Grand-Avignon. Autour de lui, des murs blancs à l’exception d’un tableau laissé par son prédécesseur Pierre Guiral. Il n’est pas accroché, simplement posé contre un meuble. On se demande s’il est prêt à partir ou prêt prendre une place sur le mur : «C’est parce que nous devons bientôt déménager. Mais de toute façon, ce sera sobre. Là aussi, je ne souhaite pas être perturbé par des images. C’est important d’être efficace et concentré sur toutes les tâches à mener, d’avoir l’esprit libre. La décoration de mon bureau sera légère et sobre. » Des murs sans obstacles sur le regard donne une notion d’immensité. A l’image de la marche ou de la voile qui sont ses deux hobbies quand il n’est pas accaparé par les gestions de sa maison opératique.
Il bénit les tutelles de l’opéra avignonnais de l’avoir nommé en décembre 2019 : « Cela m’a permis de passer six mois avec mon prédécesseur. C’est vrai qu’en arrivant on accepte un héritage et l’histoire de cette maison. On a deux regards, celui d‘avant et celui d’après, même si l’après tient compte de l’histoire du lieu et de ses spécificités. » Si preuve en est, Pierre Guiral, à qui il a succédé, assume la première partie de cette saison 2020-2021 et Frédéric Roels signe la seconde : « Qu’il est placé Le Messie du peuple chauve, une création d’Eric Breton, c’est très bien. Il est important de laisser de la place au compositeur actuel et de proposer des œuvres qui parlent d’aujourd’hui. Tout en sachant que le public se déplace moins et que ce n’est pas facile pour un nouveau spectacle de partir en tournée, elle est souvent peu jouer. Je ne crois pas que le public s’éduque et je n’ai pas les qualités de pédagogue. Le public est assez grand pour faire ses choix, mais il faut lui donner des explications, organiser des conférences et des rencontres avec les artistes. Le directeur peut apporter de la nouveauté sans être didactique.»
Il estime aussi que la transition doit se faire le plus rapidement possible : « En tenant compte de la temporalité humaine et administrative. »
Tous ceux qui s’intéressent à l’opéra auront noté que Frédéric Roels imprime déjà sa marque en mettant à l’affiche des couleurs germaniques ou anglo-saxonnes : « Avignon est connu pour défendre le répertoire français et italien. Je pensais qu’il était important de présenter des ouvrages comme Le chevalier à la rose de Richard Strauss, qui n’avait pas été donné. C’est un immense compositeur. » Lui-même fait aussi de la mise en scène, d’ailleurs il adaptera Don Giovanni de Mozart, cette saison. La mise en scène est venue à lui comme ça, dit-il : « J’avais fait de la musique et du théâtre, mais je n’avais aucun don. J’ai continué en amateur. Je voulais devenir astrophysicien. Après une année de physique à l’université, je suis revenu au théâtre. Astrophysicien ou le monde du spectacle, je suis toujours avec les stars… »
Même si le metteur en scène est plus dans l’ombre que les artistes sur scène, la communication a changé avec les réseaux sociaux comme fenêtre sur l’extérieur. Il suffit de mesurer combien les artistes sont actifs sur les plateformes numériques : « Cette place est importante. Aujourd’hui la Culture est en concurrence avec d’autres loisirs. Utiliser les réseaux sociaux est une façon de montrer que l’opéra existe et qu’il est vivant. C’est vrai que tous sommes sollicités de toutes parts. Communiquer sur l’opéra c’est aussi évoquer une rencontre entre des artistes et le public ce qu’aucun écran de télévision ou d’ordinateur ne peut remplacer. »
Ce qui touche et peine actuellement Frédéric Roels ce sont les coups de téléphone qu’il reçoit d’artistes ou réalisateurs : « Cette crise met en difficulté les jeunes, mais aussi d’autres qui avaient un nom. Je reçois des appels de metteurs en scène ou de chefs d’orchestre qui avaient trois ou quatre productions par an et qui se retrouvent sans rien pour les deux années à venir. Certains sont des amis et pour moi c’est dramatique d’entendre ça. Je garde les contacts au cas où il y aurait des imprévus en cours de saison. »
Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon