La violoncelliste Agathe Nebl s’est installée à Vienne, en Autriche, pays de Mozart, Beethoven ou Schubert. Native de Colmar d’une mère bretonne et d’un père européen, pour celle qui a grandi en Alsace, la musique n’a pas de frontières et son champ est vaste. Le sien va de l’enseignement, au concert. Elle est aussi productrice et propose t’entendre la musique dans des endroits insolites.

Dix ans sont passés depuis qu’Agathe Nebl a posé ses valises en Autriche, c’était son rêve de musicienne et de violoncelliste de pouvoir poursuivre ses études dans un pays où sont nés les Mozart, Beethoven ou Schubert. Native de Colmar, plus l’Alsace où elle a grandi, on pourrait s’attendre qu’elle ait une attirance pour la langue de Goethe : « Ma mère est bretonne, mon père européen, j’ai appris l’allemand en Autriche. Je voulais découvrir un pays et apprendre une autre langue. C’est mon professeur à Strasbourg qui m’a motivée à venir ici, où on trouve de nombreuses écoles supérieures de musique. En France, il y en deux Paris et Lyon. »

La violoncelliste Agathe Neb s'est installée à Vienne en Autriche.l

La violoncelliste Agathe Neb s’est installée à Vienne en Autriche.l

Parmi toute cette palette, elle a choisi l’université Mozarteum de Salzbourg, bien qu’elle ait préféré vivre à Vienne : « Mon professeur habitait Vienne. Je me suis tout de suite habituée à cette ville, je me suis sentie à la maison et bien que je ne parlais pas la langue, j’ai été bien accueillie. Tout de suite, j’ai eu de petits concerts, j’ai pu avoir des cachets. Vienne est la ville de la musique.»

Souvent on vante une tradition française du violoncelle, Agathe Nebl ressent la chose autrement : « Je n’ai pas réfléchi si les violoncellistes français ont une sonorité particulière, mais je pense qu’il y a un son de la musique française et que ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir le restituer. Je suis peut-être un peu chauvine. »

Si l’Autriche est réputée comme ville d’art, la culture ne serait pas plus défendue qu’en France, au témoignage d‘Agathe Nebl : « Les artistes ont des aides, mais on se sent délaissés, on a l’impression que la Culture n’est pas essentielle, même si le pays reçoit moins de touristes. Car il est en grande partie musical. La Culture en Autriche est aussi économique. Certaines salles sont en majorité remplies par des touristes. Pourtant, on a vu le gouvernement inviter un quatuor à cordes qui a joué avant l’allocution. » Depuis un an, comme beaucoup de ses collègues artistes, la violoncelliste ne s’est pas produite sur scène : « J’ai une personnalité assez mouvante. Je ne me fixe pas là-dessus. Mais c’est vrai qu’il me manque cette ivresse que procure la scène et le public. »

Agathe Nebl a ouvert à Vienne L’École de musique

La violoncelliste Agathe Neb s'est installée à Vienne en Autriche.l

La violoncelliste Agathe Neb s’est installée à Vienne en Autriche.l

Cette richesse culturelle n’est pas sans conséquences, à en croire Agathe Nebl : « S’il y a l’embarras du choix dans les universités de qualité, on compte beaucoup d’étudiants en master et il en sort plus tous les ans qu’il n’y a pas de places dans les orchestres. La concurrence est très forte, ça se traduit par des frustrations, des contrecoups psychologiques. Sans me lancer des fleurs, j’ai la chance d’avoir une vision globale de la musique et d’être “tout-terrain”. J’ai une force de créativité et créer me suffit. »

Agathe Nebl a lancé L’école de musique, où l’enseignement est bilingue : « C’est un partage entre l’apprentissage de la musique et la francophonie éducative. »

Elle a fondé aussi Working Muse, une société inter-displinaire autour de la musique : « C’est une mission de médiation culturelle afin de proposer une offre différente de la musique classique. En allant chercher un public neuf. La musique est essentiellement sensation. Le passé de Vienne pèse. Ici, la musique dépend d’un protocole. Mais comment renouveler son public ? Je cherche des lieux et des projets insolites, pour développer de nouvelles sensations par un nouveau concept artistique. »

Si Agathe Nebl se sent frustrée, c’est de ne pouvoir écrire la langue administrative pour ses démarches : « Même après dix ans de présence ici, je ne peux écrire l’allemand, comme j’écris le français. »

Se voit-elle finir sa vie en terre autrichienne ? Oui et non, répond-elle : « La culture de la France me manque. J’aimerais aussi vivre d’autres aventures, mais le temps passe vite pour peu qu’on a des projets. Ça fait déjà dix ans que je suis ici ! »

Bruno ALBERRO

 

Rencontre avec Agathe Nebl

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