Karine Laleu se partage entre ses vies : de comédienne et de metteur en scène. Elle se prépare aussi à devenir naturopathe. N’y voyez pas de décalage professionnel ou une reconversion. Elle dit que ses activités à la scène et protéger sa santé participent tous deux au bienfait du corps.

 « C’est mon histoire », résume Karine Laleu, quand on attire son attention sur l’écart qu’il y a entre ses activités de comédienne et de metteur en scène et devenir naturopathe. Depuis 2013, elle est directrice artistique de la Compagnie Art Om̐. : « Je ne  suis pas encore diplômée, je suis en formation. Pour moi, ces activités sont liées, elles participent toutes deux aux soins de la personne. Les soins du corps et de l’esprit, c’est avoir une vision globale de la personne. Ça me semble plutôt cohérent. C’est toujours intéressant d’être en décalage. Et puis, aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours mené des activités de front. Pour moi, c’est important, ça permet des respirations de passer d’une activité à une autre et l’une enrichit l’autre. »

Karine Laleu photo crédit Anne Dion

Karine Laleu a signé en 2018 la mise en scène de Candide de Bernstein. Photo crédit Anne Dion

Comme elle se partage entre Montpellier et Perpignan, elle fait référence à ces changements de casquette, en alternant metteur en scène et comédienne : «Le metteur en scène a une vision plus globale mais en étant moi-même comédienne, je sais à qui je m’adresse et comment diriger. Quand on est sur scène, on a tous en nous une part de nombrilisme et on a tous comme comédien un regard sur la mise en scène. En sachant tout ce que doit gérer le metteur en scène qu’il est souvent face à un vide, j’accepte comme comédienne de ne pas comprendre tout ce qui se passe sur le plateau. »

Quand on lui fait remarquer que le metteur en scène prend une part de plus en plus importante dans une production d’opéra, parfois même au détriment de la musique, Karine Laleu glisse que ce n’est pas nouveau : « La question s’est posée déjà dans les années 1980. On avait déjà ses interrogations entre le texte et le visuel. Aujourd’hui, il y a les lasers ou la vidéo. Je n’ai aucune idée de savoir comment les choses vont évoluer. Je sais par contre qu’on demande de plus en plus de choses aux chanteurs. Qu’ils soient plus acteurs. J’entends aussi les controverses comme quoi la mise en scène est au détriment de la musique. Mais quand on met en scène un opéra ou une pièce de théâtre c’est différent. La façon de travailler est différente et nous avons souvent peu de temps. Comme le théâtre, l’opéra raconte une histoire. Une histoire avec des clichés. La complexité avec des mises en scène décalée c’est de respecter le livret et la musique. C’est un peu un cliché de dire ça aujourd’hui, mais c’est la réalité, le metteur en scène est au service de l’œuvre et qu’on peut encore se renouveler. On voit bien au théâtre qu’on peut reprendre les classiques. On travaille avec les moyens dont nous disposons, mais j’ai choisi moi de travailler dans le spectacle vivant, pas au cinéma ou pour la télévision.  Le plus important, c’est l’humain. La question aujourd’hui est comment travailler son instrument en restant à la maison ? On peut penser que les survivants de cette période pousseront à nouveau les portes des théâtres.»

Si regret il y a dans les propos de Karine Laleu, c’est de voir le peu de renouveau du répertoire lyrique : « La France n’est plus une terre de création. Et le public français use de clichés pour ne pas se rendre à l’opéra, comme le prix des places. A tous les degrés où nous intervenons, nous avons tous une responsabilité par rapport à la démocratisation de l’opéra, classé encore comme élitiste. Le théâtre propose des créations et il est force de propositions avec de nouveaux textes. L’opéra conserve ce côté un peu snob alors que ça ne devrait pas être le cas, car la musique est là pour vous toucher. Il faut écouter avec le cœur et moins avec la tête.»

Karine Laleu construit deux projets en ce moment dont une reprise : « En 2018, nous avions réalisé Candide de Bernstein, d’après Voltaire, avec une mise en scène pour l’extérieur. Nous revisitons cette réalisation pour la jouer en salle. Nous allons aussi créer un opéra : Métronome de nos errances. Ce sera le 5e ouvrage d’Hélène Nicolas (NDLR son pseudonyme d’artiste est Babouillet). Cet opéra est une commande du compositeur Stéphane Leach. Bien sûr, en ce moment c’est en stand bye, car en plus, cette musique n’est pas enregistrée. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Muriel Despiau.

Renseignement à Karine Laleu