Muriel Tomao vit mal de ne pas pouvoir exercer son métier d’artiste lyrique ou de professeur de chant. La mezzo-soprano marseillaise accepte mal ce triste moment qui le nourrit en colère et incompréhension. Même si elle en a profité pour créer un spectacle sur l’histoire de sa famille, originaire de Naples, qu’elle a appelé Casa Zelinda. Le prénom de sa grand-mère.

Qui êtes-vous ? Muriel Tomao. Un nom qui sonne comme au Portugal, mais ses origines sont napolitaines. Que faites-vous ? chanteuse d’opéra et professeur de chant. Mais pour l’instant elle ne pratique pas, sauf derrière un écran. Du moins pas comme elle l’entend. Alors la Marseillaise épanche son amertume et crie sa colère. Jusqu’à un retour à la normale, afin de retrouver la scène et ses élèves du conservatoire d’Alès  : « La vie doit-elle s’arrêter à cause d’une pandémie ? ou doit-on apprendre à vivre avec elle ? Je trouve que la solution est un peu exagérée. A croire qu’aujourd’hui c’est le seul sujet de conversation. Les sportifs professionnels jouent et nous artistes on ne joue pas. Bien sûr que c’est difficile d’accepter cette situation et ce n’est pas évident de rester concentrée. » D’autant que la dernière fois qu’elle s’est produite, c’était en décembre dernier du haut d’un balcon à Marseille à l’invitation du festival Saint-Victor lancé par Jean-Christophe Born.

Muriel Tomao Photo crédit Alain Kantarjian

Muriel Tomao confie qu’il est difficile de progresser sans objectif. Photo crédit Alain Kantarjian

Ce qui inquiète Muriel Tomao ce sont les démissions de ses élèves : « J’en avais seize, il en reste dix. On peut comprendre, les gens sont excédés. Le travail en visio ce n’est pas du tout, comme en réalité. Le son n’est pas le même, il n’y a pas la présence de professeur et de l’élève.  C’est dur quand il n’y a pas de contact. Et puis, on ne sait pas combien de temps cela va durer. On est déjà à quatre mois. Je comprends que certains parents n’aient pas renouveler les inscriptions au conservatoire. »

D’aucuns verront là des propos déplacés alors qu’elle est payée tout de même : « Nous sommes dans une situation peu banale. Comme on n’avait pas le droit il y a un an d’aller marcher au bord de la mer, même si on était seule. Il y a beaucoup d’incompréhension. Et puis, c’est assez paradoxal. Car le fait que les artistes reçoivent un salaire ou des indemnités, on n’aurait pas le droit de se plaindre. Mais ce n’est pas ce qu’on veut. On demande le droit de s’exprimer, comme artiste ou professeur. Tous mes contrats ont annulés, puis reportés puis annulés.»

Muriel Tomao continue de travailler et d’y croire : « Il est difficile de continuer de progresser sans objectif. On ne comprend pas. Comme on ne comprend pas qu’il n’y a pas eu d’essai de fait avec des salles de 300 places… Que ce soit au théâtre ou au cinéma avec des protocoles qui ont fait leurs preuves.»

En attendant elle doit patienter. Les projections de Muriel Tomao sont aussi lointaines qu’incertaines avec une date en mai, une autre à Noël et une en janvier 2022. L’ancienne pensionnaire du CNIPAL de Marseille était bien attendue au théâtre des deux Mondes à Vaison-la-Romaine au mois de mars, mais elle se doutait que le théâtre restât fermé. Elle a coché des dates cet été, en septembre plutôt à Arles ou au festival Vives voix où elle devrait donner Casa Zelinda, son nouveau spectacle.

A quelque chose malheur est bon, comme le raconte Muriel Tomao qui travaille à cette création : « C’est un spectacle que j’ai imaginé et construit pendant le premier confinement sur l’histoire de ma famille où j’ai intercalé des airs d’opéra. J’espère que tout ça va s’arrêter. Imaginons que la pandémie dure trois ans ! Je crois que je finirai par faire des concerts dans mon salon…»

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Muriel Tomao

Où entendre Muriel Tomao ?

  • Le 24 avril au Conservatoire d’Aix-en-Provence au festival Festamb, pour une captation qui sera diffusée ultérieurement.

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