
L’Orchestre national Avignon Provence a accompagné en musique l’escalade de la façade de l’Opéra du Grand-Avignon par Antoine Le Ménestrel, il avait répondu à l’appel du collectif qui occupe l’Opéra Confluence.
On a chanté, on a dansé, on a joué de la musique, on a grimpé sur la façade de l’opéra d’Avignon, ce vendredi à 11 heures.
Artistes de tout style se sont retrouvés pour dénoncer le projet de loi de modification de l’assurance chômage qui touchera les intermittents du spectacle comme le montre Fabrice Durant qui est aussi premier alto à l’Orchestre national Avignon-Provence, où il est aussi le délégué de la CGT : « De l’orchestre, nous étions un tiers avec des instruments, un quart sans instrument. Soit un peu plus de la moitié. J’ai vu des chanteurs du Chœur de l’Opéra, des membres du Ballet. Ma présence ici est un accompagnement, je ne suis pas venu avec le drapeau. Selon nos calculs c’est 20 à 25 % d’artistes qui perdront leur statut. Nous arrivons aussi à la fin de l’année blanche, mais nous ne savons pas ce qui va se passer maintenant. Comment les artistes pourront faire s’ils n’ont pas leurs heures ou le nombre de contrats suffisants ? On est dans la même situation qu’en 2003. »
La manifestation a obtenu un soutien de prestige avec la venue du danseur-grimpeur Antoine Le Ménestrel qui a grimpé la façade de l’Opéra pendant que les éléments de l’Orchestre jouait Palladio de Karl Jenkins, glisse Fabrice Durand : « Le choix de la musique avait un sens et sa durée aussi, puisqu’il fallait la faire coïncider avec temps de grimpe. Valy Martinez, membre du collectif qui occupe l’Opéra Confluence, a rencontré Antoine Le Ménestrel qui s’est joint à nous. Le collectif s’est occupé de l’organisation de cette matinée. Toute la manifestation a été organisée de mains de maître. Les choses ont été faites dans les règles de sécurité, une demande a été déposée en préfecture. »
Ce rassemblement a repris “Danser encore” de HK, fil musical qui réunit pour les manifestants dans un flashmob à chaque manifestation. Pour Fabrice Durand, cette chanson est du pain béni pour fédérer, même au-delà des frontières : « Elle est reprise en Belgique, en Allemagne. On dit même aux USA et au Mexique. Elle symbolise la recherche du lien social, du rôle de la culture. »
Assurance chômage, santé, éducation, culture au cœur des débats
A l’instar d’une centaine de lieu en France, depuis un mois un collectif occupe l’Opéra Confluence pour dénoncer le projet de loi modificative de l’assurance chômage et la réouverture des espaces culturels. Ce n’est pas tout, loin s’en faut. Son éventail de réflexion est large. Il demande que l’hôpital dispose de moyens tant matériel qu’humain, une politique culturelle du service public, la réouverture de salles de sports, de spectacles, des bars et restaurants, l’application de la convention citoyenne pour le climat. Si longtemps le monde du spectacle faisait les choses dans son coin pour se faire entendre, il semble que nombreux artistes sont au même diapason pour se faire entendre et voir. L’appel à un Fashmob a obtenu des échos un peu partout dans l’Hexagone. Avignon avait rejoint le train de la contestation samedi dernier place Pie. Avec quelque 300 manifestants, comme le glisse Fabrice Durand : « Ce qui nous a plu c’est qu’il y avait beaucoup de public et une vingtaine d’intermittents. C’est signe que les gens veulent que la vie culturelle reprenne. »
Si ce rendez-vous de ce vendredi a réchauffé les cœurs, le collectif, installé à l’Opéra Confluence en accord avec la direction de l’institution, reste mobilisé comme le souligne Valy Martinez : « C’était beaucoup d’émotions quand Antoine (Le Ménestrel) a déployé la banderole. Aujourd’hui nous n’étions pas dans le flashmob et on n’en fera pas demain. Nous préparons d’autres manifestions, nous avons tellement de points de contestation. Mais on les fera avec les gens, pas contre eux. Comme nous ne sommes pas tout seul. Nous sommes en relation avec la coordination nationale et ses 104 lieux. On discute à savoir où on se retrouve, c’est aussi une question d’argent, il faut aussi deux équipes, une pour se déplacer une pour occuper. Il est prévu qu’on se réunisse cette semaine. On note qu’à Avignon, notre collectif se renforce et qu’il est de plus en plus reconnu. Il s’est mis en place une solidarité avec des dons. Les commerçants nous aident en nous donnant leurs surplus.»
Le collectif organise à Opéra Confluence des assemblées générales tous les mercredis, vendredis et dimanches à 14h30.