Être enfant précoce et avoir de bons résultats scolaires n’attirent pas les amitiés, même enfantiles. Sarah Coin a vécu ce cloisonnement tant dans sa scolarité que dans l’apprentissage de la musique, créant ses premières œuvres quand d’autres petites filles jouent à la poupée. Si elle écrit, si elle enseigne, le chemin de la notoriété est jonché d’embûches.
La compositrice Sarah Coin est installée du côté de Montpellier.
Sarah Coin laisse chanter son accent du midi, cette musicalité sied à son métier : compositeur et donner des cours de piano. Passant de l’écriture à l’enseignement dans sa maison aménagée dans ce sens, pour recevoir ses élèves ou travailler. Elle aimerait un poste de professeur dans un conservatoire ou une école de musique, peut-être moins payé que dans le privé, mais plus stable et plus sûr : « Je fais parfois des remplacements au conservatoire ; dans le privé c’est mieux payé, mais ce sont aussi des contraintes, j’ai le piano dans le salon, je donne aussi des cours d’analyse musicale dans l’ancienne chambre de ma mère que j’ai transformée en bureau, elle serait fière. Là, je travaille aussi l’instrumentation pour un ami, pour une pièce religieuse. Il me chante l’air qu’il aimerait et j’en fais l’instrumentation. »
L’attirance pour la composition lui ai venu toute petite, avec de premières mélodies écrites avant même de connaître l’harmonie : « Je suis entrée au conservatoire pour apprendre l’harmonie à 13 ans alors que normalement c’est vers 17 ans. A 16 ans, j’avais composé une sonate et un Requiem. » Quand on lui demande si cette précocité lui a été utile et n’a pas grillé son enfance, Sarah Coin cite son père : « Il me disait qu’il n’avait pas de capital monnaie, alors il m’a donné du capital temps. »
Sarah Coin se produit en concert aussi. On pourra l’entendre à l’église des Dominicains à Montpellier en avril.
Une précocité qui a obligé son père aussi à déscolariser la petite à dix ans : « J’étais heureuse, car on ne se moquait plus de moi. A l’école beaucoup d’enfants ont été méchants. Et comme en plus j’étais la première de ma classe… Mon père me disait que ça valait le coup de sacrifier sa jeunesse pour avoir une vie plus belle après.»
Cette césure dans l’enfance l’a conduite à devenir indépendante, indépendante des autres, indépendante dans sa passion, indépendante dans son métier, dans sa musique, que ce soit comme compositeur, arrangeur et professeur. On pourrait penser que c’est facile, mais elle s’en défend : « C’est très difficile de vivre de ses compositions, car c’est difficile de se faire connaître. Normalement, le compositeur répond à des commandes. Mais souvent je n’attends pas, j’écris. Heureusement que je donne des cours, on vit mieux de l’enseignement que de la composition. Mon rêve serait d’être prix de Rome. »
Pourtant elle continue de se former, bien qu’elle possède un certificat de composition, un autre d’électro-acoustique de Toulouse et qu’elle a suivi deux ans d’école au Conservatoire à rayonnement régional de Montpellier en MAO (Musique assistée par ordinateur). A suivre ce parcours de composition à la MAO, on pourrait déduire que ses intérêts vont vers la musique de recherche. Il n’en est rien, assure-t-elle : « J’aime tous les genres : romantique, classique, néoromantique. La musique et les évolutions technologiques offrent des possibilités infinies. »
En ce moment sur sa table de travail, les portées se noircissent pour une œuvre pour deux pianos et un concerto pour piano et orchestre.
Sarah Coin joue aussi en concert, souvent avec des musiciens de l’Orchestre national de Montpellier, comme Isabelle Van Ginneken ou Dorota Anderszewska. Sarah Coin se produira le samedi 10 avril à l’église des Dominicains à Montpellier dans un programme de sonates pour piano et violon signées Mozart et Franck.
Les difficultés de ce métier ne lui font-elles pas regretter une enfance “normale” ? « Je suis restée rêveuse, ça vaut le coup. J’ai un adage : Être adulte, c’est resté fidèle à ses rêves d’enfant. »
