Un Japonais interprétant de la musique afghane. Ce modèle d’universalité avec Kengo Saito à la cithare fera partie des originalités de cette première édition du festival Nowrooz, organisé par l’association Gondishapour. Il se déroulera sur la Toile du 21 mars au 2 avril. Concerts, conférences illustreront cette fête du printemps chère aux fidèles de Zoroastre et de la Perse antique.
Son directeur artistique, Sina Abédi, signe la première édition du festival Nowrooz (prononcer no-rouz) qui se déroulera du 21 mars au 2 avril, sur Internet, pandémie oblige. Si le cœur de cette fête qui célèbre le renouveau par l’arrivée du printemps est né dans la Perse antique avec comme adeptes les suiveurs de Zoroastre, le directeur artistique la souhaite universelle. Au point qu’il a invité un Japonais à interpréter de la musique afghane et de l’Inde du nord. Incongru pensez-vous ! Pas tant que ça, si l’on pense que la musique ouvre les frontières et les champs des possibles.

Kengo Saito, cithariste japonais, s’est spécialisé dans la musique de l’Inde du nord. Photo crédit Marie Pillard
Dans l’interprétation de cette musique singulière de l’Inde du Nord qui regroupe le Pakistan, voire l’Afghanistan par l’expatriation de nombreux musiciens chassés par les taliban, qui se sont installés au Pakistan. Kengo Saito a senti que c’était sa musique, même si pendant son concert donné pendant ce festival qui couvre les pays de la Chine à l’Albanie et 250 millions d’habitants, il alternera des musiques afghanes et des mélodies de son pays.
Il explique qu’il est venu en France en France après trois ans de lycée aux Etats-Unis, pour suivre une formation aux beaux-arts à Bourges. Au terme de la première année, il a délaissé les arts plastiques pour la musique : « J’ai effectué un voyage de six mois en Inde où j’ai découvert cette musique. Ensuite à mon retour à Paris, j’ai travaillé avec un professeur et j’ai alterné des enseignements à Paris et à Calcutta où j’avais mon maître pour travailler le sitar. »
Si on suggère qu’il y aurait un lien entre la religion Shinto du Japon et l’approche religieuse du Perse Zoroastre : « Je n’ai jamais pensé à ce lien mais beaucoup de choses en commun existent dans les pratiques « animistes » à travers le monde. Mais je suis athée, voir agnostique. »
Le fait d’être Japonais, ainsi éloigné, de cette culture persane et de ses traditions, ne gêne pas Kengo Saito : « Je ne crois pas qu’il faille être d’un pays pour jouer sa musique, si on la respecte et qu’on l’appréhende comme il se doit. J’ai un couple d’amis marocains qui m’ont transmis une vidéo d’un couple japonais qui s’est spécialisé dans la musique du Maroc. Et pour ma part, je suis plutôt bien accepté, au point de devenir un des spécialistes de cette musique afghane, qui appartient à la musique de l’Asie centrale. Même à l’intérieur des pays, la musique a voyagé et a eu d’autres influences. La musique est comme le langage, elle n’est pas figée dans le temps. »
Kengo Saito ne s’est pas rendu encore à Kaboul, capitale de l’Afghanistan pour percevoir sa musique en son sein : « Pour l’instant, je ne cherche pas à y aller, j’attends que l’occasion se présente. »
Si les conditions sanitaires le permettent, on pourrait entendre Kengo Saito à Fez où il devrait bénéficier d’une résidence au mois de mai et au festival « Passe ton Bach d’abord », là il sera avec son trio Japansitan.
Photo crédit Hervé Durand
Première édition du festival Nowrooz en bref
- Du 21 mars au 2 avril 2021 avec plus de cent vidéos en trois langues : persan, anglais et français.
Plus de 15 pays invités pour un événement interdisciplinaire mêlant littérature, poésie, musique,
image, cinéma, philosophie, histoire et gastronomie. L’audience internationale potentielle représente quelque 250 millions de personnes.
Accès libre et gratuit.
Renseignement au festival de Nowrooz
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