Beaucoup se sont mis sous les doigts de kinésithérapeute, de masseur, d’ostéopathe, voire de rebouteux pour se remettre d’une douleur physique ou la soulager. Céline Bouissou est devenu ergothérapeute, spécialisée dans la musique. A sa connaissance, ils sont peu nombreux en France, même elle serait seule, installée en Haute-Savoie.

Ergothérapeute des musiciens, quel drôle de nom pour une profession, mais elle existe pour venir au secours des instrumentistes qui souffrent de contraindre leur gestuelle dans des extrêmes et de façon répétée. C’est pourtant l’intitulé professionnel inscrit sur la plaque de Céline Bouissou, apposée à l’entrée de son cabinet  qu’elle a installé à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie. A son avis, elle est la seule en France dans cette spécialité.

Céline Bouissou est ergothérapeute de musiciens

Céline Bouissou est ergothérapeute de musiciens

Elle raconte que si elle exerce ce travail c’est un peu le hasard et que ce hasard fait suite à’une rencontre dans son Limousin natal : « Dans le cadre de mes études d’ergothérapeute j’ai rencontré un chirurgien et ce qui m’a donné envie de me spécialiser. » Elle ajoute qu’elle-même est pianiste en ayant suivi un cursus au conservatoire de Limoges : « Je ne me préparais pas à devenir musicien professionnel, mais maintenant je comprends les contraintes du corps à travailler un instrument plusieurs heures par jour. Et je ne pratique pas tous les instruments, je les connais assez pour les avoir étudiés pour comprendre comment intervenir, car une mauvaise position peut engendrer des douleurs physiques. Souvent les musiciens s’adressent à des kinésithérapeutes pour soulager les douleurs, mais ce n’est pas la même approche, ni le même travail. Les deux interventions peuvent être complémentaires. »

Elle explique que son intervention intervient le plus souvent quand le musicien constate que le son de son instrument est modifié : « Mon action peut être curative, mais elle peut être aussi préventive en adoptant directement la meilleure position sur l’instrument pour éviter plus tard des douleurs. Le musicien cherche à restituer le meilleur son et pour cela il doit faire attention au geste à éviter. Enfant, on ne se rend pas compte, les problèmes surviennent vers 17-18 ans et à cet âge c’est difficile de modifier ses habitudes. »

Céline Bouissou ne peut affirmer que tel instrument nécessite plus de précautions ou provoque plus de souffrances physiques : « On pourrait penser que les violonistes et les pianistes sont plus exposés. Ce qui apparaît dans les statistiques mais elles sont un peu faussée, car ce sont les instruments les plus enseignés et donc on a sur eux plus de données. »

Pour elle un des facteurs influant de notre vie moderne qui joue sur le corps et ses déformations c’est le stress : « Le stress peut provenir de plusieurs raisons. Il a surtout pour conséquences de se crisper et donc de se faire mal. C’est comme les sportifs qui s’entraînent, c’est mieux qu’ils soient relâcher que de travailler en ayant mal, donc il compense ; Pour le musicien, il compense aussi jusqu’à ce qu’il sache que le son s’affaiblit. Le médecin lui dit alors qu’il doit s’arrêter et se reposer. Mais si cette douleur est due à une mauvaise position, elle reviendra.»

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Céline Bouissou