Née d’une mère néo-zélandaise et un père anglais, Anna Wall a grandi le rugby chevillé au corps, en soutenant qui la Rose ou les All Blacks, selon les rencontres. Le chant lui est venu, à sept ans, en accompagnant son papa dans la chorale de la paroisse, jusqu’à ce qu’un professeur de conservatoire à Londres, la pousse vers le lyrique. Installée à Tonnerre dans l’Yonne, la mezzo fait partie du collectif qui anime le festival “Musiques en Tonnerrois” qui se déroulera les 26, 27 et 28 août.

La mezzo Anna Wall participera au festival Musiques et Tonnerois

La mezzo Anna Wall rappelle ses racines anglaises et néo-zélandaises.

Née d’une mère néo-zélandaise, d’un père anglais et mariée à un Français, même si on est chanteuse lyrique comme Anna Wall, il est difficile d’échapper au rugby, et pour elle de choisir son camp : « Ma préférence va tout de même aux All Blacks. Je me souviens d’avoir suivi des matchs dans un bar à Paris avec mon mari où j’étais la seule à supporter les All Blacks. Comme ils avaient gagné, le patron a offert le champagne. En 2011, mon mari ne m’a plus parlé après la victoire en finale de la coupe du monde des All Blacks , contre les Français. »

Anna Wall fait une analogie entre sport et musique : « Tous deux rassemblent les gens qui n’avaient peut être aucune occasion de se connaître, tout ayant des choses en commun. On le voit dans la pratique, dans les gradins ou sur un plateau d’une production. La musique et le sport permettent des transversalités et de faire tomber des barrières. Il y a eu une étude au Royaume-Uni qui montre qu’en augmentant le nombre d’heures d’enseignement artistique, les enfants se développaient mieux et progressaient. »

La musique partagée en Ehpad

Cette expérience outre-manche Anna Wall en mesure les effets avec les personnes âgées, plus particulièrement dans un Ehpad à proximité de son domicile dans l’Yonne, où elle s’est installée en famille : « C’est quelque chose qui me tient à cœur. Une amie infirmière souhaitait monter une chorale avec les pensionnaires. J’ai peu d’expérience dans le chant choral et l’hôpital était un monde nouveau pour moi. Il y avait des malades en accueil de jour, des résidants, des aveugles, des personnes qui avaient du mal à se déplacer, des personnes atteintes d’Alzheimer… Tout un  mélange de personnes avec comme but de les faire chanter ensemble. Le constat a été remarquable. J’ai pu mesurer tout ce que la musique pouvait apporter. J’ai vu la lumière s’allumer en eux. Certains sortaient d’un sommeil profond. Au début, certaines personnes refusaient de se joindre au groupe, puis elles se sont mises à regarder et écouter, d’autres même à chanter et à danser. Une dame qui avait enseigné la musique, mais ne se rappelait plus de ses proches ou de ce qu’elle avait fait quelques jours avant, connaissait des chansons par cœur. On a chanté toutes les deux. C’est une génération où toutes ces personnes chantaient en famille. »

La mezzo Anna Wall participera au festival Musiques et Tonnerois

La mezzo Anna Wall apprend les chansons de l’Entre deux guerres pour les reprendre avec les pensionnés de l’Ehpad.

Quand les autorisations étaient données, Anna Wall jouait la cheffe de chœur une fois par mois. Pandémie oblige, si elle est toujours présente dans l’établissement, elle intervient cette fois dans les services, une fois par semaine. Si évolution il y a chez les patients, elle est sensible et Anna Wall ne s’estime pas juge pour apprécier : « Surtout maintenant dans les services. Au départ, c’est toujours difficile de les faire sortir de leur monde. Mais on voit que la musique leur fait du bien. Certains chantent faux, souvent c’est pour cela qu’ils ne veulent pas chanter. Chanter juste ou faux, ce n’est pas le but.» Ce qui a changé pour Anna Wall, c’est d’apprendre des chansons qu’on n’entend plus comme « La rose blanche » ou « Voulez-vous danser grand-mère ? »

Professeur au Conservatoire de Tonnerre

Comme quoi la transmission est universelle. Anna Wall enseigne d’ailleurs au Conservatoire de Tonnerre : « Comme on ne peut pas être en présence des élèves, on travaille en vidéo. Je suis devenue experte avec Zoom (NDRL : Un système numérique de visioconférence). »

Anna Wall participera au festival Musiques et Tonnerois

La mezzo Anna Wall participera au festival Musiques et Tonnerois.

A l’instar de ses amis artistes, son agenda reste fermé. Elle a bien coché les dates des 26, 27  et 28 août où elle participera au festival “Musiques en Tonnerrois”, organisé par un collectif d’une dizaine d’artistes, installée dans cette région de Bourgogne : « J’ai connu mon mari à l’Opéra de Paris, et puis il a voulu se reconvertir dans l’œnotourisme. Entre les vins de Tonnerre, le chablis et le champagne, la région était propice, maintenant il ouvre une distillerie. Et pour moi, Tonnerre, ce n’est pas loin de Paris. Mais pendant le confinement c’est une chance de vivre dans un village de 140 habitants. On a pu bien travailler avec les enfants, faire du jardinage. Ça m’a rappelé ce qui est essentiel dans la vie.»

Néanmoins, elle continue de préparer l’avenir : « C’est compliqué de tenir des projets entre ce qui est annulé et reporté. Avec un ami, Dominique Déhan, on va monter des vidéos de mélodies où je chanterai, accompagnée par la harpiste Sylvie Perret. Nous nous sommes connues à l’Opéra de Paris où elle est à l’Orchestre. La musique est là, elle peut aider et apaiser certaines personnes. La musique, ça fait du bien. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Catriona SAVAGE

Renseignement  à Anna Wall

Musiques en Tonnerois en bref

Le festival « Musiques en Tonnerrois » a dévoilé le programme de sa prochaine édition qui se tiendra les 26, 27 et 28 août. Elle ouvrira avec une création de Frédéric Pattar, inspiré par la Fosse Dionne, chère à ce département de l’Yonne.

  • Le 26 août à 20 h au marché couvert de Tonnerre, concert d’ouverture “Romantisme et temps modernes”. Au programme la création 2021  de Frédéric Pattar pour Quatuor pour flûte, alto, violoncelle et piano; Erwin Schulhoff ; Arnold Schoenberg ; Sergueï Rachmaninov ; Igor Stravinsky et Robert Schumann ;
  • Le 27 août à 20 h à l’Église de Junay, concert​ “Romantisme et musique française”. Au programme Maurice Duruflé ; Ernest H. Papier ; Jules Massenet ; Pauline Viardot et Franz Schubert ;
  • ​Le 28 août à 20 h à l’Église de Pacy-sur-Armançon, concert de clotûre, ​ “Métamorphoses”. Au programme Hector Berlioz ; Alexandre Gasparov ; Fuminori Tanada ; Félix Mendelssohn et Anton Dvorak Danses slaves  dans une transcription Alexandre Gasparov.

Renseignement à Musiques en Tonnerrois

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