La soprano Liubov Medvedena est une européenne à coup sûr. Native de Sibérie, formée à Moscou, avant de poursuivre ses études à Paris et maintenant d’être en troupe à Berlin. Aussi, au cours de la conversation, elle s’excuse de puiser de temps de temps son vocabulaire chez Pouchkine, Goethe, Molière ou Shakespeare un mot pour traduire au mieux sa pensée.

Le rendez-vous était pris, mais l’avion Berlin-Moscou a changé d’horaire, alors l’interview a été déplacé : « A 15 heures, après la répétition ».

La soprano russe Liubov Medvedena

La soprano russe Liubov Medvedena

Ce trait d’une soprano laissait penser qu’elle était en production. Rien d’étonnant quand on s’appelle Liubov Medvedena et qu’on se présente comme moscovite. Elle glisse qu’elle n’était pas en production mais qu’elle retrouvait son professeur de chant qui la suit depuis des années, bien qu’elle soit à Berlin en troupe où elle a rejoint un Opéra studio pour jeunes chanteurs, après avoir  achevé son cycle d’études à Paris : « Je suis venue en France à l’Opéra national de Paris. » Ce qui l’autorise à comparer les formations entre son pays de la mère Russie et celles distillées dans l’Hexagone : « C’est un peu différent. En France la formation est plus légère. J’ai eu beaucoup de soutiens, les gens ont été très amicaux, gentils et bienveillants. Il y a toujours des liens forts entre les deux pays. A Garnier, j’avais invité les personnels de l’ambassade de Russie en France et ils sont venus m’écouter. Je trouve important que les gens qui font de la politique puissent se retrouver et entretenir cette relation entre la France et la Russie. » Toutefois, elle glisse qu’elle a peu fréquenté la communauté russe de Paris. Comme enseignant à Paris, Liubov Medvedena a écouté les conseils de professeurs ukrainiens.

Si spontanément, elle se présente comme moscovite, Liubov Medevedena est née en Sibérie : « Où j’étais, il n’avait pas de conservatoire, ni de théâtre. Mon professeur de chant m’a conseillé d’aller à Moscou qu’il y aurait des écoles et des conservatoires. C’est ce que j’ai fait. »

De tous ses départs, lequel a été le plus difficile pour la jeune soprano : « Je pense que c’était la Sibérie. C’est la première fois où je quittais mes parents. A Paris, je ne connaissais pas la langue et ça a été difficile sur le plan administratif, pour le permis de séjour. Mais les gens ont été gentils.»

Maintenant, elle est tournée vers sa carrière. Soprano colorature, de beaux rôles l’attendent dont celui de la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée de Mozart : « C’est un personnage qu’on ne peut pas éviter, mais je suis trop jeune. Dans quatre ou cinq ans peut-être. En attendant, j’aime bien l’air d’Ophélie dans Hamlet d’Ambroise Thomas, ça c’est pour l’opéra français. »

Liubov Medevdena a associé à sa voix un physique pour compléter les rôles d’ingénues, souvent dévolues aux sopranos colorature : « La carrière ne peut pas se faire que sur le physique. C’est vrai que le public et les directeurs aiment avoir sur scène l’image des personnages. Aujourd’hui les directeurs ont le choix. Entre des chanteurs de qualités égales, alors ils choisissent aussi avec le physique, mais il n’y a pas que ça. La façon de se déplacer compte aussi. »

Les réseaux sociaux font partie de sa vie de jeune cantatrice : « Aujourd’hui c’est capital, mais c’est aussi un travail de bien se montrer et avec les réseaux sociaux. Nous avons en fait deux boulots. »

Si elle est en troupe à Berlin, Liubov Medvendena espère se produire régulièrement en France : « Il y a un projet en avril, à l’Opéra de Paris, mais pour l’instant on ne sait pas. » Avant, elle aurait dû chanter à Moscou le rôle de Papagena (NDRL : De La Flûte enchantée de Mozart) : « J’avais été demandée en même temps à Moscou et Berlin. J’ai préféré Berlin où je suis en troupe. A Moscou les théâtres sont ouverts et à Berlin, les théâtres sont fermés. Mais je ne le savais pas à l’avance.»

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Liubov Medvedeva

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