Olivier Anthony Theurillat a sorti un nouvel opus au titre de « Quiet City ». Les morceaux sont extraits de partitions couvrant toutes les périodes du milieu du XIXe siècle à nos jours. Lui-même varie ses genres en passant du classique au jazz, du concert à l’enseignement, du tennis aux salles de spectacles.

olivier Anthony Treuillat Photo crédit Ricardo Volpe Diaz

olivier Anthony Treuillat Photo crédit Ricardo Volpe Diaz

“Les personnes de la personne sont multiples dans la personne”, citait Amadou Hampâté Bâ, le griot malien. Cette image calque au trompettiste Olivier Anthony Theurillat. Multi-facettes, il se partage. Comme beaucoup d’artistes me direz-vous. Il passe de soliste, à la musique de chambre, à l’Orchestre symphonique de Bernes où il est titulaire d’un pupitre. On a dû mal à imaginer un trompettiste échapper au jazz et à l’improvisation, Olivier Anthony Theurillat s’y adonne, même s’il est critique envers lui-même avec un désir de travailler ses sonorités. Ce qui est moins commun pour un musicien, c’est de savoir qu’il enseigne le tennis à des enfants, des juniors ou des séniors : « On peut faire aisément un parallèle entre le sport et la musique. Il y a beaucoup de choses communes. »

Parmi toutes ses facettes, Olivier Anthony Theurillat vient de sortir un nouveau CD, gravé chez Indésens. Il l’a enregistré avec l’Orchestre de chambre de Lausanne, placé sous la direction de Laurent Gay. Dans ce disque réunissant dix morceaux de divers univers, allant de Modest Moussorgsky(1839-1881) à Alan Hovhaness (1911-2000), il rend hommage à autant de compositeurs couvrant cette période allant de la moitié du XIXe siècle à nos jours. Si la musique se dématérialise, Olivier Anthony Theurillat estime que le CD est encore nécessaire : « Nous disposons de plateformes numériques, mais le CD reste un objet attractif. Sortir un disque peut paraître désuet, mais c’est encore une niche. »

Quand on parle trompette, l’image iconique de Maurice André surgit. Fait-elle encore de l’ombre aux trompettistes d’aujourd’hui ? « Au contraire, c’est une image très forte. J’ai eu le plaisir de le rencontrer quand j’ai gagné un concours à Albert (80). Ce n’est pas frustrant que la trompette soit connue du grand public à travers lui. » Il analyse que son instrument, comme d’autres instruments à vent ou les bois, sont moins attractifs pour les salles de concert que le piano, le violon ou le violoncelle : « Nous nous produisons dans un réseau parallèle. Nous comptons de plus en plus de trompettistes féminines. »

olivier Anthony Treuillat Photo crédit Ricardo Volpe Diaz

Olivier Anthony Treuillat Photo crédit Ricardo Volpe Diaz

Comme star mondiale de la trompette, Olivier Anthony Theurillat cite Sergei Nakariakov. Si la médiatisation manque c’est peut-être un problème de répertoire : « La trompette s’est beaucoup développée au XXe siècle. Il n’y en a pas eu de compositions à l’époque romantique. La pièce la plus connue du répertoire est le Concerto  de Haydn. Mais ce n’est pas assez. Il y a le concerto de Tomasi qui est très difficile et plaisant à écouter mais il est rarement proposé au public. Le problème est celui de la diffusion. Il y a beaucoup de créations mais souvent elles ne sont jouées qu’une fois. La question est que fait-on une fois qu’une œuvre a été créée ? » Pour lui c’est un problème de société : « Elle le partage entre ceux qui veulent découvrir et ceux qui se font plaisir en consommant. Écouter quelque chose de nouveau, c’est un problème d’éducation. »

A 49 ans, Olivier Anthony Theurillat regarde sa carrière : « J’ai fait une carrière de soliste. Je suis maintenant en orchestre. J’ai l’âge où je me sens en forme. Mais j’ai aussi envie de conserver une certaine éthique vis-à-vis de la musique. Est-ce qu’il faut rêver à être reconnu, à avoir des milliers de like sur les réseaux sociaux ? A chacun de trouver sa voie. Ce qui m’inspire aujourd’hui ce n’est pas  d’être trompettiste virtuose mais de donner de l’expression à des mélodies touchantes. »

Le jazz avec le “Olivier Anthony Theurillat jazz band”  fait partie de ses projets : « Je joue avec des musiciens âgés qui ont beaucoup d’expériences. Le rapport avec le public est différent. On ressent plus de proximité. Dans les improvisations on joue qui on est et ça me plait de découvrir mes limites. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Ricardo Volpe Diaz

Renseignement à Olivier Anthony Theurillat

 

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