L’Opéra de Marseille a maintenu la production Luisa Miller de Verdi, elle sera diffusée à France Télévision à une date ultérieure, sans doute au mois de mai. Louis Désiré signait la mise en scène de cet opéra où Verdi reprend le thème du mariage impossible entre gens de  milieux différents. Une œuvre fouillée par le regard du théâtre, où la parole devient lyrique, soutenue par des gestes mesurés, voire minimalistes. Le metteur en scène trouve une complicité visuelle dans la direction de Paolo Arrivabeni, à la gestique sobre devant l’Orchestre de l’Opéra de Marseille en effectif limité, puisque la partition a été réduite pour 19 musiciens. La masse sonore en souffre, sans que les harmonies ou la mélodie en pâtissent, mais peut-il en être autrement ?

Luisa Miller photo Christian DRESSE 2021

Sophie Koch et Nicolas Courjal. Photo crédit Christian DRESSE.

Ce sera la 3e production signée par Louis Désiré à Marseille après Bohème en décembre, Tosca en février et maintenant Luisa Miller. L’opéra de Verdi a été capté par France 3 Méditerranée pour France Télévision et devrait être diffusé à la fin du mois de mai. Tout le travail de Louis Désiré est théâtral, il avance une idée directrice et s’y tient. Cette fois encore avec Luisa Miller, produite à l’Opéra de Marseille. Si point commun il y a entre toutes, c’est bien le regard que pose sur le metteur en scène sur ses personnages dont il extrait les émotions, les caractères et les sensibilités. Écartés les effets vernissés simplistes qui éloignent l’auditeur de l’exégèse du texte, Louis Désiré le fouille en peignant des tableaux. De l’immobilité transpire l’âme des personnages croqués par Verdi qui, dans cette littérature de jeunesse,  prend pour thème les amours impossibles de classes sociales différentes. Un thème qu’il approfondira avec  Traviata et Rigoletto.

Si le geste des chanteurs-chanteurs est réduit, les intentions se doivent d’être fortes pour comprendre cet ouvrage, moins connus par le grand public qu’Aida, le Trouvère ou Otello. Néanmoins, cette ouvrage n’autorise aucune faille vocale. Maurice Xiberras a fait appel à des artistes aguerris et des fidèles de la maison phocéenne, en premier lieu la soprano tchèque Zuzana Markova, que le public a applaudi auparavant dans Lucia et Traviata. Dans cette Luisa perce l’innocence. Elle a pour confidente Laurence Janot, elle est aussi souvent présente sur la scène marseillaise. Sa prestation sur le plateau est autant théâtrale que vocale.

Luisa Miller photo Christian DRESSE 2021

Stefano Secco photo Christian DRESSE 2021

Luisa est amoureuse du ténor italien Stefano Scecco qui se partage entre le métier de chanteur et d’acteur. Lui rompu à de nombreux rôles du répertoire opératique sur autant de scènes internationales trouve la juste mesure pour ne pas rendre son Rodolfo excessif. Son cœur ne battra pas pour Sophie Koch en Federica. Elle trouve l’intonation pour conserver la fière maîtrise de la fiancée trahie. Nicolas Courjal était de retour à Marseille et comme à chaque il impose sa présence tant vocal que scénique. Il est méchant autoritaire à souhait autant que Marc Barrard dans le personnage de Wurm est fourbe.

Si le plaisir de découvrir une production est de se laisser surprendre, alors pour cette Luisa Miller marseillaise, elle est venue du baryton albanais Gezim Myshketa qui avait revêtu le costume de Miller, père, comme le démontre l’aria du Ier acte où le timbre, les couleurs valent mieux qu’une traduction.

Pour développer son argument, sous les lumières de Patrick Méeüs qui rend brillant le sombre du drame, inspiré par Schiller, Louis Désiré fait coulisser ses tableaux en clair-obscur, les éléments s’encastrent pour prendre leur place dans l’existence des uns et des autres. Il installe une foule silencieuse pour suivre les conséquences mortelles de la guerre des castes. Au point de déroger au livret en mettant dans la main de Walter le couteau vengeur, alors qu’il revient à son fils Rodolfo de tuer Wurm, le perfide et jaloux, responsable de ce malheur.

Bruno ALBERRO

 

Luisa Miller en bref

Luisa Miller photo Christian DRESSE 2021

Luisa Miller à Marseille en mars 2021. Photo Christian DRESSE.

Luisa Miller est un opéra de Verdi en 3 actes composé sur un livret de Salvatore Cammarano,
d’après Kabale und Liebe une pièce de Schiller, Il a été créé à Naples en 1849.

Cette nouvelle production a été captée les 28 et 30 mars 2021 pour France Télévision. Elle sera dirigée par la maestro Paolo Arrivabeni, devant l’orchestre national de Marseille et le Chœur de l’opéra de Marseill. Elle est mise en scène par Louis Désiré. Les décors et costumes sont signés de Diego Mendez Casariego et les lumières de Patrick Méeüs.

A l’écran on pourra entendre la soprano Zuzana Markova dans le rôle de Luisa Miller ; Sophie Koch, mezzo en Federica et la soprano Laurence Janot en Laura. Les rôles masculins reviennent au ténor Stefano Secco en Rodolfo ; au baryton Gezim Myshketa en Miller ; à la basse Nicolas Courjal dans le personnage de Walter et au baryton Marc Barrard en Wurm.

Renseignement à l’Opéra de Marseille