Souvent un musicien classique dispose de plusieurs palettes pour s’exprimer. Il en est ainsi pour la violoncelliste Natalie Forthomme. Installée à Avignon, elle dispense des cours à Arles, donne des concerts et défend des projets et les compositeurs d’aujourd’hui.
Le rendez-vous est donné au Jardin des Doms. Pour Natalie Forthomme, c’est le plus bel endroit d’Avignon où désormais elle habite. « Je ne viens pas ici assez souvent », soupire-t-elle en regardant la vallée du Rhône étendue plus loin que les toits de la ville sous le proche regard. Si elle vit dans la cité des papes, elle distribue ses cours de violoncelle à Arles : « Je suis née en Belgique, mais j’avais besoin de soleil. Après j’ai effectué un an de remplacement au Conservatoire à rayonnement régional d’Avignon. Et puis, un poste à Arles s’est libéré. »
Il est entendu que la vie de professeur de musique ne comble pas en totalité l’âme artistique. Certes, en cette période de disette, Natalie Forthomme fait mauvaise fortune bon cœur en préparant néanmoins une saison estivale, avec quelques amis complices comme le violoniste Yardani Torres Maiani : « C’est intéressant ce duo. Nous jouons ses compositions. Il est de deux cultures, gitane et flamenco et aussi classique puisqu’il a été formé à la Haute école de musique de Lausanne. » Avec Guillaume Leroy à l’alto, ils ont gravé un CD “Asteria”, sorti en septembre 2019 : « Depuis cet enregistrement, d’autres compositions de Yardani se sont rajoutées en concert. »
Ce n’est d’ailleurs pas le seul contemporain dont Natalie Forthomme interprète la littérature : « Nous travaillons ensemble avec Dominique Lièvre. J’ai joué aussi une pièce écrite pour violoncelle de Nicolas Bacri.» Elle cite aussi Pierre Thilloy. Ou Giovanni Sollima et sa pièce Lamentatio qu’elle a jouée à l’hôtel de la Mirande ; morceau qu’elle glisse souvent dans son programme quand elle se produit en violoncelliste solo. Jouer les propositions ou suggestions des littérateurs c’est bien, mais l’idée de passer une commande lui trotte dans la tête.
Un répertoire à étoffer, dans une littérature déjà bien fournie pour son instrument. En effet Natalie Forthomme juge qu’une vie ne suffit pas à jouer toutes les partitions pour violoncelle : « Nous en avons moins que les pianistes mais toutes les pièces pour orchestre ou musique de chambre ont une partie pour notre instrument. Et nous avons la chance d’avoir les Suites de Bach. Même si nous n’avions que ça, ce serait infini. Je travaille Bach tous les jours et à chaque fois je découvre une chose nouvelle. »
La musique, vecteur éducatif, pour apprendre à écouter l’autre
En attendant, le retour sur scène cet été, Natalie Forthomme construit des projets pédagogiques avec d’autres professeurs du Conservatoire d’Arles, un peu dans l’esprit de El Sistema, né en 1975 au Venezuela, sous la volonté du musicien et économiste José Abreu : «Nous intervenons dans les écoles Jules-Vallès et Mouleyrès, qui sont situées dans des quartiers difficiles de la Ville. Nous préparons un orchestre. En ce moment, c’est plus difficile car nous sommes obligés de dissocier les instruments à vent et les cordes, pour respecter le protocole sanitaire. Au fil de l’apprentissage, on se rend compte de l’évolution comportementale des enfants. De façon globale, on est passé d’enfants aux réactions individualistes à un esprit collectif. On en entend encore dire qu’ils ne veulent pas faire de musique ou que cette musique n’est pas pour eux. Nous demandons l’accord des parents en début d’année. Une petite fille m’a déclaré qu’elle ne savait pas même ce qu’était un violoncelle ; maintenant elle apprend à en jouer. Entendre ça est pour moi une grande récompense. La musique permet d’aller vers l’extérieur. »
Elle-même n’est pas venue spontanément au violoncelle, raconte-t-elle. Au début elle voulait apprendre le violon comme sa sœur aînée : « Ce sont mes parents qui m’ont suggéré d’essayer le violoncelle. Moi qui étais la plus petite, j’avais l’instrument le plus imposant. Je garde en mémoire le jour où, pleine d’impatience et de fierté, j’ai apporté avec ma maman le violoncelle, à la maison. Mon père, heureux, nous attendait sur le perron. L’instrument était grand, j’avais du mal à la porter. Dès le début, j’ai beaucoup joué avec ma sœur.»
Elle jouait moins avec sa sœur cadette, Catherine, qui apprenait le piano : à cause de l’écart d’âge. Mais toutes deux rattrapent le temps : « C’est vrai que les parties piano d’un trio étaint souvent très difficiles quand elle était enfant et que nous étions réunies. Maintenant, c’est différent, elle est professeur au Conservatoire d’Avignon… »
Où écouter Natalie Forthomme ?
- Le 26 juin au château de Cotignac en duo avec le violoniste Yardani Torres Maiani ;
- Le 11 juillet au festival « Autour du Ventoux » à Vaison-la-Romaine avec Asteria ;
- Le 22 juillet à Sainte-Maxime avec le programme Asteria ;
- Le 6 août à Isola 2000 avec l’accordéoniste Pascal Contet et les danseurs Audrey Anselmi et Patrice Barthès dans un programme de tango argentin.
Renseignement à Natalie Forthomme
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