Changement de nom, changement de tessiture. Elle a opté pour Lydia Spyra comme nom d’artiste, la mezzo passée soprano trouvait que son patronyme l’a marquait trop comme Suisse allemande car aujourd’hui, comme le chantait Georges Chelon dans le Soliloque, la place est aux étrangers.

La soprano Lydia Spyra a été formée à la Haute école de musique de Lausanne.

La soprano Lydia Spyra a été formée à la Haute école de musique de Lausanne.

Lydia Spyra est son nom d’artiste. Pour l’état-civil, son patronyme est  Lydia Späti, elle trouvait qu’elle lui donnait par trop une couleur suisse allemande, dans une époque où l’exotisme l’emporte souvent. Ce n’est pas le seul changement pour la jeune diplômée de la Haute école de musique de Lausanne, puisque elle a changé de tessiture passant depuis peu de mezzo à soprano, c’est d’ailleurs dans ce registre qu’elle se produira le 9 avril à Zurich : « Ma sœur guitariste passe son examen, je l’accompagnerais dans un programme de musique espagnole. »

Lydia Spyra se réjouit de ce retour sur scène, elle ne se souvient plus comment elle est arrivée au chant, bien qu’elle ne soit pas née dans une famille de parents non musiciens. Ou plutôt, elle a le sentiment que chanter a toujours fait partie de sa vie : « Je chantais dans des églises et après dans une chorale. A 17 ans, j’ai suivi des cours pour être soliste. C’est là que j’ai découvert l’opéra. A la maison, on écoutait de la musique classique, mais pas d’opéra. Mais quand on a grandi en écoutant de la musique classique, l’opéra est une suite logique. J’ai trouvé fantastique qu’une voix pouvait dépasser un orchestre, alors que dans les autres styles musicaux on n’entend pas ça. »

Si la Suisse a la réputation d’être un pays de mélomanes, Lydia Spyra juge que ça ne suffit pas, que des efforts doivent encore être faits : « On peut dire qu’en Suisse il y a une culture pour la musique classique, mais il faut aller chercher le public car tout le monde ne va pas au concert. Ecouter de la musique chez soi, c’est bien, mais rien ne vaut un concert en live, c’est une riche expérience. » Tellement convaincue de son propos, qu’elle est déjà dans la transmission et s’investit pour les jeunes générations.

La soprano Lydia Spyra a été formée à la Haute école de musique de Lausanne.

La soprano Lydia Spyra a une fascination pour le rôle de Salomé, opéra de Richard Strauss.

Jusqu’au 12 mars, Lydia Spyra s’investit auprès des enfants et scolaires pour présenter l’opéra : « Nous recevons des classes et on leur présente plusieurs métiers. Je suis la chanteuse. Je leur chante trois airs. Pour chacun, je me costume et j’interprète trois personnages. »

Autre changement de taille aussi chez Lydia Spyra, c’est qu’elle est passée de mezzo à soprano : « Mes études ont été compliquées, une fois ont me disait soprano, d’autres fois mezzo. Après mes examens, j’ai continué à travailler avec un professeur de chant en qui j’ai fait confiance qui m’a dit que je suis soprano. »

Cette période de confinement lui aura permis de reprendre son répertoire et de l’adapter à sa nouvelle voix. Lydia Spyra se dit intéressée par les rôles de folie avec un faible pour celui d’Electra dans Idomeneo l’opéra Mozart. Elle aime aussi le personnage de Salomé dans l’opéra de Richard Strauss : « Elle me fascine. Il y a tellement d’interprétations possibles. Je ne la vois pas comme une personne méchante, mais plutôt innocente. C’est sa mère qui demande la tête de Jean Baptiste.»  

Certes l’année 2020 et ce début d’année 2021 n’auront pas simplifié la tâche des artistes pour inviter les publics à se déplacer dans les salles et festivals. Pour sa part, elle n’a pas donné de concert pendant le confinement : « Les captations, c’est mieux que rien, ça a permis à des personnes de travailler. Mais le streaming ne remplace ce qu’on ressent sur scène et dans le public. »

Sa chance est d’avoir conservé son travail à mi-temps après avoir réussi son bachelor en voix : « En Suisse, ça aurait été compliqué pour les indépendants. Mon activité à 50% m’a permis de travailler en télétravail. La scène est une activité physique et mon autre travail est mental ; les deux se complètent. Mais si dans l’avenir je peux me consacrer cent pour cent au chant, ce serait bien. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit José Pazos

Où entendre Lydia Spyra ?

  • Le 9 avril à 20h avec la guitariste Zoe Späti dans le « Saal » du « Zentrum Karl der Grosse » à Zürich. Au programme les « Siete canciones populares espagñolas » de Manuel de Falla, puis « La maja dolorosa » de Enrique Granados et quelques mélodies de Federico Garcia Lorca.
  • Les 6, 8, 9, 10 et 11 octobre dans le rôle de la « Mère » de l’opéra « Le Petit chaperon Rouge » de G.F. Leuenberger à l’Opéra de Lausanne.

Renseignement à Lydia Spyra

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