Deux orchestres nationaux de Montpellier et Avignon, la Ve symphonie de Mahler et pour coordonner le tout et réussir le liment entre toutes les composantes des phalanges, la cheffe d’orchestre Debora Waldman. Ce sera le 9 décembre à 19 heures, au Corum à Montpellier et le 10 novembre à 20h30 l’Opéra Grand Avignon. Juive comme Mahler, elle comprend ses couleurs et ses côtés tragiques que ce soit chez le compositeur ou dans ses œuvres.

Pour la première fois de sa carrière, ce jeudi 9 novembre et vendredi 10 décembre, Debora Waldman dirigera une phalange composée de deux orchestres : L’orchestre national Montpellier-Occitanie et le sien, l’Orchestre national Avignon-Provence. Qui plus est, elle dirigera la Ve symphonie de Gustav Mahler, un monument de cette littérature du début du XXe siècle où Mahler épanche ses sentiments funèbres jusqu’au cri de joie et d’extase, à la fin de l’œuvre.

Cela semble simple sur le papier de réunir des musiciens professionnels, leur poser sur un pupitre une partition, avec un chef pour donner la mesure. Et le tour pourrait être joué. Eh bien, non ! sourit la directrice musicale avignonnaise qui se lance dans l’exercice proposé et qui, pour évacuer le stress, pratique le yoga et d’autres activités physiques ou méditatives : « Ce qu’il va manquer c’est du temps de répétition. Surtout quand on est perfectionniste. Chaque ensemble a des habitudes, un son. Comme je ne peux pas tout changer en quatre répétitions, il faut travailler les grandes lignes et ensuite faire confiance aux musiciens. Comme chef, on se rend compte que les choses dites ne sont peut-être pas rendues tout de suite mais qu’avec le temps elles se modifient. »

Ce qu’il a fallu aussi, c’est distribuer les premiers rôles dans l’orchestre. Car comment dire qu’un chef de pupitre toute l’année ne l’est plus le temps d’un concert ? Debora Waldman explique que les directeurs généraux des ensembles se sont entendu. Que les premiers solistes des cordes seraient avignonnais et les vents, cuivre et bois, ce seraient des Héraultais : « Ce n’est pas tout à fait vrai, car Cordelia Palm sera absente et que ce sera le super-soliste de Montpellier qui tiendra le poste au pupitres des premiers violons. »

Une autre difficulté, c’est que les deux ensembles ne partaient à égalité, comme le raconte Debora Waldman : « L’Orchestre de Montpellier a déjà interprété la Ve de Mahler, mais pas Avignon. Mais les musiciens, après quelques répétitions se sont mis au même niveau de leurs confrères. Je ne serais par favorable à refaire cet exercice tous les ans, mais tous les deux ans, ce serait bien.»

On en arrive à Mahler avec aussi toutes les difficultés à résoudre ou à interpréter pour rendre une copie dans l’esprit du maître. Debora Waldman rappelle qu’elle a dirigé Mahler pour la première fois en 2017 : « C’était le Xe symphonie. Mahler, c’est ma musique. Chaque musicien à son ADN et je m’y reconnais. Comme juifs, nous avons un bagage inconscient. Le Yiddish fait partie de notre culture avec son côté tragique. Je parle de lamentations Yiddish.»

Ce vendredi 10 décembre sera particulier pour l’Orchestre national Avignon-Provence puisque ce sera la dernière sortie officielle de Philippe Grison, son directeur général. Il a fait valoir ses droits à la retraite en janvier et son remplaçant Alexis Labat est dans la place. Philippe Grison qui avait engagé Debora Waldman en septembre 2020 confie cette relation abrégée pour cause de crise sanitaire : « Nous nous sommes peu connus en en temps réels, car nous avons fait face à la pandémie, au confinement, aux restrictions.  Mais nous avons fait des choses. J’ai apprécié sa façon de travailler dans l’urgence. »

Bruno ALBERRO

 

Crédit photo Christoph Abramowitz

Où entendre Mahler 5 ?

  • Jeudi 9 décembre à 19 heures au Corum de Montpellier
  • Vendredi 10 décembre à 20h30 à l’Opéra Grand Avignon

Renseignement à Opéra Grand Avignon