Que peut-on faire quand une pandémie empêche de faire son métier ? On se forme, c’est du moins ce qu’a fait la soprano Aurore Massat, installée à Muret près de Toulouse. Elle pratique l’aromathérapie, une nouvelle activité pour la chanteuse qui se produit sur scène et intervient comme professeur de chant.

La soprano toulousaine Aurore Massat s'est formée en aromathérapie

La soprano toulousaine Aurore Massat s’est formée en aromathérapie

A ses âges estudiantins, Aurore Massat partageait son temps entre l’université pour obtenir une licence en physiologie animale et le conservatoire de musique où la soprano travaillait ses vocalises. Quand les emplois du temps sont devenus ingérables, elle a fait le choix de la musique. Mais les sciences l’ont rattrapée au cours de la pandémie en suivant une formation en aromathérapie. Pour elle, la conjugaison du chant et des sciences font sens : « Un artiste a besoin de se connaître et on se reconnecte avec l’aromathérapie quand on a un souci. Les huiles essentielles, c’est mieux que la cortisone quand on a un problème aux cordes vocales. La formation que j’ai suivie vaut pour les chanteurs mais aussi pour les artistes, les sportifs et toute autre activité.»

Aurore Massat travaille en libéral, tant comme artiste lyrique comme concertiste ou au sein de la “troupe” Lyric’addict, où elle intervient dans diverses productions en chantant qui Michaela de Carmen de Bizet ou qui “Femmes, Femmes, Femmes”. Là, elle coudoie une autre soprano et une mezzo. Outre l’aromathérapie qui colore sa palette, elle intervient aussi comme professeur de chant : « Les places de titulaires dans les conservatoires sont chères. Imaginez, la professeur que j’avais vient de prendre sa retraite. Je fais des remplacements dans les écoles de musique. En indépendante, je me sens plus libre et pour les élèves c’est différent, je les ai une heure chacun. En école de musique on a les enfants une demi-heure dans les deux premiers cycles et 45 minutes en troisième cycle. »

Aurore Massat : « Je progresse en enseignant. »

La soprano toulousaine Aurore Massat s'est formée en aromathérapie

Pour la soprano Aurore Massat, il est nécessaire de reconnecter le corps et la voix après cette année d’arrêt forcé.

Aurore Massat glisse qu’elle aurait pu faire une carrière différente : « On est à la place qu’on a choisi, pas celle que l’on veut ou celle qu’on mérite. Une carrière, c’est un peu de talent, un bon timing et des rencontres. Je venais de me marier et on m’a fait une belle proposition. Mon mari m’a dit qu’il ne me verrait plus. Comme je suis toujours mariée, j’ai fait le bon choix. Et puis je voulais enseigner, accompagner les élèves sur scène. Certains chanteurs gagnent toutes les auditions et les concours et dans une production ils ne sont pas bons. Je suis fière d’avoir contribué à la réussite de certains chanteurs. » De cet enseignement prodigué à d’autres, Aurore Massat en profite, dit-elle : « Je progresse en enseignant. »

Malgré la réouverture possible des salles, la chanteuse a du mal à imaginer que pour les élèves les auditions de fin de saison aient lieu : « Je n’y crois pas. Mais c’est un but pour les élèves. Il suffit qu’il y ait un cas contact et la salle sera fermée, comme ça se passe dans les écoles. »

La reprise, c’est aussi pour les professionnels. L’analyse d’Aurore Massat est physiologique : « Il y a deux cas de figure : ceux qui ont très envie d’y aller et d’autres qui vont se demander est-ce que je sais encore faire ? La technique ne suffit pas. Il faut reconnecter le corps et la voix. Tout ça se travaille. Avec un risque de fatigue vocale. »

L’aromathérapie aidera le chanteur, assure-t-elle : « Toute substance a un effet placebo. On ne voit avec les enfants. Le meilleur moyen d’affronter la maladie c’est soi-même. C’est l’accumulation de récidives qui fait qu’à un moment on se sent fatigué, et on ne se bat plus. Mais un placebo ne modifie pas les cellules. »

Pour elle, le danger des chanteurs tient à ce que tout va trop vite : « On fait trop souvent passer le physique avant la voix. On demande à ce qu’une chanteuse soit mince, jeune et qu’à 25 ans elle possède une maturité vocale d’une chanteuse de 35 ans. »

Si regret il y a pour Aurore Massat c’est que ses enfants ne fassent pas de musique : « Ils ne veulent pas, ils font du dessin, du théâtre ; on verra. Ça va s’arrêter là pour la musique. Elle fait partie de ma famille : ma grand-mère chantait, mon père jouait de la trompette. » Elle a commencé par le violon : « C’est tellement difficile, il faut une telle rigueur. Le chant ce n’est pas pareil. J’ai pratiqué le violon huit ans, ça a été quatre ans de calvaire. J’ai eu de la chance pour apprendre le solfège, ma professeur me faisait chanter, j’ai donc appris en chantant. J’ai une oreille relative, pas absolue. C’est mieux pour le chanteur. Je cherche le côté positif. On trouve toujours des avantages à chaque chose.» 

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Aurore Massat