Avec cette Walkyrie, et comme seul décor des projections, si besoin en est, Charles Roubaud montre qu’il est un directeur d’acteurs et qu’il sait s’adapter aux circonstances pour donner une lecture simple, et non simpliste, de cet ouvrage de Richard Wagner que propose l’Opéra de Marseille  jusqu’au 16 février.

Pourquoi faire compliqué, voire alambiqué, quand on peut faire simple ? Quand certains réalisateurs veulent tout expliquer à coups d’effets techniques et de situations irréalistes, ou de personnages fantasmagoriques, Charles Roubaud offre aux spectateurs la possibilité d’imaginer. C’est le pari réussi du Marseillais, associé à sa collaboratrice de toujours Katia Dufflot pour les costumes qui donnent vie à ces personnages intemporels. Charles Roubaud signe la mise en scène de La Walkyrie de Richard Wagner à l’Opéra de Marseille.  La contrainte n’était pas facile puisque l’Orchestre national de la maison phocéenne prend place sur la scène. Pas de décor genre heroïc fantasy, pas de monstres terrifiants tirés du cinéma. Non ! On reste dans le texte et dans la musique. Un rideau, plutôt un écran, sépare les musiciens des acteurs et du drame que se joue dans l’avant-scène et la réussite est là dans cette direction d’acteurs, sans emploi d’accessoires, avec une image projetée pour chaque acte. Même les combats et les duels sont laissés à l’appréciation du spectateur. Qu’il est bon de retrouver du théâtre dans l’opéra. Il est bon aussi de trouver des voix dans le théâtre chanté. Les chanteurs ne peuvent tricher tout est dans la  voix : les rages, les espoirs, les attentes. Pour être entendu, tous les artistes n’ont d’autres choix que de livrer le meilleur d’eux-mêmes, seule possibilité pour être compris et révéler les situations de ces contes nordiques du moyen-âge. Alors quand on associe au plaisir des yeux, des émotions et des oreilles, on se dit que les 4h23 annoncés de cette production filent sans s’en rendre compte.

La Walkyrie Opéra de Marseille. Photo crédit Christian DRESSE (4)

La Walkyrie à l’Opéra de Marseille jusqu’au 16 février. Photo crédit Christian DRESSE (4)

On l’a ressenti pour cette première mercredi 9 février. Pas de raison que cela change au fil des représentations jusqu’au 16 février, pour cette dernière wagnérienne.

On sait que la maison marseillaise aime retrouver ses artistes de saison en saison. C’est le cas avec la direction musicale de cette Walkyrie revenue à Adrian Prabana. Ce chef de nationalité allemande est imprégné de cette culture. En plus il a longtemps travailler en Allemagne, et possède les partitions du maître de Bayreuth. Alors qu’on pouvait craindre un son surpuissant dans les cuivres, comme on l’entend souvent pour Wagner, le maestro fait montre d’une grand application et d’une grande finesse devant la phalange phocéenne, maîtrisant la puissance de l’ensemble.

Dans cette nouvelle production, les deux rôles-titres reviennent à des chanteurs germaniques : la soprano Petra Lang dans le rôle de Brünnlinge, la Walkyrie malheureuse et incomprise et le ténor Nicolaï Schukoff dans le costume de Siegmund. Deux personnages marqués dans leur espérance.

Le reste de la distribution, entièrement française, n’a rien à envier aux voix d’Outre-Rhin. Honneur à Sophie Koch, revêtant la robe de Sieglinde. Tout au long des trois actes, la mezzo affirme sa présence, nuançant les souffrances et ses amours, colorant de ses feux ses états d’âme.  Si elle excelle dans toutes les littératures lyriques, Sophie Koch est devenue ses dernières années une wagnérienne recherchée. Dans le rôle de Fricka, nous devions entendre Béatrice Uria-Monzon, elle a dû laisser sa place, remplacée par Aude Extrémo, elle faite partie de la génération montante du chant français.

Au personnage de Wotan, il faut l’assurance d’un dieu. Là encore l’Opéra de Marseille a fait confiance à Samuel Youn, déjà présent dans l’Or du Rhin à Marseille en 2018. Et que dire de Nicolas Courjal, lui aussi un fidèle de la scène du Vieux-Port qui colore de sa noirceur Hunding, épris de vengeance et de jalousie.

Dans les rôles des Walkyrie, on reconnaîtra des artistes régulièrement invitées à Marseille. Citons ce casting de feu avec Jennifer Michel, Ludivine Gombert (Que l’on retrouvera en mars dans Werther de Massenet) Laurence Janot, Lucie Roche, Carine Séchaye, Cécile Galois, Marie Gautrot ou Julie Pasturaud.

Bruno ALBERRO

 

Où entendre La Walkyrie ?

Du 9 au 16 février à l’Opéra de Marseille dans la Walkyrie sous la direction musicale Adrian PRABAVA dans une adaptation scénique  de Charles ROUBAUD
Avec Brünnhilde Petra LANG ; Sieglinde Sophie KOCH ; Fricka Aude EXTREMO ; Gerhilde Jennifer MICHEL
Helmwige Ludivine GOMBERT ; Ortlinde Laurence JANOT ;Waltraute Lucie ROCHE ;Rossweisse Carine SÉCHAYE ; Siegrune Cécile GALOIS ;Grimgerde Marie GAUTROT ; Schwertleite Julie PASTURAUD ;Siegmund Nikolaï SCHUKOFF ; Wotan Samuel YOUN ; Hunding Nicolas COURJAL et l’Orchestre de l’Opéra de Marseille.

Renseignement à l’Opéra de Marseille