L’Opéra Confluence du Grand-Avignon passe à la danse dimanche 1er novembre en accueillant la compagnie de Mourad Merzouki. Alors que la troupe dansera “Folia”, Marjorie Hannoteaux sera dans les coulisses. Depuis 12 ans, elle est devenue assistante du chorégraphe. Elle a cessé de danser, quittant la lumière du plateau pour l’ombre des répétitions et des préparations. Avec bonheur.

Marjorie Hannoteaux, danseuse

Marjorie Hannoteaux a quitté les feux de la rampe pour l’ombre des coulisses et des répétitions.

On le sait la carrière de danseuse s’arrête tôt. Souvent quand le corps le décide, parfois quand la tête donne des indications. La lecture du panégyrique de Marjorie Hannoteaux est éloquente, elle a dansé au sein des compagnies les plus connues, avec les noms prestigieux de la chorégraphie. On pourrait penser qu’il est difficile de se dire que tout s’arrêtera quand on a été adulé par le public et qu’il faudra se recycler bien qu’on ait grandi avec les lumières dans le visage et que derrière l’ombre de la salle applaudit le public. Difficile d’accepter qu’un jour le scénario d’un rêve d’enfant doit s’arrêter parce que le corps soumis à des heures et des heures de contrainte l’impose.

Marjorie Hannoteaux, danseuse et depuis 12 ans assistante de Mourad Merzouki au Centre chorégraphique de Créteil.

La compagnie Mourad Merzouki sera sur le plateau de l’Opéra Confluence à Avignon, ce dimanche 1er novembre. Au sein de cette compagnie et du centre chorégraphique national de Créteil, Marjorie Hannoteaux a déposé son costume de scène pour glisser dans les coulisses comme assistante. Un choix volontaire alors qu’elle a cessé de danser depuis deux ans, bien qu’elle puisse encore continuer car son corps lui permet. En plus, des projets lui étaient soumis : « Je suis devenue une femme de l’ombre et je n’avais pas l’ambition de diriger une compagnie. A côté de mon rôle d’assistante, je conduis mes propres projets, je chorégraphie et ça me plaît. Là, la compagnie attend un second assistant, ce qui me permettra de disposer d’un peu plus de liberté. A l’Opéra de Paris, la retraite est à 42 ans, j’ai arrêté il y a deux ans, à 45 ans. J’avais peut-être moins envie, même si je pouvais encore danser. Avec l’âge, il faut plus de travail pour obtenir la même exigence et conserver ses qualités. La danse, en fait, est venue à moi. Si on me propose quelque chose de bien, je pourrais me relancer. Je m’en sens capable.  Dans un duo par exemple, pas dans un solo. J’aime bien le moment du partage.»

Marjorie Hannoteaux regarde l’évolution de son art, elle apprécie le nouveau regard des chorégraphes : « Nous ne sommes plus dans le travail de Merce Cunnigham ou Martha Graham. La tendance de la danse, aujourd’hui, est de retrouver des gestes du quotidien. On voit que la danse répond aussi à des modes et qu’elle se renouvelle.»

Marjorie Hannoteaux imagine aussi que l’avenir de son art peut être transversal : « Ça existe déjà avec la peinture associée à la danse ou au mapping. Je suis éclectique et je peux être puriste avec les formes classiques. J’aime voir des ballets et j’apprécie la technique. »

Marjorie Hannoteaux fait référence au hip-hop d’où vient Mourad Merzouki son directeur : « C’est que c’est virtuose. Au départ, c’est une danse de rue très démonstrative mais elle a sa place dans les théâtres, car la danse c’est aussi de l’émotion et le hip-hop mélange performance et émotion. C’est une quête absolue. »

Ce qui a changé pour elle en laissant son costume de scène, c’est de se sentir un rouage au croisement des divers départements d’une compagnie : « Quand je dansais j’étais moins concernée par le fonctionnement d’une compagnie. Aujourd’hui je suis plus en relation avec la technique, l’administratif. Quand on a voulu remonter “Vertikal”, on a eu cinq jours de montage. J’ai dit au danseur : Croyez-vous que ça s’est fait en une matinée à dix personnes ? Peu de danseurs étaient conscients de la charge de travail avant des répétitions. »

 

Bruno ALBERRO

 

Où rencontrer Marjorie Hannoteaux ?

  • Le dimanche 1er novembre à 16h30 à l’Opéra Confluence, comme assistante dans Folia de Mourad Merzouki ;
  • Le 7 novembre à Roubaix ;
  • Le 16 novembre à Compiègne ;

Renseignement au Centre chorégraphique national de Créteil