Le 18 juillet, le ténor Julien Dran sera en concert à Gordes pour le festival Les Saisons de la voix, dirigé par Raymond Duffaut. Comme beaucoup d’artistes, la période de confinement a été aussi pour le chanteur lyrique un moment de remise en cause.

Il se dit content de travailler, content de retrouver le public. Julien Dran sera de distribution du concert d’été du 18 juillet à Gordes pour le festival Les Saisons de la voix où il retrouvera la soprano Vannina Santoni et le baryton Jérôme Boutillier.

Julien Dran a chanté "La fille du régiment" de Donizetti à l'Opéra Grand-Avignon

Julien Dran a chanté « La fille du régiment » de Donizetti à l’Opéra Grand-Avignon

Pas vraiment une reprise cette soirée lyrique pour le ténor français, puisque Julien Dran dit bien qu’il a continué à travailler toute cette année, bien que placée sous le sceau de la pandémie. Même si le plus souvent c’était des captations, comme ces Pêcheurs de perles à Marseille. Marseille est une des rares maisons qui a assuré la saison. Julien Dran n’a pas d’avis tranché sur la question s’il fallait jouer ou pas, fût-il sous les regards d’une caméra : « Certains directeurs disent qu’il ne fallait pas jouer car l’opéra est un spectacle vivant. D’autres comme Marseille on choisi le streaming. Nous pouvons les remercier car ce choix nous a permis de travailler. Ce qui était bien sur le plan financier mais aussi pour le moral. Mais c’est vrai pour ma part, que sans le public c’est différent. Et que le streaming fige les choses, ça engendre du stress supplémentaire car on cherche une forme de perfection. Chanter sans public, c’est difficile. Alors je dis aux gens : Ne regardez pas un opéra à la télévision, regardez le en vrai. Il m’arrive de regarder des opéras en vidéo interprétés par ce que j’appelle mes maîtres. On sent bien qu’ils ne cherchent pas la perfection, mais qu’ils chantent l’instant. Cette spontanéité existe devant un public. A la maison, on travaille et on corrige mais dans un concert, l’important est de ressentir que le public est heureux. » 

A Gordes, Julien Dran retrouvera Raymond Duffaut : « Je lui dois mes premiers rôles, mes débuts aux Chorégies d’Orange. C’est grâce à lui, si j’en suis là. Il pense sur la longueur d’une carrière et voit comment la voix va évoluer. »

Justement cette année a donné envie à Julien Dran, de voir sa carrière différemment : « J’aimerais bien chanter à l’étranger pour défendre le répertoire français. » Cette modification d’itinéraire n’est pas la seule réflexion menée par Julien Dran au cours de la saison passée : « Pendant le premier confinement, j’ai ressenti le besoin de revenir à l’homme normal, de détendre le corps, de vivre en famille, de prendre aussi un peu de poids. Au cours de cette période, j’ai accepté aussi qu’être chanteur était un métier fragile et que peut être il fallait envisager de faire autre chose, tout en sachant que la seule chose qui me plaisait était de chanter et d’être sur scène. Toutefois même si j’ai fait des études de commerce, je ne voyais pas faire ce métier. » Ajoutant que le capitalisme est en train de détruire la société : « C’est ce que je pense et ça n’engage que moi. » Le capitalisme vivant de la concurrence.

Un autre mot qui contrarie Julien Dran quand on évoque une rivalité avec d’autres chanteurs de sa génération : « La seule concurrence qu’on puisse avoir c’est avec soi-même. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, qu’on peut être plusieurs à chanter le même personnage. Ce sera différent car on aura eu des professeurs différents, qu’on aura eu des approches du personnage différentes. Après une carrière c’est une question de chance ou d’agent. Parfois on se sent supérieur ou inférieur à un autre chanteur, mais je ne m’arrête pas à ces considérations car dans notre métier, nous avons suffisamment d’obstacles à franchir. »

Bruno ALBERRO

 

Le programme des Saisons de la voix :

  • Le 18 juillet à 21h45 Concert d’été avec Vannina Santoni, Julien Dran et Jérôme Boutillier accompagnés par Karolos Zouganelis, piano ;
  • Le 16 août à 21h30 NO(S) DAMES avec le quatuor Zaïde et le contre ténor Théophile Alexandre ;
  • Les 4 et 5 septembre 13e concours international de la mélodie de Gordes ;
  • Le 26 septembre, concert d’automne avec Maud Bessard-Morandas, soprano et Ayaka Niwano, piano.

Renseignement aux Saisons de la voix