Ce 9 avril 2021, Qoutayba Neaimi devrait être à Beyrouth pour écouter trois pièces de sa composition qui seront interprétées par Naseer Shamma au luth oriental. Irakien de naissance, le compositeur a fui la guerre pour s’installer à Mons. Ses compositions vont le pont entre deux cultures.

Qoutayba Neaimi habite à Mons. A 18 ans, il a fui sa guerre en Irak, son pays natal, pour rejoindre la Belgique. Devenu compositeur, il devait être de retour au Moyen-Orient,  à Beyrouth, plus précisément ce 9 avril pour entendre ses trois pièces qu’il a composé pour oud et orchestre. Il est par ailleurs conseiller artistique à l’Opéra du Liban. Son concert est reporté au mois d’octobre. Au programme de cette soirée, Rossini, Delibes, et trois pièces de Qoutayba Neaimi interprétées par Naseer Shamma, le maître en la matière de cet instrument aussi ancien que la musique, proche de notre luth européen, et par l’Orchestre philharmonique du Liban. Une autre composition de Qoutayba Neaimi est aussi au programme avec cette mélodie en forme de message de paix que chantera la soprano belge soprano belge Julie Gebhart. Le texte bilingue est le fruit de deux poètes : la franco-portugaise  Judith Adler de Oliveira et le libanais Henry Zrigb. Ce lied est spécialement écrit pour ce rendez-vous.

le compositeur Qoutayba Neaimi

Le compositeur Qoutayba Neaimia commencé par le violon.

On le comprend Qoutayba Neaimi construit des ponts musicaux entre l’Occident et l’Orient, c’est sa signature qu’on pourra découvrir avec son projet « Confluences » qu’il présentera au mois de novembre, en ouverture du festival de Musiques sacrées, Arson à Mons. Il glisse que le programme de ce concert rend hommage aux racines communes des civilisations fondatrices du Moyen Orient et de l’Occident.

Qoutayba Neaimi a commencé ses études musicales par le violon qu’il a appris à Bagdad avant de rejoindre l’Orchestre national d’Irak. La guerre le poussera en venir en Europe : « Je suis venu en Belgique un peu par hasard. Je suis désormais Belgo-Irakien. Au Conservatoire Royal de Mons, j’ai suivi des études musicales où j’ai obtenu un bachelier en écritures, un master en composition et une agrégation de l’enseignement. Maintenant je suis membre  effectif du Forum des compositeurs en Belgique. »

Il a écrit cette histoire de mouvance des peuples, pour quatuor à cordes, qu’il a appelé « Histoire de réfugié ».

Contrairement aux idées toutes faites, voire simplistes, on pourrait penser que la musique savante a une place restreinte au Moyen-Orient, Qoutayba Neaimi le dément : « Ce n’est pas le cas. Il y a un public pour la musique classique. Nous avons aussi un orchestre philharmonique. »

Il n’a pas oublié ses deux pays et ses cultures. Dans sa littérature, Qoutayba Neaimi tend un pont entre deux mondes en pâtinant sa littérature de sonorités moyen-orientales.   Si son univers musical est maintenant l’écriture, il n’a pas oublié le violon pour autant, rappelant qu’en septembre dernier, une de ses compositions, Question pour un violon solo  pour son instrument de prédilection a été jouée à la salle Boulez de Berlin, par Aziza Salahova. Il évoque aussi cette cantate pour neuf solistes dont une voix orientale.

Malgré ses lettres de noblesse, comme beaucoup de compositeurs Qoutayba Neaimi, trouve difficile de se faire entendre : « C’est le problème de la musique contemporaine : il faut rechercher les couleurs et que ce soit accessible au public. Mais c’est toujours compliqué pour un compositeur de trouver son chemin. Surtout aujourd’hui où il doit faire sa communication et son marketing. Mais ça marche parfois. »

Pour lui, la difficulté n’est pas de sortir de son univers musical originel : « C’est assez facile en sorte, comme le public apprécie ces mariages musicaux et ces nouvelles sonorités. Il est curieux de découvrir  d’autres cultures, de voir et d’entendre autre chose.»

Bruno ALBERRO

 

Où entendre la musique de Qoutayba Neaimi ?

  • Le 9 avril à Beyrouth où seront présentées trois pièces pour Oud et orchestre et un lied pour soprano et orchestre. Reporté au mois d’octobre.
  • Le 26 novembre, concert d’ouverture du Festival des Musiques Sacrées (Arsonic, Mons, ce concert était prévu l’année dernière et a été reporté). Au programme : Qowl Kaddish, Judith Adler de Oliveira. Pièce pour 8 chanteurs et ensemble instrumental oriental-occidental ; Cantate Confluences, Qoutayba Neaimi. Cantate pour 9 chanteurs et ensemble instrumental oriental-occidental. Livret de Judith Adler de Oliveira.

Renseignement à Qoutayba Neaimi

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