Dans le futur, Guillaume Saint-James se voit plus compositeur qu’interprète, avec pour désir pour mêler les univers du jazz et de la musique classique. Comme il l’a fait dernièrement avec Symphonie bleu ou la symphonie ouvrière, fruit d’une collaboration avec l’Orchestre Victor-Hugo de Besançon.

Dans quel ordre, je vous ai dit ? Saxophoniste et compositeur. C’est parce que je viens de faire une heure de saxo. Ainsi commence la rencontre avec Guillaume Saint-James.  Il prononce James avec un “a” à la française et non avec un “è” à l’anglaise. Après une ou deux secondes silencieuses, il glisse : « Je pense que je serais de plus en plus compositeur. »

Le saxophonsite et compositeur Guillaume Saint-James

Le saxophoniste et compositeur Guillaume Saint-James balance entre jazz et musique classique.

Son univers primal est le jazz, son avenir est de réunir la musique classique et le jazz. En témoignent ces dernières littératures comme La Symphonie bleue ou la Symphonie ouvrière qu’il a travaillée et enregistrée avec l’Orchestre Victor-Hugo de Besançon : « C’est une rupture par rapport à ce qui se fait en France. Aux États-Unis, c’est normal pour un musiciens de changer de genre. » Pour cela, il faut aller vers l’autre. Lui-même en fait l’expérience en regardant une direction d’orchestre : « Je ne comprends rien aux mouvements de bras du chef. Cette passerelle entre jazz et classique, il faut la faire. Les choses bougent, comme le montre Baptiste Trotignon. Il y a des labels qui s’impliquent. Ce que disait Armstrong, il y a de la bonne et de la mauvaise musique. Il y a des expériences de mélanger les genres mais si ça ne raconte rien, ça ne sert à rien, sauf à perdre l’identité.» Il regrette qu’en France on ait perdu le sens de la découverte : « La France a été un pays de création. Il y a un problème à l’Education nationale où on broie l’esprit de création. La création, c’est ce qui nous fait et elle n’est pas considérée comme essentielle dans le cursus scolaire. »

Quand Guillaume Saint-James parle création composition, son saxophone n’est pas jamais loin, rappelant que c’est le dernier instrument qui a rejoint l’orchestre : « Il existe un traité de Berlioz de 1844. Au début l’instrument imaginé par Adolf Saxe est destiné aux fanfares militaires. Peu à peu il a intégré l’orchestre. Je cite Marcel Mule qui a rouvert la classe de saxophone au Conservatoire national supérieur de Paris (NDLR : en 1942). »

Sur l’histoire de son instrument, Guillaume Saint-James est intarissable. Il se souvient d’il y a deux ans quand il a été célébré l’arrivée des soldats américains pendant la Première Guerre mondiale et qu’ils ont amené avec eux le Rigetime : « J’avais composé pour l’occasion Black Bohemian, un concerto pour saxophone et orchestre qu’avait interprété l’américain Branford Marsalis. C’est  vraiment la star mondiale du saxophone, comme Richard Galliano à l’accordéon. Si quelqu’un peut faire le pont entre le jazz et la musique classique, c’est lui. Je n’aime pas parler de musique savante. »

« Tous les musiciens de jazz cherchent à développer un son personnel.»

Le saxophonsite et compositeur Guillaume Saint-James

Le saxophonsite et compositeur Guillaume Saint-James vient de graver un CD chez Indésens.

Si différence il y a entre les deux styles musicaux qu’il affectionne, ce serait le son : « Tous les musiciens de jazz cherchent à développer un son personnel.»

Si regret on entend chez Guillaume Saint-James, ce serait d’avoir dû arrêter son festival Jazz dans les écluses, après 15 ans, faute de moyens, faute de temps, faute de soutien. Pour ressentir son amertume, il suffit de lire son billet sur les réseaux sociaux quand il a baissé le rideau.

A ceux qui se pose la question s’il existe un lien entre Guillaume Saint-James et la marque de rhum de la Martinique, il s’en amuse : « Saint-James est un nom connu en Normandie. Le nom du rhum c’est l’idée de marketing d’un curé en Martinique quand Napoléon a interdit que ses soldats boivent du rhum. Le curé a voulu vendre aux Anglais, comme il y avait des familles Saint-James dans le sud de l’Angleterre, il a appelé son rhum ainsi. Il a été ouvert un club Saint-James. Pendant trois ans, je suis allé jouer là-bas. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à Guillaume Saint-James

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