Le jeune chef estonien, Mihhael Gerts, se trouvait dans la cité phocéenne pour enregistrer avec l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille. Une captation audio hors public. Formé à l’école du chant choral dans son pays balte, où cette pratique est élevé au rang de religion, il est aussi directeur artistique du Tartu Tubin festival qui rend hommage aux œuvres d’Eduard Tubin (1905-1982).

mihhael gerts 1

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Mihhael Gerts s’adresse en français aux musiciens de l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille, avec qui le jeune chef estonien a collaboré le temps d’un enregistrement audio sur la scène de la maison phocéenne. Un concert en deux parties avec le Concerto pour piano en la mineur op.16 Edvard Grieg, où il avait comme interprète la pianiste bulgare Plamena Mangova. En seconde partie, il apportait sa vision de la Symphonie n°2 en la mineur de Camille Saint-Saëns.

Le jeune maestro ne cache pas son intérêt pour la France qu’il a découvert grâce à un concours : « J’avais gagné un concours en 2014 qui m’amenait à un projet en France.  La première chose que je devais faire était d’apprendre la langue. De la France, j’aime sa culture, sa littérature, l’architecture. C’est la première fois que je venais à Marseille, j’avais eu l’occasion de diriger l’Orchestre de Marseille à la Roque d’Anthéron en 2019. Pour cette première, j’ai effectué un remplacement. »

Mihhael Gerts préfère enregistrer la totalité de l’ouvrage pour conserver l’esprit

Certes ce n’était pas un concert en public, puisque l’accès aux salles de spectacle n’était pas encore autorisé : « La présence du public nous manque, on ne reçoit pas son énergie, bien que pour des enregistrements nous n’avons pas souvent le public. Néanmoins avec ou sans public, nous devons nous concentrer sur ce que nous avons à faire, avec la même énergie et la même attitude. » Hormis quelques phrases musicales qu’il fera reprendre, Mihhael Gerts glisse qu’il préfère enregistrer la totalité de l’ouvrage et revenir sur quelques passages : « Je ne cherche pas la perfection en travaillant mesure par mesure. Ce qui compte pour moi, c’est l’esprit de l’ensemble. Je compare une symphonie à un décathlon. Si on travaille les disciplines séparément, on va progresser une à une. Mais un décathlonien s’entraine et insiste dans une ou deux disciplines. Quelque chose en plus qui fera sa force. Chaque orchestre a des habitudes et des particularités qu’il faut prendre en compte. Il y a des choses que je ne peux pas changer : ma direction et mon physique. On apprend à travailler ensemble pendant les répétitions. »

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Mihhael Gerts juge que le plus important est de rester naturel : « Il faut faire le geste nécessaire. Picasso disait qu’il fallait quatre ans pour apprendre à peindre comme Rafael et toute une vie comme un enfant. Cette maturité vient avec l’âge et quand le physique est moins présent. Mais diriger avec la jeunesse, c’est transmettre une énergie incroyable. Ce qu’il faut c’est obtenir le meilleur résultat. L’âge n’est pas un problème. Le chef donne une idée en utilisant l’expérience de l’orchestre, il rassemble aussi. Car tous les musiciens ont une idée de l’œuvre. »

Pour cette Symphonie n°2 de Saint-Saëns, Mihhael Gerts a dû s’adapter à la disposition de la phalange en raison de la situation sanitaire : « Il faut anticiper encore plus. Le chef d’orchestre est un musicien qui ne joue pas d’instrument. Mais il concentre l’énergie de chaque musicien qui a ses propres possibilités, il définit le tempo et la caractère, il influence le parcours musical pour une compréhension commune.»

S’il est un art commun dans son pays balte, c’est bien le chant choral. Plus qu’une tradition c’est une institution. C’est par la chorale que Mihhael Gerts est arrivé à la direction : « J’ai fait un premier essai de chef de chœur à 13 ans. Je peux dire que par le chant la musique fait partie de ma vie. En Estonie, nous avons un festival de chant choral avec 20000 chanteurs et 100000 spectateurs. »

Lui-même assure la direction d’un festival, au mois d’octobre : le Tartu Tubin Festival, dédié aux œuvres d’Eduard Tubin : « Il a eu une vie tragique. Il s’est exilé en Suède. Je dirigerai sa symphonie n°11.»

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Kaupo Kikkas

 

Renseignement à Mihhael Gerts

 

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