L’Opéra de Marseille a décidé de diffuser Tosca de Puccini. La production est en répétition depuis le 18 janvier, dans une mise en scène de Louis Désiré. La captation est prévue dimanche 14 février. La basse belge Patrick Bolleire est de cette distribution. Depuis 2009, il vient régulièrement dans la cité phocéenne.

Patrick Bolleire vient à Marseille régulièrement depuis 2009.
La décision a été prise par la direction de l’Opéra de Marseille, Tosca, opéra de Puccini sera diffusé. La date reste à déterminer, la captation est prévue dimanche 14 février, dans l’après-midi. Depuis le 18 janvier, la distribution est réunie dans la cité phocéenne sous la direction de Louis Désiré qui signe cette mise en scène. Déjà l’opéra proche du Vieux-Port lui avait demandé en décembre de remplacer Leo Nucci pour imaginer La Bohème de Puccini.
Pour beaucoup une captation ne provoque pas les émotions d’une production en public, néanmoins la basse belge Patrick Bolleire se réjouit que cette Tosca puisse se jouer : « On ne le savait pas encore formellement il y a une semaine. Ce n’est pas un problème de préparation, car que ce soit en version publique ou enregistrée, le travail reste le même. Ce qui est pesant c’est de ne pas savoir si on jouera ou pas. »
Il se pose la question d’ailleurs pour la fin du mois de mars à Tours où il est attendu dans un Rossini, ou même en avril à Lille pour une autre Tosca : « Ce qui est le plus lassant et le plus angoissant est l’attente. Ça mange les énergies.»
S’il se réjouit d’être à Marseille où il « retrouve la lumière et une maison d’opéra où il vient depuis 2009 », il constate aussi que fatalement, ce plaisir de chanter est atténué par les effets Covid : « Ça manque de chaleur humaine d’être enfermé à 18 heures et de ne pouvoir se retrouver à une terrasse ou de manger ensemble au restaurant. »
Patrick Bolleire ne se plaint pas de sa situation, d’autant qu’il peut comparer la vie avec celle de ses collègues artistes belges : « J’ai de la chance de travailler souvent en France et de bénéficier des indemnités chômage. En Belgique, ce n’est pas prévu. Les artistes n’ont rien. » Même si le monde de la culture se dégrade, Patrick Bolleire n’envisage pas de chercher un autre boulot. Il est vrai qu’il est arrivé sur le tard dans la profession : « J’ai 46 ans et j’ai commencé à 32 ans. »

Patrick Bolleire a exercé d’avoir comme ingénieur avant d’embrasser la carrière lyrique à 32 ans.
Il confie qu’avant cela il était ingénieur dans les télécom : « Je serais certainement directeur aujourd’hui. A trente ans, j’ai voulu faire une pause et essayer de chanter. Je m’étais donné deux ans. Ensuite, c’est allez vite j’ai trouvé un agent et ma carrière a commencé, je suis invité régulièrement. Pas qu’en France, aussi en Suisse ou en Italie. »
On pourrait penser que la basse originaire de Bruxelles a eu une révélation, mais ce n’est pas le cas, véritablement : « Depuis tout petit, j’ai voulu faire de la musique. Je me voyais chanter du rock ou du jazz. J’ai commencé par le piano tout petit. Plus tard, j’ai accompagné une chorale et là on m’a dit pourquoi tu ne chantes pas ? J’ai pris des cours de chant et ma professeur m’a proposé de chanter de l’opéra. Quand j’ai commencé, j’ai attrapé le virus opératique et il ne m’a plus lâché. La chance que j’ai, c’est être une basse et que la voix se développe tardivement. Aujourd’hui, j’ai l’âge de mes rôles. Je pratique toujours le piano, je m’accompagne tout seul pour apprendre un rôle ou analyser une partition, c’est précieux pour un chanteur. »
Depuis le début de sa carrière, Patrick Bolleire s’est spécialisé dans les opéras romantiques : « Plus particulièrement français, mais pas que. Je ne chante pas d’opéras contemporains car je n’ai pas été demandé, mais je ne suis pas contre. Et avec cette pandémie, je vois un avenir difficile pour les compositeurs, car ce ne sera pas facile pour eux d’obtenir des commandes. Comme je crains une évolution de la diffusion. Les théâtres fermés, on voit que la culture n’est pas cruciale et que les gens se rabattent vers les plateformes numériques pour regarder en streaming. Le rapport à l’art est peut-être en train de changer. »
Où entendre Patrick Bolleire ?
- Le 14 février dans une captation de Tosca opéra en 3 actes de Puccini, produit par l’Opéra de Marseille, sous la direction musicale de Giuliano Carella, dans une mise en scène de Louis Désiré, sous les lumières de Patrick Méeüs, avec Tosca Jennifer Rowley ; Mario Cavaradossi Marcelo Puente ; Scarpia Samuel Youn ; Angelotti Patrick Bolleire ; Le Sacristain Jacques Calatayud ; Spoletta Loïc Félix ; Sciarrone Jean-Marie Delpas ; l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Marseille