Paillettes, chaussures compensées et académiques colorés, tout renvoie à la fête dans les codes utilisés par Maurice Béjart dans son « Ballet for Life. Des fêtes d’un autre temps, il y a plus de trente ans, quand la jeunesse ne pouvait pas être si innocente. Quand l’amour tuait comme l’a si tragiquement rappelé un soliste face aux spectateurs des Chorégies, ce jeudi soir. « Vous nous avez dit : faites l’amour pas la guerre. Nous avons fait l’amour ; pourquoi l’amour nous fait-il la guerre ? »

Un rappel pour un public qui se laisserait facilement emporter par les mélodies pop de Freddie Mercury et les costumes excentriques de Gianni Versace : « Ballet for life » parle de la fête, mais pas que. Les brancards et les linceuls évoquent les dommages de l’époque Sida, sans pour autant jamais tomber dans le pathos. Les corps se veulent toujours fiers, vivants, héroïques.

On retrouve la gestuelle de Béjart. Des lignes claires et franches. Des corps tendus et aériens. Mais ici les torses se bombent pour rendre hommage à la communauté queer, aux artistes et aux amis. Une vidéo projetée sur le mur du théâtre en fin de ballet viendra éclairer la lecture. Il n’y a pas que les gestes de Béjart, il y a aussi ceux de Jorge Donn, danseur de la compagnie disparu en 1992. Finalement, le ballet n’est pas si léger. Et la première partie festive, presque frivole, devient alors lourde de sens. Nécessaire.

Si les musiques enlevées de Queen n’appellent pas à un déferlement d’émotion, on la sent poindre d’un côté ou l’autre de la scène. Discrète, jamais prête à prendre le pas sur l’optimisme et la légèreté de la jeunesse. Show must go on. C’est ce que dit cette masse de danseur qui avance compacte, jusqu’aux saluts.

Trente ans ont passé. Peut-être l’histoire que s’est racontée Béjart au moment de créer son ballet ne résonne pas aussi fort dans l’esprit des spectateurs. Peut-être l’énergie parfois kitch portée par les musiques de Freddie Mercury aura voilé le sérieux de certains tableaux. Mais les longues minutes d’applaudissements qui ont accompagné les saluts et qui se sont poursuivies dans la rue à la sortie des danseurs révèlent bien une chose : Béjart a réussi son pari. « Ballet for Life » est avant tout une ode à la fête et à la jeunesse.

C.V.

 

Photo crédit Philippe GROMELLE

Au programme des Chorégies

  • Le mardi 27 juillet à 21h30, ciné-concert avec le Kid de Charlie Chaplin ;
  • Le samedi 31 juillet à 21h30, La symphonie des jeux vidéos.

Renseignement aux Chorégies d’Orange