En 2010, les Victoires de la musique classique l’avaient consacré ; en 2020, le pianiste Cyril Huvé a signé pour le label Calliope Records, un nouvel opus consacré à Beethoven, interprété sur un piano-forte d’époque.

Le pianiste Cyril Huvé a ouvert la Grange aux pianos où il organise des concerts. Photo crédit Philippe-Le-Faure-
Le pianiste Cyril Huvé vient de sortir un double CD pour le label Calliope records. Il l’a consacré à Beethoven, à l’occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur. Sur piano-forte. Il assure que ce n’est pas le choix de l’instrument qui le satisfasse ou pas. L’important, c’est le résultat, martèle le pianiste Cyril Huvé, Victoire de la musique classique en 2010 pour un opus réservé à Mendelssohn, il vient de sortir un double CD consacré à Beethoven qu’il interprète là-encore sur piano-forte (NDLR : des Viennois Mathias Müller de 1810, Conrad Graf de 1827 et un Johannes Schanz de 1818) : « Sans se demander sur quel type d’instrument on va jouer, que ce soit un piano moderne ou un piano-forte d’époque. Le piano est un instrument très répandu, on en connaît une forme alors qu’il en a plusieurs. On a souvent tendance à focaliser sur l’instrument ; on songe à Beethoven qui n’a pas connu les pianos modernes. Il faut trouver la qualité sonore qui est la sienne. On gagne d’un côté et on perd de l’autre. Avec un instrument ancien, la qualité est plus fragile car l’instrument peut avoir des manques dans les aigus, on a plus de basses. Il ne faut pas déséquilibrer l’ensemble. Au cours de l’enregistrement, on peut reprendre. On commence une première fois en jouant l’œuvre en entier. Après, on écoute ce que l’on a enregistré et ensuite on peut améliorer, jusqu’à la qualité de son souhaité.»
Le piano-forte utilisé par Cyril Huvé était accordé au diapason 430, aujourd’hui on utilise communément le la à 440, voire 442 : « En fait, c’est un quart de ton de moins du diapason actuel. Avant Bach, le diapason était différent selon les régions. Beethoven et Mozart jouaient sur des piano-forte à 430, Liszt à 435, Ravel à 440 pour obtenir plus de brillant. Les violons de l’orchestre sont à 442 pour qu’ils puissent passer au-dessus de l’orchestre depuis que la puissance des cuivres a augmenté. Mais jouer sur des instruments d’époque à 440, ce ne serait pas possible car ce n’est pas sûr que les cordes ne casseraient pas.»
Il relève que cette augmentation des fréquences n’est pas sans conséquences pour les chanteurs : « Si le diapason monte, le chanteur doit aller plus dans les aigus. Pour eux, chanter risque de devenir plus sportif que les Jeux Olympiques. »

Pour le label Calliope Records, le pianiste Cyril Huvé a sorti un double CD consacré à Beethoven.
S’il se réjouit de la sortie de ce nouvel opus, Cyril Huvé s’interroge : « J’aime bien l’objet. La question que je me pose sur les enregistrements. Le disque à peine sorti est aussi sur les plateformes numériques. Aujourd’hui, est-ce qu’on ne devrait pas enregistrer des vidéos ? Capter des œuvres filmés comme Glenn Gould en son temps. »
Attirer un autre public vers la musique classique, Cyril Huvé l’a expérimenté en jouant à mi-temps d’un match de la Berrichonne de Châteauroux : « A l’époque, le président avait imaginé les Mi-temps classiques, en invitant des musiciens. On jouait quinze minutes devant 8000 spectateurs. Et ce public restait à sa place pour écouter. Il était scotché. »
Pour saisir aussi un public en recherche de singularité, Cyril Huvé a ouvert dans sa maison à Chassignolles, dans l’Indre, La Grange aux pianos qui dispose d’une salle de 300 places, pour y donner des concerts et accueillir des artistes de notoriétés différentes. L’été passé étaient programmés comme têtes d’affiches des Philippe Cassart, piano ; David Grimal, violon, Anne Gastinel, violoncelle ou encore le pianiste Jean-Philippe Collard.
Renseignement à Cyril Huvé