Lucie Girard a installé son atelier de lutherie à Félines-sur-Rimandoule, un village de 82 âmes dans la Drôme. Elle a commencé par apprendre à jouer du violon avant de se tourner vers sa fabrication. Elle s’est recentré sur la réalisation des instruments du quatuor à cordes : violon, alto et violoncelle.

Lucie Girard s'est formée en Angleterre et elle s'est installée à Félines-sur-Rimandoule

Lucie Girard s’est formée en Angleterre et elle s’est installée à Félines-sur-Rimandoule

Une femme luthière ? Lucie Girard n’a pas le sentiment de faire exception. Qui plus est il peut surprendre à l’heure de la mécanisation, même s’il reste magique et impressionnant, la jeune femme de 33 ans, fait partie des quelque cinq cents artisans installés en France. Si exception il y a, ce serait l’emplacement de son atelier : à Félines-sur-Rimandoule, un village drômois, situé à une dizaine de kilomètres de Dieulefit. Elle réalise les instruments du quatuor, c’est-à-dire des violons, des altos et des violoncelles : « Je ne fabrique pas de contrebasse. Je n’ai pas la place, ni les outils. »

Même si elle a le sentiment que son travail est varié et qu’il évolue dans le temps, elle sait aussi qu’elle perpétue une tradition tout en développant son approche personnelle, voire un son, ou des sons, qui lui est propre : « Je pense que chaque luthier a son identité et qu’elle est reconnaissable. C’est un métier qui bénéficie aussi des recherches scientifiques. On comprend mieux maintenant comment les sonorités se font et comment faire évoluer le son. Chaque luthier a sa propre esthétique et celle-ci se ressent dans le son.»

Pour elle, le débat entre violon ancien et violon contemporain est un vrai débat : « C’est intéressant. Des expériences ont été menées avec de grands solistes qui ont joué à l’aveugle et les résultats ont été étonnants. »

Lucie Girard s'est formée en Angleterre et elle s'est installée à Félines-sur-Rimandoule

La signature de Lucie Girard qui n’a aucun lien de parenté avec le quatuor éponyme.

Lucie Girard, comme ses confrères et consœurs, s’inscrit dans une forme de tradition : « Les violons se fabriquent comme au XVIIe ou au  XVIIIe siècle. On peut travailler sur les épaisseurs des bois, faire des retouches dans l’architecture. Je n’en finis pas d’apprendre, il reste beaucoup de mystères à comprendre.» Elle rapproche la relation entre la musicien et son instrument comme un coup de foudre : « Je ne fais pas du sur-mesure, je fais essayer quelques violons et ensuite quand le musicien a choisi, alors il faut le peaufiner en effectuant des réglages. Un violon est comme les gens, chacun est différent de l’autre. L’instrument doit être apprivoisé. C’est mieux que le luthier sache jouer, il comprend ce que le musicien ressent.» Lucie Girard fait peu de restauration, elle glisse que parfois le bois d’origine ne se réduit qu’à quelques éléments de l’instrument.

Après un cursus en conservatoire, elle a appris le métier en Angleterre à la Newark School of Violin Making, avant de poursuivre son apprentissage chez un luthier à Lyon : «  Ce serait rare qu’un luthier s’installe dès sa sortie d’école. » Pour l’instant, Lucie Girard ne se sent pas prête à prendre un apprenti ou un stagiaire : « Je suis en début de carrière, je n’ai pas l’espace ni du temps à libérer afin de former quelqu’un. » Pour l’instant, elle se construit un réseau. Pour elle c’est la seule façon de se faire connaître : « Je fais des démarchages car je n’ai pas de clientèle locale et que les instruments sont à faire essayer. » Ce que Lucie Girard ne révélera pas, c’est le secret de son vernis : « Chacun a sa recette. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Lucie Girard