Depuis 2012, Cinthia Alireti assure la direction artistique et tient la baguette de l’Orquestra Sinfônica da Unicamp, au Brésil. Après avoir passé trois ans en Europe pour ses études, elle aimerait diriger plus souvent sur le Vieux-Continent. En attendant, les 24 et 25 mars, elle est à l’initiative d’un symposium en ligne à propos des femmes dans la musique.

Cinthia Alireti occupe le poste de directrice musicale et artistique depuis 2012.
Si Cinthia Alireti est cheffe titulaire du pupitre de l’Orquestra Sinfônica da Unicamp, au Brésil, comme beaucoup de musiciens, le parcours de Cinthia Alireti couvre plusieurs pays, voire même des continents.
Jugez du peu pour la native de São Paulo, formée dans son pays avant d’obtenir un doctorat aux États-Unis et poursuivre sa formation en Europe par deux ans en Allemagne et une année à la Sorbonne. On s’essouflerait à voulor la suivre. Sur le Vieux-Continent, Cinthia Alireti a voulu approfondir sa connaissance de la musique baroque : « Je voulais me spécialiser dans la direction d’opéra et acquérir plus d’expérience. » Si maintenant, elle a la double nationalité brésilienne et italienne, ce n’était pas encore le cas quand elle était étudiante.
Cet itinéraire musical lui permet de mesurer les différentes approches de la transmission de la musique : « Au Brésil, la musique s’enseigne dans les universités, aux Etats-Unis, on est dans la pratique, on apprend en dirigeant. En Allemagne, comme Kappel meister on entre dans le monde du travail. »
Quand Cinthia Alireti annonce qu’elle est chef d’orchestre à l’université de Campinas, on pourrait penser qu’elle dirige un ensemble de musiciens étudiants, mais elle corrige : « Ce sont des professionnels. Nous sommes quarante-cinq. Nous donnons des concerts et nous devons chercher aussi des tournées. Cela fait partie aussi de mon travail. Outre la direction et les répétitions, j’ai aussi à assumer des tâches administratives.» Elle explique que l’orchestre vit de l’argent public que reçoit l’université par l’État. Du coup, les musiciens n’ont pas eu trop à souffrir des affres de la pandémie.
Cinthia Alireti ont développé des projets virtuels en cette année 2021, comme la série « Janelas Abertas OSU », qui va rendre hommage aux femmes dans la Musique de concert du Brésil. Par exemple, la pièce « Ê bango bango-ê” a été écrite par la compositrice brésilienne Dinorá de Carvalho.

Cinthia Alireti a étudié au Brésil, aux USA, en Allemagne et en France.
Cela atténue sa déconvenue de l’année dernière. En 2020, Cinthia Alireti était invitée en Pologne, mais ce concert a dû être annulé ou reporté. Elle aimerait venir plus souvent en Europe pour simplement vivre la musique et développer son art : « Je trouve qu’en Europe, il y a plus de culture ; je suis fascinée par les arts que ce soit en Italie, en France ou en Allemagne. »
Comme dans beaucoup de pays, au Brésil comme ailleurs, les pupitres d’orchestre tenus par des femmes sont rares : « Il y a vingt ans, il n’y en avait pas beaucoup. Maintenant, on en voit un peu plus. Le Brésil est encore un pays machiste, ce n’est pas que dans la musique. C’est pour cela que les 24 et 25 mars, nous organisons un symposium où interviendront des cheffes d’orchestre, des cheffes de chant, des compositrices… Mon intention était de réunir cinq cheffes, toutes ont trouvé un intérêt, mais certaines avaient déjà des obligations. Nous aurons aussi en ligne Claire Bodin, directrice de l’association française Présences compositrices. »
Si dans beaucoup de métiers, les femmes, qui prennent des responsabilités, doivent doublement prouver devant leurs pairs, Cinthia Alireti mesure aussi les difficultés qu’engendrent son poste en qualité de femme : « C’est souvent un problème et c’est difficile de trouver le juste équilibre. Si on est généreuse, pour les hommes ça signifie qu’on est fragile ; alors que si un homme est généreux, eh bien il est simplement généreux. En revanche, si la femme est autoritaire c’est parce qu’elle ne sait pas dialoguer. Moi je suis dans le dialogue, j’écoute les musiciens et leur façon d’interpréter une œuvre. »
Quand on lui énumère les réussites des baguettes comme Barbara Hannigan ou Nathalie Stuzmann, Cinthia Alireti glisse néanmoins : « Toutes les deux viennent du chant, Elles étaient des stars connues et reconnues. Elles sont arrivées avec leur réputation. C’est tout de même plus difficile d’être reconnues pour des femmes qui font leur chemin comme cheffe ou compositrice. »
Photos crédit Amaury Simões
Renseignement à Cinthia Alireti
Le Symposium en bref
Le Symposium réunit les cheffes d’orchestre, des compositrices, des musiciennes. Il sera mis en place le 24 et le 25 mars, de 10 h à 19 h (GMT-3).
Accès gratuit
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