Les Musicales du Gagagne, présidée par Alain Simon devait accueillir en janvier dernier la pianiste Flore Merlin et le violoncelliste Raphaël Jouan. Au programme du duo, de la musique française puisée chez Vierne, Boulanger, Debussy ou Fauré. Le duo sera à la salle de l’Arbousière le samedi 5 juin à 19 heures.
Les Musicales de Gadagne continue d’avancer et d’espérer, en proposant leur premier rendez-vous de l’année du 3 au 6 juin avec quatre dates et cinq concerts. Le samedi 5 juin, l’association recevra le duo, composé de Flore Merlin au piano et de Raphaël Jouan au violoncelle. Le duo vient de sortir leur CD “Sérénade” sur lequel ils ont gravé des pièces de musique française. Cet opus a été gravé pour le label Initiale, dépendant du Conservatoire supérieur de musique de Paris.

Raphael Jouan était invité le 16 janvier dernier à France Musique.
Entre tradition et école française du violoncelle, Raphaël Jouan pense qu’il y a des deux : « Je n’ai eu que des professeurs géniaux. Nous avons en France une tradition mais on pourrait dire qu’il y a plusieurs écoles. Avec la mondialisation, on a tendance à avoir un son global. Je trouve dommage que les identités se perdent. Les identités se dissolvent et du coup les interprétations sont trop parfaites. Auparavant, on pouvait reconnaître un son, russe, français ou allemand. En France, c’était reconnaissable aux variétés de couleurs. Je suis favorable à ne pas perdre ces identités. »
Comme beaucoup de musiciens et d’artistes en général, ce retour sur scène, même incertain, satisfait Raphaël Jouan. Pourtant il n’est pas resté inactif et des projets l’ont aidé à traverser cette période de confinement. Un disque en duo et un autre gravé avec son trio Hélios l’ont aidé à passer au mieux cette année suspendue par cette pandémie ; elle a touché le monde économique, la culture ; et le spectacle vivant n’ont pas été épargnés. Il explique qu’avec les responsables du festival, si d’aventure le concert ne pouvait avoir lieu dimanche, ils ont quand même prévu un report au mois de juin dans un agenda sans visibilité : « La seule date, avec Flore, dont nous sommes sûres, c’est celle du 16 janvier où, avec Flore, nous sommes invités à l’émission Génération France Musique. Nous allons redonner ce concert prévu à Châteauneuf-de-Gadagne. »
Raphaël Jouan fait partie de ces gens qui relativisent face aux événements : « Je connais d’autres artistes pour qui c’est plus compliqué. Surtout les jeunes qui sortent d’école. Certains ne mangent pas à tous les repas, d’autres ne peuvent pas payer les loyers. Au cours de cette année, j’ai pu faire ces enregistrements ou suivre d’autres enregistrements faits il y a un an. J’ai donné également des concerts virtuels, j’ai pu faire des montages avec d’autres musiciens. C’est vrai qu’en voyant tous nos concerts annulés je me suis aussi posé des questions. Surtout au premier confinement qui était prolongé de semaine en semaine. »
Il glisse que les concerts virtuels ne remplacent pas un spectacle vivant : « Notre travail est à 99% personnel et se fait chez soi. Mais ça n’a pas le même sens si on prépare un concert ou si on travaille un répertoire. Ce qui est compliqué est de ne pas pouvoir se projeter. Pourtant il faut rester actif. »
Raphaël Jouan analyse que les conséquences de cette situation sanitaire peuvent être dramatique, même dans l’avenir : « Ce n’est pas sûr que tous les festivals puissent repartir. Et combien de salles privées vont tenir sans recettes ? Beaucoup de musiciens font aussi des renforts d’orchestre. Comme ces orchestres n’ont pas eu de recettes de billetterie, on peut s’attendre à ce que les programmations se fassent afin de présenter des ouvrages plus légers, avec donc moins de renforts, donc moins d’intermittents. »
Il glisse que néanmoins les artistes trouveront des solutions pour s’exprimer : « Les artistes se renouvellent en permanence. Ils vont développer des alternatives. Il faut qu’ils soient prêts à être souples. »
Si d’aucuns se concentrent sur les pièces du répertoire, certains même se réservent à la littérature d’aujourd’hui en défendant les compositeurs contemporains. Raphaël Jouan confie, lui, se pencher sur les musiques du monde et la musique baroque. Sans délaisser les littératures contemporaines : « Des amis se sont spécialisés pour cette musique. Pour ma part, j’en ai fait, mais ça prend beaucoup de temps. En musique le mot contemporain fait souvent peur. Alors faut-il en proposer au public ? Cela doit-il venir des artistes qui doivent défendre la musique de leur temps comme le disait Rostropovitch ? C’est un peu qui de la poule ou de l’œuf doit commencer. Souvent elle s’adresse à un public spécialisé. Mais si on donne un cadre aux auditeurs, s’ils ont des repères, si la construction de la pièce et si les intentions du compositeur sont expliquées, c’est souvent très apprécié du public. »
Photo crédit Marine Cessat
Où entendre Raphaël Jouan ?
- Le samedi 5 juin heures à la salle du parc de L’arbousière avec la pianiste Flore Merlin ;
Renseignement aux Musicales de Gadagne
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