Le 1er décembre, Alexis Labat prendra ses fonctions de directeur général de l’Orchestre national Avignon-Provence. Il souhaite poursuivre le travail entrepris par son prédécesseur Philippe Grison qui fait valoir ses droits à la retraite. Avec pour projet de maintenir le niveau d’excellence de la phalange vauclusienne, d’aller à la rencontre de nouveaux publics, de soutenir les compositeurs vivants. Créer un studio d’enregistrement s’inscrit aussi dans son tableau de marche.

L’été dernier Alexis Labat a été retenu pour succéder à Philippe Grison à la direction générale de l’Orchestre national Avignon-Provence.  Labat ! ce nom sent bien les bruyères du sud-ouest. Il souligne que le berceau de sa famille se situe entre Bordeaux et Libourne : « Mon grand-père avait des vignes, il élevait des animaux aussi. La vigne est un métier passionnant. Tout a été vendu. Ça m’intéresserait de reprendre un domaine plus tard, mais ça nécessite de s’y connaître. Pour tout vous dire, je préfèrerai un domaine vers Gigondas plutôt qu’à Bordeaux. On peut faire un rapprochement entre le vin et la musique : le partage, la patience, des rencontres de personnes différentes, un large public. Je pense que le mariage vin et culture fonctionne bien. »

On pourrait penser qu’avec le label national acquis par la phalange avignonnaise l’an passé, le plus dur a été fait par son prédécesseur. Alexis Labat ne l’entend pas de cette oreille : « Le fait d’être labellisé oblige, c’est un engagement que l’Orchestre signe pour les années à venir sur les arguments qui ont permis d’obtenir ce label et pour les développer. Que ce soit de poursuivre l’engagement citoyen, d’aller vers d’autres publics ou de jouer dans d’autres lieux. Cela peut passer par une modification de la forme des concerts ; en invitant la littérature, des créations artistiques, des spectacles de cirque, en croisant les esthétiques de différentes formes d’art, pour toucher plus de monde et aller à la rencontre d’autres publics.  Il faut continuer le travail vers les scolaires et les publics éloignés et empêchés. Comme ils sont souvent initiateurs du tri sélectif dans leur famille, les enfants peuvent susciter leurs parents, voire leur grands-parents à venir écouter de la musique classique. »

Un autre volet de son projet lui tient à cœur, celui de défendre la place des compositeurs vivants dans la programmation de l’ONAP : « L’éducation du public à la création contemporaine n’est pas un problème. Beaucoup de compositeurs aujourd’hui ont pris en compte l’auditeur, ce qui s’est sans doute moins fait dans le passé. Les compositeurs actuels sont peu joués. Je suis favorable à insérer des créations  par petites touches, à passer des commandes. »

Néanmoins son premier travail, comme il le dit en s’amusant sera d’aller dire bonjour : « C’est le point le plus important de rencontrer tout le monde, de comprendre comment l’Orchestre fonctionne, de comprendre les relations humaines avec des personnalités différentes et des tâches spécifiques pour expliquer les intentions que j’ai et les enjeux. Nous sommes le seul orchestre à travailler avec quatre collectivités, c’est une chance.»

De la popularité à l’ambition la limite est fine, Alexis Labat ne cache pas son vœu de poursuivre les partenariats avec les Chorégies d’Orange, la Roque d’Anthéron ou le festival d’Aix-en-Provence, mais aussi de collaborer plus étroitement avec d’autres structures ayant pignon sur rue comme le festival d’Avignon. Alexis Labat glisse qu’il aimerait aussi, à terme, pouvoir disposer d’un  studio d’enregistrement : « Je ne me suis pas donné de durée en venant ici, la forme de l’Orchestre permet de la souplesse, il est assez agile. »

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à l’Orchestre national Avignon-Provence