La soprano Caroline Mutel chantera deux fois à Avignon cette saison. Le premier rendez-vous est affiché le 27 décembre à l’Opéra Confluence, dans “La Veuve joyeuse” de Franz Lehár, pour les fêtes de fin d’année. Ce spectacle sera diffusée le 31 décembre à 20h30. Elle sera de retour dans la cité des papes ce 24 janvier où elle est invitée au festival Musique baroque en Avignon avec l’ensemble Les Nouveaux caractères.

Elle croise les doigts de pouvoir à nouveau fouler une scène. Et son retour en production, la soprano Caroline Mutel devrait le faire à l’Opéra Confluence du Grand-Avignon  les 27 décembre pour une diffusion le 31 décembre, de La Veuve joyeuse de Franz Lehár. De quoi lui donner du baume au cœur après quelques mois de disette : « C’est plus que du bonheur ; chanter pour moi, c’est comme l’air qu’on respire, chanter c’est vital. J’ai passé ces six derniers mois en apnée. Chanter, c’est le souffle et j’ai dû retenir mon souffle. Et pour moi revenir à Avignon, c’est une histoire de vie d’artiste, pour le lieu, le public et la ville. Je me dis que ce n’est pas un hasard si pour ma première production de l’année, c’est à Avignon. En février, ce sera différent, je reviens avec l’ensemble Les Nouveaux Caractères, dans un spectacle Couperin. » Dans le cadre du festival Musique baroque en Avignon.

Avignon : Rencontre avec Caroline Mutel : soprano

Avignon : Rencontre avec Caroline Mutel : soprano

Au cours de cette parenthèse, elle a chanté tous les jours, comme un défi relevé pour contrecarrer le sort et la situation sanitaire : « J’ai mesuré à quel point c’est grave d’être privé de culture. Au cours de ces derniers mois, je me suis posé beaucoup de questions, sur la maladie, les gestions de cette pandémie, ses conséquences, le rôle et la place de l’artiste dans la société. »

Cette réflexion signifierait-elle que l’artiste est plus ancré aujourd’hui qu’auparavant dans la réalité de la société, plus citoyen ? La réponse de Caroline Mutel ne se fait pas attendre : « Nous sommes à l’affût des décisions prises. L’âge d’or était la génération avant moi. Avec des artistes plus show-biz, plus commerciaux, plus de marketing, avec des théâtres privés. C’était une autre ère. Mais la culture est en train de se transformer et pour les financements aussi c’est en train de changer. Il faudra sans doute que les artistes pensent la diffusion de la culture autrement. Je ne peux pas imaginer qu’il n’y ait pas de changement. En France, nous avons de la chance d’avoir ce statut d’intermittent. Il y a encore des choses à améliorer.» Caroline Mutel se dit inquiète pour les trois ou quatre ans à venir. Elle craint aussi que des lieux et festivals, liés au tourisme ne rouvrent pas ou plus, pour cause de découragement.

Le nom de Caroline Mutel s’affiche comme chanteuse, Dans le répertoire baroque, dans les opérettes ou l’opéra. Aussi comme metteur en scène. De passer de l’autre côté de la scène lui offre une vision plus globale du spectacle. Et ça lui sied, comme chanteuse déjà : « J’ai fait des études théâtre et chant et j’ai eu la chance de travailler avec Antoine Vitez. Avant, comme chanteuse lyrique, je pensais mon rôle, alors qu’aujourd’hui je le pense en relation avec les autres personnages. Les choses se font ainsi au fil de l’eau. J’aime bien aussi associer d’autres formes, j’ai un projet avec des chanteurs et des circassiens. » Pour la soprano, tous ces passerelles artistiques la nourrissent.

Sans savoir quand les choses se feront : « C’est difficile de se positionner. Des concerts annulés sont devenus des concerts reportés, ce qui fait qu’il sera difficile de placer de nouvelles créations dans les prochains ou les prochaines années. Il faudrait qu’elles trouvent leur place. Je me pose beaucoup de questions, il faudra sans doute qu’on réinvente notre vie de saltimbanque. Quand je pense que des amis musiciens revendent leurs instruments  car ils n’arrivent plus à payer leur loyer… C’est un effondrement dans leur vie. Je crains que les choses ne soit plus comme avant. »

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Caroline Mutel ?

  • Le 31 décembre à 20h30 dans La Veuve joyeuse de Franz Lehár diffusée sur la chaîne YouTube de l’Opéra Confluence du Grand-Avignon, la chanteuse est dirigée  par Benjamin Pionnier, dans une mise en scène de Fanny Gioria. Avec Erminie Blondel ; Philippe-Nicolas Martin ; Francis Dudziak, Samy Camps, Baptiste Joumier, Pierre-Emmanuel Roubet et Jean-François Baron ; l’Orchestre national Avignon-Provence et les Chœur et Ballet de l’Opéra du Grand-Avignon.
  • Le dimanche 24 janvier à 18 heures, au conservatoire du Grand-Avignon invitée par Musique baroque en Avignon, avec Les Nouveaux Caractères, sous la direction de Sébastien d’Hérin dans Les leçons de ténèbres de Couperin. Avec Chantal Santon-Jeffery ; Martin Bauer, viole de gambe et Hager Hanana, violoncelle.

Renseignement à Caroline Mutel