Il faut prêter l’oreille pour percevoir une pointe d’accent de l’Europe de l’est. Comme une pointe de couleur vient rehausser un tableau pour mettre en valeur une abstraction ou un reflet. Son nom lui ne laisse planer aucun doute et rappelle la Pologne : Basha Slavinska. L’autre branche pour sa naissance est hongroise. Elle est arrivée en France avec son accordéon sous le bras, poursuivre des études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Elle glisse que c’est un retour au pays, puisqu’elle est née en France.

L’accordéoniste Basha Slavinska défend son instrument en transcrivant les pièces du répertoire. Photo B.S.
Un enfant vous cite la liste innombrable des métiers qu’il voudrait faire, sans lien apparent ou du moins on le croit, mais en étudiant de plus près, cette litanie définit sa personnalité. L’accordéoniste classique, Basha Slavinska, est de cette veine, elle énonce tous ses projets qui vont de l’écriture d’un scénario de cinéma ; à interpréter ses chansons pop, dont elle écrit paroles et musique, qu’elle compose au piano ; ou exposer ses dessins ou encore avoir sa ligne de vêtements. C’est ainsi quand de nombreuses dispositions s’offrent à vous. Elle vous dit bien qu’elle n’a pas de dons pour les maths, comme pour excuser les bonnes fées qui ont mis autant de talent dans un même berceau.
En attendant, elle cultive son art pour la musique avec l’accordéon classique. Son nom a des couleurs slave, il est vrai qu’elle a grandi en Pologne. Ses parents se partagent entre les plaines de la Vistule et celle du Danube en Hongrie. Si hasard il y a, il a fait en sorte que Basha Slavinska naisse en France : « C’est là où mes parents se sont rencontrés. Ma mère était artiste. Elle a souhaité me faire découvrir beaucoup de formes comme la danse, mais la danse commençait à dix ans, alors avant j’ai appris le piano, j’ai fait du dessin aussi, du théâtre, de la gymnastique. J’ai des prédispositions pour la création. Après avoir essayé tout ça, on peut dire que la musique s’est imposée à moi. »
Ne lui dites pas que l’accordéon semble désuet, elle rétorquera que son instrument est assez contemporain : « Il offre un répertoire moderne. En France, il est associé au musette. J’ai rencontré Richard Galliano, je joue ses compositions aussi. » Elle cite aussi des interprètes russes de son instrument peu connus en France. Le premier nom qui lui vient à l’esprit est Yuri Shishkin. Qui dit accordéon pense Piazzolla. Eh, bien ! Non. Pas avec Basha Slavinska : « Non, je ne le joue pas, je joue de la musique classique : Chopin, Tchaïkovski, Beethoven… Le public n’a pas l’habitude, il peut être surpris d’écouter un accordéoniste virtuose. A la fin du concert, il vient exprimer sa chaleur. Ça change de ne pas jouer la même chose. Je joue plutôt en soliste, parfois en duo avec un violoncelle, cet instrument sonne très bien avec l’accordéon. Je découvre depuis quelques temps la musique de chambre.»

L’accordéoniste Basha Slavinska nourrit sa vie de tous les arts. La réalisation d’un film, créer sa ligne de vêtements sont dans ses projets. Photo B.S.
Le projet qu’elle a en tête est d’enregistrer un disque Chopin : « Ce serait des transcriptions. Chopin fait le lien entre la France et la Pologne, comme je le fais aussi. J’ai trouvé mon créneau avec ces transcriptions du répertoire du piano ou violon. »
D’aucuns se satisferaient de s’être découvert un talent et d’en vivre, de le partager sur scène comme artiste. Basha Slavinska philosophe sur son enfance, joue les psychologues quand c’est nécessaire à la discussion. Elle alimente sa musique d’autres nourritures artistiques : « J’ai gardé ce côté artistique. J’aime travailler dans l’effort et la douleur, je suis perfectionniste et j’ai besoin de me surpasser. Je dessine des collections de mode. J’aimerais avoir ma ligne de vêtements. » La vie est un tout, Basha Slavinska le rappelle. Toute cette résurgence artistique l’aide à passer cette période singulière : « La littérature, la chanson, le dessin, les promenades dans la nature m’aident à jouer de l’accordéon. Tout est complémentaire. On pourrait penser à une dispersion, mais chaque chose me permet de m’exprimer et de dessiner ma personnalité, d’exprimer des émotions et mes états d’esprit. Toutes ces choses que nous faisons sont les reflets de chacun d’entre nous. Là où on vit, mais aussi la façon de nous habiller donne l’image de notre personnalité.»
Une personnalité pour Basha Slavinska quelque peu perturbée par son retour en France, à la fois terre natale et terre étrangère : « Ce n’est pas évident de changer de pays, on trouve une autre culture et j’avais de la chance de parler français. Parfois, je me sens seule. »
La musique est son refuge ? Sans nul doute : « Même si des fois, c’est dur de jouer pour soi sans but réel. En période de concerts, c’est différent. Mais je n’aurais pas le temps de faire toutes ces choses que j’aime. »
Photo crédit Jean François Chassaing
La vidéo de Basha Slavinska
Où entendre Basha Slavinska ?
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Le 14 mai 2021 au Festival Eure poétique&Musical
Renseignement à Basha Slavinska