A 14 ans, au lieu de pousser la porte de la salle de cours violon, Emmanuelle Dion est entrée dans l’atelier de lutherie. Le hasard a mis la Québécoise sur le chemin de Mirecourt où se situe l’École nationale de la lutherie. Elle a inventé un nouveau métier, agent d’artisans luthiers, car rarement les bons artisans sont de bons commerçants.

La Canadienne Emmanuelle Dion s'est installée comme luthière à Caromb en Vaucluse. Aux réparation et restaurations elle a ajouté une nouvelle corde à son violon en devant agent d'artisans luthiers.

La Canadienne Emmanuelle Dion s’est installée comme luthière à Caromb en Vaucluse. Aux réparation et restaurations elle a ajouté une nouvelle corde à son violon en devant agent d’artisans luthiers.

Elle est sans doute la seule en France et même la rare en Europe a proposé et exposé des violons, altos ou violoncelles qui ne sont pas de sa fabrication. Emmanuelle Dion devient agent d’artisans luthiers. Son parcours n’est pas commun entre le hasard qui l’a conduite à devenir luthier et quelques attirances pour le commerce avec un père banquier et une mère qui a ouvert une boutique quand elle a arrêté l’enseignement. Si Emmanuelle Dion est installée à Caromb, un village de Vaucluse dans la plaine du Comtat-Venaissin qui devance le mont Ventoux, rien dans sa voix ne laisse penser qu’elle est Canadienne de naissance ; elle dit qu’elle l’a perdu, bien qu’une fois par an elle traverse l’Atlantique. Pourtant, elle vient bien de la Belle Province. Comme souvent le hasard fait bien les choses. Se tromper vous amène là où vous devez aller, pour vous épanouir.

Devenue luthière en se trompant de porte

Alors qu’elle avait quatorze ans, elle allait apprendre le violon : « Je me trompée de porte, je suis entrée dans l’atelier de lutherie. J’ai été fascinée. Là on m’a dit que si je voulais devenir luthière, il fallait que j’aille à l’Ecole national de lutherie à Mirecourt dans les Vosges. J’ai quand même appris le violon pendant trois ans. »

La Canadienne Emmanuelle Dion s'est installée comme luthière à Caromb en Vaucluse. Aux réparation et restaurations elle a ajouté une nouvelle corde à son violon en devant agent d'artisans luthiers.

De nombreux hasards ont frappé à la porte d’Emmanuelle Dion.

Déballant ses outils dans la capitale française de la lutherie en 2010, elle a rejoint Caromb trois ans après : « Nous étions aidés par des mécènes et la maison était libre. » Un village qui abrite un autre facteur d’instruments : Bruno Reinhard qui fabrique, lui, des flûtes à bec.

Elle se situe dans le vieux village. En bas l’atelier avec quelques machines et à l’étage un autre atelier plus lumineux, partagé à trois : Gabriel Pasquier, archetier, Bogidar Vermand, qui fabrique les trois instruments du quatuor à cordes et Emmanuelle Dion. Elle, elle a choisi la restauration.

Tout allait bien jusqu’à ce que le hasard vienne frapper à sa porte, lui proposant de vendre les instruments de ses confrères. On peut s’en étonner, Rares sont les artisans, fins commerçants. Encore moins dans les métiers de passion comme la réalisation d’instruments de musique. Alors comment s’est réveillée cette fibre. Elle s’en amuse : « Je dois être la première agents de luthier en France et sans doute en Europe. J’ai peut-être des gênes avec un père banquier et une mère qui avait ouvert un commerce quand elle a cessé sa carrière d’enseignant. Les luthiers disent volontiers que la fabrication ou la réparation c’est 50% de leur temps. Les autres 50% sont consacrés à la vente ou à la promotion. Passer par un agent, c’est plus confortable pour eux. »

Elle représente une douzaine de luthiers dont elle expose les instruments dans les salons.

Emmanuelle Dion a glissé une douzaine de cartes différentes dans son porte-carte : « On peut dire qu’il y a un son pour un violon. » Alors, elle part à la rencontre des musiciens professionnels, étudiants de bons niveaux ou amateurs éclairés avec dans ses valises de présentation des instruments différents : « Après je les règle. Il faut quelques mois pour lui trouver une tension constante. Certains musiciens cherchent depuis quatre ans leurs instruments. Leur choix dépend de leur emploi. S’ils sont en orchestre, il ne faut pas que l’instrument ait trop de puissance. »

La Canadienne Emmanuelle Dion s'est installée comme luthière à Caromb en Vaucluse. Aux réparation et restaurations elle a ajouté une nouvelle corde à son violon en devant agent d'artisans luthiers.

La Canadienne Emmanuelle Dion s’est installée comme luthière à Caromb en Vaucluse. Aux réparation et restaurations elle a ajouté une nouvelle corde à son violon en devant agent d’artisans luthiers.

L’année 2020 a été chaotique pour Emmanuelle Dion : « Je participe au salon de Lyon et de Paris où 50 luthiers exposent et ils n’ont pas eu lieu cette année. Sur le stand, je représente plusieurs luthiers. J’ai leurs instruments en dépôt vente. Ce qui m’intéresse surtout c’est de défendre les instruments modernes. » Pour elle le débat ancien contre moderne n’a pas lieu : « Il y a eu des expériences à l’aveugle. Avec des musiciens, des luthiers, le public. Chacun avait des fiches à compléter ou mettre des appréciations. Un stradivarius a été classé quatrième… Derrière des instruments modernes. Et un violon d’aujourd’hui commence à 6000 euros, ce n’est pas 4 millions d’euros. »

Le sien de violon est rangé, elle dit qu’elle ne le joue presque plus : « Quand je suis arrivée ici, j’ai participé avec l’orchestre de Carpentras. Au Québec, je jouais derrière. Là on m’a fait jouer devant. Mais à un moment il faut être modeste. J’ai arrêté. Je n’ai pas arrêté la musique, je joue du piano et de l’accordéon. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Emmanuelle Dion