Il a rendu sa baguette un peu plus vite que prévu, avec une fin de saison amputée pour cause de pandémie. Samuel Jean a délaissé son pupitre de chef d’orchestre à Avignon où il était le premier chef invité depuis sept ans. Un départ longuement annoncé par le directeur musical qui voulait vivre autre chose. Depuis le 1er septembre, Debora Waldman a pris sa suite avec comme cadeau dans sa corbeille : le label Orchestre national en région. Il dirigera la création d’Eric Breton : Le Messie du Peuple chauve, diffusé vendredi 20 novembre sur la chaîne YouTube du Grand-Avignon.

On connaît l’histoire de Moïse, sauvé des eaux. Il fait sortir les Hébreux d’Égypte, les amène à la porte d’Israël, mais il meurt avant de goûter au bonheur  d’accéder à la Terre promise. Bien sûr, Samuel Jean n’est pas mort en quittant Avignon. Et ça n’aurait pas été dit ainsi. Mais l’image du prophète vient quand on sait qu’il a laissé le pupitre de directeur musical comme chef invité de l’Orchestre régional Avignon-Provence, alors que quelques jours après les valises faites, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, annonçait que le label Orchestre national en région était décerné à la phalange avignonnaise. Lui qui a œuvré avec son directeur Philippe Grison pour faire reconnaître l’ensemble Mozart par la tutelle de l’État pourrait se sentir surpris de ne pas avoir bénéficier de cette récompense : « Je ne le prends pas comme ça. Ce n’est pas un problème. Et puis, je vais revenir à Avignon comme invité. Je préfère retenir le plaisir des 300 concerts que j’ai dirigés, dont beaucoup d’opéras. Je retiens aussi tout le travail accompli. »

Il ne craint pas non plus de voir son travail ou sa vision de l’orchestre retouché par celle qui lui a succédé : « C’est la règle, chacun a sa personnalité et sa façon de lire une partition et de faire traduire par les musiciens ses attentes. »

L’avenir de Samuel Jean sera dans la musique. Il annonce qu’il se partagera entre la direction d’orchestre et le piano qui est son premier amour : « Pendant que je dirigeais l’orchestre, j’ai entretenu ma technique au piano. J’ai des possibilités de donner des concerts comme soliste. Je vais aussi me poser avec ma famille car pendant toutes ses années j’étais absent sept à huit mois par an. Je connais bien les lignes de train entre Avignon et Pau. »

S’il a un souhait, voire une certitude, c’est qu’il ne veut pas être catalogué dans un genre ou un autre : « Je préfère répondre à toute sorte de projet. J’aime l’éclectisme et surtout ne pas avoir d’étiquette. Quelle qu’elle soit. Je n’ai pas envie qu’on me classe chez Mozart, le baroque ou la musique contemporaine. Ce n’est pas grave si c’est à contre-courant de notre société actuelle. »

Bruno ALBERRO

 

Où voir diriger Samuel Jean ?

  • Le vendredi 20 novembre à 20h30 diffusé sur le chaîne YouTube du GrandAvignon “Le Messie du peuple chauve”, opéra d’Eric Breton, dirigé par Samuel Jean. Avec Chloé Chaume, Marie Katiline, Lydia Mayo, Pierre-Antoine Chaumien, Adrien Djouadou, Laurent Deleuil, l’Orchestre national Avignon-Provence, le Chœur, le Ballet et la maîtrise de l’Opéra du Grand-Avignon ;
  • Les 15 et 16 mai à Avignon à l’église des Carmes dans Missa Solemnis de Beethoven ;
  • En 2021-2022, à Avignon dans Madama Butterfly de Puccini.

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon