Malgré une année artistique difficile, la mezzo italienne native de Salerne, vivant à Rome, Patrizia Iervolino  se réjouit des collaborations de diverses régions du monde qu’ont permises les réseaux sociaux.  La confrontation culturelle, comme la religion l’aident à fouiller qui elle est pour progresser. Lire en version italienne ci-dessous.

Petit à petit, les salles de spectacle ouvrent à nouveau leurs portes. Qu’en est-il en Italie et comment avez-vous vécu cette année de confinement ?

Cela a été une année difficile à bien des points de vue, mais je serais ingrat si je ne reconnaissais pas que dans l’isolement forcé j’ai eu la chance de rencontrer des artistes extraordinaires à travers les médias sociaux, dont la collaboration à distance m’a enrichi à la fois sur un niveau humain. Des compositeurs et des musiciens de différentes régions du monde, avec des compétences et des expériences aussi hétérogènes, m’ont appris que la musique est ce langage universel qui unit malgré les différences culturelles, géographiques et linguistiques. Ma gratitude va tout d’abord aux compositeurs qui m’ont donné l’opportunité d’interpréter leur merveilleux design artistique en composant pour ma voix, parmi lesquels je voudrais mentionner (par ordre alphabétique) Maestro Gastón Arce Sejas (Bolivie), Maestro Danilo Lamas ( Brésil) et Maestro François Pernel (France).

Aujourd’hui, on se rend compte que beaucoup d’artistes changent de pays pour poursuivre leurs études musicales. Est-ce votre cas ? et pourquoi selon vous est-ce important (ou non) de d’appréhender d’autres cultures ?

La mezzo-soprano italienne Patrizia Lervelino (3)

La mezzo-soprano italienne Patrizia Iervolino

Cette question m’a rappelé que pendant mes études supérieures au Conservatorio Santa Cecilia de Rome, j’ai représenté la minorité italienne dans la classe de musique de chambre vocale. J’ai eu le plaisir de pouvoir me comparer à des musiciens de nationalités différentes. La confrontation culturelle m’a enrichie et m’a aidée à prendre encore plus conscience de ce que je suis et de mes racines historiques. J’aime beaucoup voyager, même si pour le moment je compte rester en Italie. La musique représente pour moi le Grand Tour dans l’univers humain, un billet de première classe au cœur de l’histoire.

Le chant lyrique est bourré de paradoxe et vous en êtes un exemple où il attire beaucoup de jeunes sur scène et presque pas dans les salles. Vous étiez-t-il facile de dire à vos amies : je vais devenir chanteuse d’opéra, sans qu’on se moque de vous ?  être chanteuse lyrique en Italie est-ce encore une image recherchée ?

Ma première approche du chant d’opéra s’est faite par hasard vers l’âge de 18 ans et l’étude de la technique du « bel canto » a totalement changé ma perception de la voix humaine. Le chanteur d’opéra exploite tout le potentiel que lui offre la nature, sans avoir besoin de recourir à des instruments artificiels qui amplifient le son. Des amis ont accueilli mon choix avec étonnement et m’ont comblée de questions sur la respiration diaphragmatique ! Être chanteur d’opéra en Italie aujourd’hui est une mission de civilisation. Je ressens le devoir de transmettre, en particulier aux nouvelles générations, la mémoire de cet immense patrimoine artistique et culturel que le passé nous a légué. La musique est différente des autres arts. Par exemple, le peintre nous laisse son œuvre picturale en la livrant sur un support. La composition musicale, en revanche, sans les artistes qui, avec leur sensibilité personnelle, lui donnent vie, resterait emprisonnée sur un papier mort.

Beaucoup d’artistes aujourd’hui cherche des niches pour s’exprimer. Certaines vont vers des répertoires oubliés d’autres vers le contemporain ? Outre votre activité de chanteuse vous réalisez vous par ailleurs ?

En tant que musicologue et mezzo-soprano, j’ai toujours essayé de faire dialoguer ces deux compétences, afin que l’une puisse être un support à l’autre. La recherche et la diffusion de musiques inédites associent mon amour pour la connaissance historique à une ardente passion pour le chant. Dans mon essai sur la vocalité baroque intitulé « Le vibrato à l’origine de la vocalité baroque », j’ai essayé de lire les sources anciennes à la lumière des connaissances acquises aujourd’hui dans le domaine de la phoniatrie, pour clarifier quelques questions importantes concernant la pratique de l’interprétation vocale du XVIIe siècle . L’un des événements artistiques dont je me souviens avec plus de joie a été un cours de concert organisé à l’Université Antonianum de Rome avec un collègue et ami claveciniste Maestro Fabio Nesbeda. Nous avons interprété des cantates romaines inédites du milieu du XVIIe siècle que nous avions précédemment transcrites en notation moderne. Ces compositions sont enfermées dans un carnet d’étude d’une chanteuse nommée « Cecilia musica ».

Beaucoup d’artistes sont en recherches, qu’elles soient religieuses ou philosophiques. Est-ce votre cas ?

La mezzo-soprano italienne Patrizia Lervelino (3)

La mezzo-soprano italienne Patrizia Iervolino

Je suis catholique et ma foi influence fortement ma recherche artistique. Le chant est la seule chose qui nous unit aux anges et c’est la chose que le diable déteste le plus, car chanter lui rappelle qu’il est un ange déchu. La voix exprime toute l’essence de notre âme et le bon chant a le pouvoir d’amener les âmes à Dieu. Je me souviens toujours avec émotion de l’épisode de la conversion de Paul Claudel qui à Noël 1886 se rendit à Notre-Dame pour assister à la récitation des Vêpres. Les enfants ont chanté l’hymne du Magnificat. L’inattendu s’est produit. Il entra dans la cathédrale athée et en sortit en chantant avec la joie exubérante d’un enfant qui vient de retrouver ses parents. Je suis conscient du fait que des pages d’une douce beauté ont été écrites par des compositeurs plus ou moins connus dans le but d’accompagner les Fonctions liturgiques, mais cette musique est maintenant tombée dans l’oubli. J’ai transcrit en notation moderne et joué avec mon collègue claveciniste Maestro Fabio Nesbeda la composition “Mercoledì Santo da Sera (Feria Quinta in Coena Domini, In Primo Nocturno, Lectio II)”, tirée du Livre des Lamentations de Francesco Ricupero.

Ricupero, musicien napolitain du milieu du XVIIIe siècle, a travaillé dans la chapelle de la famille Bourbon et est l’un des nombreux compositeurs dont nous avons aujourd’hui perdu la mémoire. Récemment, j’ai pu apprécier le travail du compositeur français tout aussi méconnu Émile Louis Fortuné Pessard, professeur de Maurice Ravel et Jacques Ibert. Grâce à la reconstitution numérique de l’orchestre que m’a fournie le Maestro Andrea Dell’Era, j’ai eu le plaisir d’interpréter une œuvre sacrée d’une grande élévation spirituelle intitulée «La Reine des Anges»

Ce travail de transcription et d’exécution fait partie d’une mission que je pourrais résumer, si je veux emprunter les mots de Dostoïevski, avec cette courte phrase: « La beauté sauvera le monde »

Cette pratique vous a-t-elle aidée à franchir cette année passée ?

Cette question m’a rappelé l’œuvre de Saint Jean de la Croix intitulée  » La Nuit obscure  » sur laquelle je médite depuis plusieurs mois. La prière et la proximité des sacrements nourrissent l’âme, c’est pourquoi elles aident à traverser les déserts qui surgissent dans la vie et qui sont nécessaires pour voir clairement qui nous sommes et quel but nous nous sommes fixés.

Quel est pour vous le lien entre la religion et le chant lyrique ?

La musique sacrée et le chant d’une manière particulière ont le pouvoir de faire fleurir dans le cœur ce jardin mystique dont parle Sainte Thérèse d’Avila.

Vous considérez-vous comme mystique ?

Je suis fortement attiré par les figures des grands mystiques chrétiens.

Bruno ALBERRO

Version italienne

Nonostante un terribile anno artistico, il mezzosoprano italiano nativo di Salerno, che vive a Roma, Patrizia Iervolino, accoglie collaborazioni da varie regioni del mondo grazie ai social network. Il confronto culturale l’aiuta a cercare di progredire.

La mezzo-soprano italienne Patrizia Lervelino (3)

La mezzo-soprano italienne Patrizia Iervolino.

A poco a poco, i teatri riaprono i battenti. Che mi dici dell’Italia e come hai vissuto quest’anno di reclusione?

È stato un anno difficile da tanti punti di vista, ma sarei un’ingrata se non riconoscessi che nell’isolamento forzoso ho avuto la fortuna di incontrare attraverso i social artisti straordinari, la cui collaborazione a distanza mi ha arricchito sia sul piano artistico che umano. Compositori e musicisti provenienti da diverse parti del mondo, con bagagli di competenze e di esperienze così eterogenei mi hanno insegnato che la musica è quella lingua universale che unisce nonostante le differenze culturali, geografiche e linguistiche. La mia gratitudine va innanzitutto a quei compositori che mi hanno concesso l’opportunità di interpretare il loro mirabile disegno artistico componendo per la mia voce, tra questi vorrei ricordare (in ordine alfabetico) il Maestro Gastón Arce Sejas (Bolivia), il Maestro Danilo Lamas (Brasile) e il Maestro François Pernel (Francia).

Oggi ci rendiamo conto che molti artisti si stanno trasferendo in un altro paese per proseguire i loro studi musicali. È questo il tuo caso? e perché pensi che sia importante (o no) capire le altre culture?

Questa domanda mi ha fatto ricordare che durante i miei studi post-diploma al “Conservatorio Santa Cecilia” di Roma, nella classe di Musica Vocale da Camera io rappresentavo la minoranza italiana. Ho avuto il piacere di potermi confrontare con musicisti di diverse nazionalità. Il confronto culturale mi ha arricchito e mi ha aiutata a  prendere coscienza ancora più profonda di ciò che sono e delle mie radici storiche. Amo moltissimo viaggiare, anche se per il momento penso di restare in Italia. La musica rappresenta per me il Grand Tour nell’universo umano, un biglietto in prima classe nel cuore della storia.

Il canto lirico è pieno di paradossi e tu ne sei un esempio dove attira molti giovani sul palco e quasi non nei teatri. È stato facile per te dire ai tuoi amici che diventerò un cantante lirico, senza essere preso in giro? essere una cantante lirica in Italia è ancora un’immagine ricercata?

Il mio primo approccio con il canto lirico è avvenuto per caso intorno ai 18 anni e lo studio della tecnica del “bel canto” ha cambiato totalmente la mia percezione della voce umana. Il cantante lirico sfrutta tutto il potenziale che la natura gli offre, senza la necessità di ricorrere a strumenti artificiali che ne amplifichino il suono. Gli amici hanno accolto con stupore la mia scelta e mi hanno inondato di domande sulla respirazione diaframmatica! Essere una cantante lirica in Italia oggi è una missione di civiltà. Sento il dovere di trasmettere, soprattutto alle nuove generazioni, la memoria di quell’immenso patrimonio artistico e culturale che il passato ci ha consegnato in eredità. La musica è diversa dalle altre arti. Il pittore ad esempio ci lascia la sua opera pittorica consegnandola a un supporto. La composizione musicale, invece, senza gli artisti che con la loro personale sensibilità le danno vita, resterebbe imprigionata su una carta morta.

Molti artisti oggi cercano nicchie per esprimersi. Alcuni vanno a repertori dimenticati, altri al contemporaneo? Oltre alla tua attività di cantante, te ne rendi conto anche tu?

In quanto musicologa e mezzosoprano ho sempre cercato di far dialogare queste due competenze, affinché l’una potesse essere di supporto all’altra. La ricerca e la diffusione di musica inedita unisce il mio amore per la conoscenza storica con l’ardente passione per il canto. Nel mio saggio sulla vocalità Barocca dal titolo “Il vibrato all’origine della vocalità barocca” ho tentato di leggere le fonti antiche alla luce delle odierne conoscenze acquisite in ambito foniatrico, per fare chiarezza su alcune importanti questioni che riguardano la prassi esecutiva vocale del Seicento. Uno degli eventi artistici che ricordo con maggiore gioia è stata una lezione concerto tenutasi presso l’Università Antonianum di Roma insieme al collega e amico clavicembalista Maestro Fabio Nesbeda. Abbiamo eseguito alcune cantate romane inedite della metà del Seicento che avevamo precedentemente trascritto in notazione moderna. Queste composizioni sono racchiuse in un quaderno di studio di una cantante di nome “Cecilia musica”.

Molti artisti sono alla ricerca, sia religiosa che filosofica. È questo il tuo caso ?

Sono cattolica e la mia fede influisce fortemente sulla mia ricerca artistica. Il canto è la sola cosa che ci accomuna agli angeli ed è la cosa che il demonio detesta più di tutte, perché il canto gli ricorda di essere un angelo decaduto. La voce esprime tutta l’essenza della nostra anima e il buon canto ha il potere di portare anime a Dio. Ricordo sempre con commozione l’episodio della conversione di Paul Claudel che nel Natale del 1886 si recò a Notre Dame per assistere alla recita dei Vespri. I fanciulli intonarono il canto del Magnificat. Accadde l’impensato. Egli entrò ateo nella Cattedrale e ne uscì cantando con la gioia esuberante di un bambino che ha appena ritrovato i genitori. Sono consapevole del fatto che pagine di soave bellezza sono state scritte da compositori più o meno noti allo scopo di accompagnare le Funzioni Liturgiche, ma questa musica è ormai caduta nell’oblio. Ho trascritto in notazione moderna ed eseguito insieme al collega clavicembalista Maestro Fabio Nesbeda la composizione Mercoledì Santo da Sera (Feria Quinta in Coena Domini, In Primo Nocturno, Lectio II), tratta dal Libro delle Lamentazioni di Francesco Ricupero.

Ricupero, musicista napoletano della metà del XVIII secolo, operava presso la cappella della famiglia borbonica ed è uno dei tanti compositori di cui ormai abbiamo perso memoria. Recentemente ho potuto apprezzare l’opera dell’altrettanto poco noto compositore francese Émile Louis Fortuné Pessard, maestro di Maurice Ravel e Jacques Ibert. Grazie alla ricostruzione digitale dell’orchestra fornitami dal Maestro Andrea Dell’Era ho avuto il piacere di eseguire un brano sacro di grande elevazione spirituale dal titolo “La Reine des Anges”.

Questi lavori di trascrizione ed esecuzione rientrano nel solco di una missione che potrei sintetizzare, volendo prendere in prestito le parole di Dostoevskij, con questa breve frase : “La bellezza salverà il mondo”.

Questa pratica ti ha aiutato a superare lo scorso anno?

Questa domanda mi ha ricordato l’opera di San Giovanni della Croce dal titolo “Notte oscura” sulla quale medito da diversi mesi. La preghiera e la vicinanza ai Sacramenti sono il nutrimento per l’anima, quindi aiutano ad attraversare i deserti che nella vita si presentano e che sono necessari per vedere con chiarezza chi siamo e quale meta ci siamo prefissati di raggiungere.

Quale pensi sia il legame tra religione e canto lirico ?

La musica sacra e il canto in maniera particolare, hanno il potere di far fiorire nel cuore quel giardino mistico di cui parla Santa Teresa d’Avila.

Ti consideri mistico?

Sono fortemente attratta dalle figure dei grandi mistici cristiani.

Bruno ALBERRO

 

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