Pour le label Indésens,  François Daudet au piano et David Louwerse au violoncelle viennent de graver Méditation, un CD qui laisse place à quatre compositeurs russes : Tchaïkovski, Scriabine et Rachmaninov, afin d’encadrer “Méditation sur deux thèmes de la Journée de l’existence” d’Yvan Wyschnegrasky, point d’orgue de cet opus. Une occasion de découvrir ce compositeur à qui le duo rend ses lettres de noblesse.

Entre Paris et Ault dans la Baie de Somme, le violoncelliste David Louwerse s’enrichit. Certes ses racines sont picardes mais le cœur aussi. C’est même là, dans la baie de Somme, où il se retrouve en créant un festival de musique qu’il a appelé “Ault en musiques”, organisé le premier week-end de juillet : « C’est une localité où j’habite. J’aime beaucoup cette région préservée, peu construite. Je ne suis pas chasseur mais j’aime aller dans ces huttes pour observer la nature sauvage. Certaines sont tout confort, c’est incroyable. Pour moi qui habite Paris, qui suis amené à voyager, c’est un point d’ancrage, avec l’avantage que c’est à 2h30 de Paris. »

David Louwerse et François Daudet ont gravé Méditation pour le label Indésens

David Louwerse et François Daudet ont gravé Méditation pour le label Indésens

Comme beaucoup David Louwerse a vécu, ou vit le confinement sous différentes formes, il explique que deux choses ont nourri cette phase de vie inattendue : « Il y a eu d’abord ce moment d’introspection et de solitude pour travailler son instrument. J’avais en projet de jouer les suites de Bach dans l’été, j’ai eu le temps de réfléchir à l’interprétation. Cette période a donné envie de monter des projets. Ça a du sens si on est avec d’autres musiciens, on se soutient mutuellement et on crée une énergie. Si on n’a pas cette énergie, la solitude finit par peser. C’est la rencontre avec d’autres musiciens ou avec le public qui nourrit cette énergie nécessaire. On peut espérer que tout reviendra normalement pour la saison 2021-2022.»

Ce qui l’amène à dire une phrase cent fois répétée par tous les artistes, quelle que soit leur discipline : le spectacle vivant est précieux, comme peut l’être la présence du public : « C’est un moment de partage et on s’en rend de plus en plus compte. On a aussi l’impression que tout le monde est dans sa bulle. »

David Louwerse n’est pas du genre à épancher ses états d’âme sur le sujet, néanmoins il a une conscience des événements et de ses conséquences sur le  spectacle vivant, pour avoir vécu l’été dernier l’organisation de son festival et permis néanmoins et sans incident l’accueil du public : « La situation est compliquée. Mais on peut se poser la question, pourquoi on ne peut pas aller au théâtre, alors que les conditions sanitaires sont respectées ; et qu’on voit beaucoup de monde dans les grandes surfaces, dans un espace restreint. Les responsables de festival et de salle de spectacles ont été très respectueux des consignes sanitaires. Au festival “Ault en musiques”, nous avions limité le nombre de places, on recevait sur réservation, nous avions les noms des spectateurs. Quand le nombre était atteint, même trois ou quatre jours avant, on arrêtait d’inscrire les gens. »

David Souwerse a d’autres facettes, celle aussi de défendre les nouvelles littératures : « Rostropovitch disait que la responsabilité d’un interprète était de jouer les compositeurs de son temps. On peut être surpris en découvrant certains textes. Sans rentrer dans des certitudes mais nous avons besoin des compositeurs et eux ont besoin de nous. Je rappelle cet exemple d’un quatuor de Beethoven où le violoncelliste avait piétiné la partition car il la trouvait innommable. »

Avec ce nouveau disque, David Louwerse s’est penché sur l’écriture d’Yvan Wychnegrasky : « J’ai eu la chance de rencontrer un de ses élèves. On a entouré ses Méditations… avec une pièce de Tchaïkovski qui est apparue dans un livre d’Andreï Makine. C’est une ambiance très nostalgique. L’âme slave traduit bien cette nostalgie et cette mélancolie. »

On parle souvent d’école française du violoncelle, d’aucuns évoquent plutôt une tradition française de cet instrument. David Louwerse est plus mitigé dans sa réflexion : « C’est moins vrai depuis quelques générations. Le violoncelle français a laissé place à quelque chose de plus cosmopolite et ça interfère sur les jeux. Mais on peut dire qu’il y a un fonds français, un type d’interprétation. Avec un son assez clair, assez cérébral. C’est un son qui nous correspond. Mais chacun doit trouver sa sonorité et pourquoi pas garder le son de son professeur tout en trouvant sa propre voie, même si c’est celle indiquée par son professeur. Ça a du sens. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement David Louwerse

Le Coin CD

David Louwerse et Francois-Daudet-ont-grave-Meditation pour-le-label-Indesens

David Louwerse et François Daudet ont gravé Méditation pour le label Indésens.

David Louwerse et François Daudet ont sorti Méditation pour le label Indésens. Cet opus est une compilation de pièces de compositeurs russes. Dans l’ordre d’écoute on peut écouter Autumn song extrait de The seasons opus 37 de Tchaïkovski (1840-1893), cet ensemble ne recouvre pas quatre saisons mais bien les douze mois de l’année, Les deux interprètes ont détaché là le mois d’octobre. Suivent les études n°1 et n°11 et une romance de Scriabine (1872-1915) ; Méditation sur deux thèmes de la Journée de l’existence de Wyschnegrasky (1893-1979) ; le sonate en trois mouvements en sol mineur de Rachmanivov (1873-1943). Pour clore cette écoute aux couleurs nostalgique, la dixième plage abrite Vocalise de Rachmaninov.

Renseignement label Indésens