Dans quelques mois, Diane Belogou fêtera ses trente ans comme réalisateur de décors ou de costumes, tant pour l’opéra que pour le théâtre. Trois décennies qui lui permettent de mesurer l’évolution de son métier et le passage d’une époque à une autre. Il lui plaît à voir l’arrivée de l’image projetée et d’une nouvelle génération de mise en scène.
Il y a quelques jours, il s’est rendu au Capitole de Toulouse pour présenter les maquettes de costumes qui habilleront les personnages de Wozzeck, l’opéra d’Alban Berg qui devrait être à l’affiche en octobre 2021. Calcul ou hasard, cette production sera donnée pour le bicentenaire du fait-divers qui a inspiré son auteur.
A nouveau, donc, l’agenda de Diane Belogou frémit : « Pour nous les réalisateurs, c’est différent des artistes lyriques ou des musiciens, nous connaissons nos proposition à trois ou quatre ans. Donc tous les reports sont décalés d’autant. Par exemple, une production des Pêcheurs de perles qui était prévue au printemps, a été reportée en 2023. »
Dire qu’il ne voit pas un retour à la situation normale avant quelques temps est un doux euphémisme.
En 2021, cela fera trente ans que Diane Belogou est dans le métier, il en vu l’évolution et analyse qu’on arrive à la fin d’un cycle avec les décors minimalistes, et des personnages habillés en fringues de marque : « Quand j’ai commencé à l’opéra bastille, j’avais 25 ans. La génération des metteurs en scène avait 60-70 ans. Cette mouvance travaillait dans le costume historique, j’ai vu cette génération disparaitre. Puis est arrivé Patrice Chéreau qui a révolutionné les codes, en habillant les acteurs en pull et pantalon noir. Beaucoup de nouveaux metteurs en scène l’ont copié. Le métier qui m’a fait rêver a disparu. Cette vague a maintenant 60 ou 70 ans, ça fait ringard de monter des productions comme dans les années 80. La plupart des gens pensent que c’est une question de coûts de production, mais ce n’est pas vrai. Les costumiers, les techniciens, les habilleurs sont payés de la même façon qu’ils fassent des habits usuels ou des costumes d’époque. Il monte de jeunes metteurs en scène qui sont plus dans le heroic fantaisy, un peu gothique, ils sont biberonnés à cet univers un peu fantastique, un peu historique. C’est très intéressant. Je souhaite que les directeurs d’opéra défendent ces nouveaux metteurs en scène, car il faut les encourager, ils ont autre chose à proposer.»
Plus dans la vidéo aussi ? « La vidéo c’est comme l’électricité, il est difficile de s’en passer. Ça permet de travailler sur le décor, d’avoir une profondeur qu’on n’a pas avec un décor fixe. Et maintenant les prix de la vidéo sont moins élevés. Mais, c’est son emploi qui est important. Est-ce que la vidéo est un gadget ? ou Est-ce qu’elle permet de faire des choses hyper réalistes comme le propose Jean-Louis Grinda.
Diane Belogou glisse qu’il a participé à deux créations dont “Parents terribles” de Philippe Glas : « C’est intéressant de travailler avec le compositeur. Mais souvent le metteur en scène n’aime pas avoir le compositeur à côté de lui. Ils ne sont pas souvent d’accord pour l’interprétation des scènes et les intentions. Alors qu’on doit être au service du créateur de l’ouvrage.»
Il souligne qu’il a collaboré avec Michel Fau sur 28 productions : « J’apprécie sa rigueur à la lecture du livret et des didascalies. Toutes les intentions de mise en scène sont écrites. »
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Renseignement à Diane Belogou https://instagram.com/dbelugou?igshid=tqw68qn21rp2