Il fait le show et il souffle le chaud. Sur les traditions.

Le violoniste Nemanja Radulovic a levé le rideau des Chorégies d’Orange. On le sait le musicien franco-serbe ajoute la forme à la façon. Façon pop star Doc Martins au pied, costume fantasque à la Elton John, mais en noir et blanc. Il avait invité son ensemble Double sens où il a rassemblé des musiciens français et serbes. Là, Nemanja Radulovic joue la complicité et les grands sourires avec les pupitres comme un guitariste de rock s’amuse avec son batteur ou sa basse. Rock star, vous dis-je. Avec eux la musique ça se voit.

Dans la lignée de Nigel Kennedy, même si l’Irlandais est plus punk que rock, Nemanja Radulovic respecte les codes du concert ; l’ensemble s’installe, le premier violon monte les marches en dernier pour accorder les pupitres, avant de laisser Nemanja Radulovic se positionner au milieu de l’arc des cordes. Une autre tradition a été rompue aux Chorégies avec un son amplifié pour une scène avancée dans la cavea, rapprochant les artistes des gradins. Rupture totale ou presque pour les puristes qui attendent la fin des mouvements pour applaudir. Ils ont quelque peu bouder, ne pouvant empêcher les battements de mains dès l’extinction d’une note.

Les gradins s’expriment ! Le classique se fait populaire. Au rappel, ça s’entend avec cette reprise d’Abba rythmée par le public enchanté.

Bouleversement, révolution ? Sortir des carcans ? Sortir des jougs de la musique dite élitiste ? C’est peut-être nécessaire pour attirer un nouveau public, voire le rajeunir pour que les auditeurs de la musique classique évoluent vers d’autres productions que le concertiste en queue de pie, bien conservé dans la tradition. Le pari des Chorégies a été gagné pour cette soirée avec un public conquis, par ce qui se passait sur scène avec un Nemanja Radulovic théâtral. D’autant que le choix éclectique du programme est allé de l’archiconnu avec les Quatre saisons de Vivaldi, à une pièce contemporaine de moins de 10 ans d’Aleksandar Sedlar : Spring in Japan ou encore le concerto de Nikolaï Rimski-Korsakov, ouvrage magistral.

Pour la suite du pari des Chorégies, après ce succès d’estime, on verra ce vendredi 9 juillet à 21h30, pour la deuxième soirée du festival, si le public venu spécialement pour Radulovic se déplacera pour écouter, ou découvrir, Vengerov dans le concerto de Brahms. Un des plus fameux ouvrages classiques pour violon qui sera suivi de la Ve symphonie de Beethoven. Une des œuvres les plus populaires qui soient.

Bruno ALBERRO

 

Aux Chorégies d’Orange en bref

  • Le vendredi 9 juillet à 21h30, concert du violoniste Frank Vengerov ;
  • Le samedi 10 juillet à 21h30, Samson et Dalila, opéra de Camille Saint-Saëns ;
  • Le mardi 13 juillet à 21 heures, la Scène émergente ;
  • Le vendredi 16 juillet à 21h30, concert de Cécilia Bartoli ;
  • Le mardi 20 juillet à 21 heures, Casta Diva de Giovanni Bellucci ;
  • Le jeudi 22 juillet à 21h30, Ballet for life par le Béjart Ballet Lausanne ;
  • Le samedi 24 juillet à 21h30, Soirée Verdi ;
  • Le mardi 27 juillet à 21h30, ciné-concert avec le Kid de Charlie Chaplin ;
  • Le samedi 31 juillet à 21h30, La symphonie des jeux vidéos.

Renseignement aux Chorégies d’Orange