Les Musicales du Luberon retrouve des couleurs cet été. Le festival présidé par Patrick Canac aura lieu du 13 au 31 juillet. La soprano Patricia Petibon ouvre cette nouvelle saison à Apt, dans un répertoire baroque.

petibon credit Bernard Martinez

La soprano Patricia Petibon ouvre le festival des Musicales du Luberon. Photo crédit Bernard Martinez.

« Excusez-moi, j’étais en train de réparer l’électricité de la maison », glisse Patricia Petibon. « Je prends facilement un tournevis et un marteau. Je ne suis pas féministe ou du mon moins dans le bon sens en tout cas pas extrémiste. » Le 13 juillet, la soprano retrouvera le chemin des concerts en se produisant aux Musicales du Luberon à Apt. Un concert baroque qu’elle a déjà interprété à Auvers-sur-Oise après trois mois de silence, pour reprendre ses termes.

Le corps, l’énergie, le physique sont autant de mots et d’images dans son propos. Elle n’a pas d’appréhension à remonter sur scène : « Pendant cette période particulière, j’ai fait beaucoup de sport. J’ai travaillé à maintenir le physique et l’énergie. Mais monter sur scène, c’est comme le vélo. Il faut retrouver l’émotion et les sensations que le corps renoue avec ses sensations avec le physique avec la sueur. Le spectacle respire. Il faut le courage de retrouver cette énergie vitale, de renouer à la vie. Toute la vie d’un chanteur est basée sur la respiration. Si le chanteur comme le sportif doit travailler tous les jours, ce n’est pas la même respiration. Si on fait des pauses, jamais un artiste ne n’est arrêté si longtemps. Pendant des mois on a été atrophié, recroquevillé comme une murène. C’est là le danger et il faut du courage pour sortir de cette situation ; le mental a prend un coup dans cette guerre des nerfs et on est malheureux de ne pas voir les gens heureux. On a vu des personnes âgées complètement avachies. Depuis le début, j’ai lutté contre ça.  Il faut faire des efforts pour bien prononcer quand on porte un masque. Nous sommes aseptisés. Ce que nous avons vécu fait naître beaucoup de choses et on vit des moments étranges où il faut donner au corps la place qu’il mérite, c’est franchir aussi les obstacles. Renaître sur scène, c’est s’attaquer à ces obstacles. »

Patricia Petibon défend l’art comme essentiel : « La mise en scène passe par le corps. Pour transmettre une émotion, elle doit d’abord vivre en nous pour pouvoir le transmettre à l’autre. La vie serait triste sans cette transmission. » Si certains artistes se posent des questions sur la suite de leur carrière après cette pandémie, Patricia Petitbon assure que ces questions de la vie sur scène par rapport à la vie ordinaire, elle ne se les pose pas plus maintenant qu’avant : « Je ne suis pas un folle de la valise. Je ne me sens pas une voyageuse mais une exploratrice. »

Si à Apt pour les Musicales du Luberon, La soprano prépare un spectacle de musique baroque, elle glisse qu’elle défend aussi la composition contemporaine, tout en se méfiant de ce mot : contemporain, qui pourrait faire fuir des oreilles mal habituées : « On peut tout écouter, tout dépend où est placé le curseur. En fait, il faut être prêt à accéder à cette curiosité. Au théâtre des Champs-Elysées, après la Vois Humaine de Poulenc d’après Cocteau, j’ai eu à cœur de défendre Point d’orgue  composé par Thierry Escaich (NDLR : D’après un texte d’Olivier Py). Je crois à la force réparatrice de l’art. C’est difficile de lui trouver une place dans cette époque où place est laissé à l’argent et au consumérisme. Sans art, on imagine un paysage glacial, sans poésie. »

Bruno ALBERRO

 

Les Musicales du Luberon en bref

  • Le mardi 13 juillet à 21h30 avec Patricia Petibon & les Métamorphoses Baroques à l’Espace Jean Giono à Apt
  • Le jeudi 15 juillet à 21h30 avec De Buenos-Aires à Apt, Éloge du tango avec SpiriTango Quartet, Fanny Azzuro (piano), Thomas Chedal (accordéon), Fanny Stefanelli (violon), Blanche Stromboni (contrebasse) à l’Espace Jean Giono à  Apt ;
  • Le mardi 20 juillet à 9h30 à la Maison Dora Maar à  Ménerbes
  • Le mercredi 21 juillet à 19 heures avec Soupirs & Passions par Emmanuelle de Negri (soprano), Le Consort, Justin Taylor (Clavecin) à l’Église Saint-Luc à Ménerbes
  • Le lundi 26 juillet à 19 heures avec Canta Napoli par Valentin Thill (Ténor) Franck Benel (Piano) à l’Église Saint-Luc  à Ménerbes
  • Le jeudi 29 juillet à 21h30 avec Diana Damrau & Nicolas testé dans « Vivre ou Périr d’Amour » avec l’Orchestre National Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman (direction) au Théâtre des Carrières aux Les Taillades ;
  • Le samedi 31 juillet à 22 heures avec La Prima Donna, projection du film de Tony Saccucci Place de la mairie à Ménerbes.

Renseignement au Musicales du Luberon