La soprano Lou Benzoni Grosset croise les doigts pour que son concert du 30 mai soit maintenu. Il est affiché au musée Bossuet de Meaux où elle est aussi professeur. Après ce jeu d’atermoiement depuis un ans entre je joue, je ne joue pas, malgré l’annonce de la reprise culturelle, le doute est encore là pour la jeune cantatrice.

La soprano Lou Benzoni Grosset se partage entre la scène et les cours de chant au Conservatoire de Meaux. Photo crédit Jean-Christophe Millot.
Aura-t-il lieu ce concert au musée Bossuet de Meaux, ce 30 mai ? C’est le souhait de la soprano Lou Benzoni Grosset, native de Chamonix en Haute-Savoie : « C’est dur de se réjouir. On ne sait pas quand quelle limite nous serons autorisés. Mais si c’est vrai et que l’on puisse à nouveau aller sur scène, nous allons sauter au plafond. Depuis un an, on vit confiné. On a annulé et reporté. C’est difficile de travailler dans ces conditions, même si j’ai pu faire des vidéos, ça ne me convient pas. Quand je suis sur scène, c’est pour partager. Je chante dans toutes les pièces, mais pas dans la salle de bains. Le problème est que même si on se prépare en amont, on se dit c’est peut-être et entend cette petite voix inconsciente qui nous retient. En sachant que les concerts vont reprendre, on ressent l’enthousiasme teinté d’un sentiment de lassitude.»

La soprano Lou Benzoni Grosset se partage entre la scène et les cours de chant au Conservatoire de Meaux.
La Savoyarde glisse que jamais elle n’a pas pensé à faire un autre travail : « Je ne me voyais pas changer et faire une reconversion professionnelle. Comme élever des chèvres et faire des fromages. D’ailleurs je ne sais pas faire, j’apprendrais peut-être un jour. C’est vrai que j’adore le pastoralisme : ça fait rêver. Mais c’est quand même une année de perdue. »
La jeune chanteuse assure que la machine est prête à être mise en route : « L’espoir est là, le stress est là. Le bon stress ; celui pourquoi on fait ce métier et que je jour « J » il n’y a plus qu’à… » Plus qu’à réussir des concours, c’est la ligne droite qu’elle suivra cette année : « Comme les concerts de cet été ont été annulés je vais m’inscrire à des concours. Je vais me préparer à ça. Je les aborde pour me faire plaisir, comme un jeu, sans idée préconçue et sans m’arrêter aux échecs. J’y vais avec l’envie de faire ce qu’il me plaît et de rencontrer des gens intéressants. En fait, je me dis : la musique avant tout. Pour l’instant je n’ai passé qu’un seul concours et ce n’était pas un sentiment agréable. Je n’en ferai pas cinquante et ce n’est pas une obligation de passer par des concours pour réussir. »
Elle n’a pas d’agent, Lou Benzoni Grosset assure qu’elle se débrouille toute seule : « J’utilise les réseaux sociaux et j’apprends à me débrouiller pour trouver des dates. Ça n’apprend pas dans le cursus d’études. Mais c’est beaucoup de temps et d’énergie. Il parait que c’est important, certains artistes sont sur une, deux ou trois plateformes. Ça permet une visibilité mais j’espère que ça ne soit pas indispensable pour sortir du lot et faire reconnaître des talents pour suivre son chemin dans le métier qu’on a choisi. »
Si d’aucuns ont choisi des niches pour se différencier, Lou Benzoni Grosset trouvre que c’est une façon de se démarquer : « Je fais ce que j’aime pour défendre un projet et avancer et c’est aussi une façon d’aller vers des répertoires que l’on choisit. »
En attendant de remonter sur scène, Lou Benzoni Grosset poursuit l’enseignement dans sa ville de Meaux : « Je suis professeur depuis 5 ans sans avoir vraiment chercher. Depuis un an, j’enseigne par vidéo. Il a fallu se débrouiller. Ça fait partie du chemin. » Elle aimerait reprendre la route des concerts, sans se départir de l’enseignement : « Peut-être arriver à réduire le nombre d’heures de cours pour donner plus de concerts. Tout est question de proportion. »
Photos crédit Marlène Goulard.
Renseignement à Lou Benzoni Grosset
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