Ce vendredi 13 mai, invité par l’Orchestre national Avignon Provence, Laurent Petitgirard va accrocher, à la patère de la FabricA, sa veste verte de secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts pour endosser le costume noir de chef d’orchestre. Il rappelle aussi qu’il est un compositeur qui dirige. Continuant de mener ses trois activités avec le même entrain et il précise : dans un juste équilibre.

portrait laurent petitgirard

Laurent Petitgirard mène de front sa mission de Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, de compositeur et de chef d’orchestre.

Un académicien, voire même un Secrétaire perpétuel, tenant la baguette devant l’Orchestre national Avignon Provence, ce n’est pas banal. Ce qui arrivera ce vendredi 13 mai à la FabricA avec la venue de Laurent Petitgirard qui délaissera un temps sa redingote verte de Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux Arts contre le costume noir de chef d’orchestre. Le programme, comme le veut le projet de l’ONAP, inclut une œuvre au féminin. Elle sera suivie par le concerto n°1 de Tchaïkovski où Laurent Petitgirard dirigera le pianiste Daniel Kharinotov.

Il se réjouit que la direction de la phalange avignonnaise ait maintenu le programme avec un compositeur et son jeune interprète russes. Il trouve imbécile qu’on ne considère pas simplement les œuvres et qu’on condamne les compositeurs du XIXe ou du début du XXe siècle, sans se rappeler que certains ont été poussés au suicide ou à l’exil et d’autres ont été condamnés par cette même Russie, qu’elle soit tsarine ou républicaine : « C’est différent de chefs ou interprètes qui soutiennent Poutine et sa politique envers l’Ukraine. Ça aurait été injuste vis-à-vis de ce jeune pianiste talentueux qui a été troisième du prix Tchaïkovski.»

Il se présente comme un compositeur qui dirige, et non comme un chef qui compose. Si on devait résumer Laurent Petitgirard par un mot ce serait Équilibre. Une position dont il est toujours en recherche. On pourrait s’étonner que le compositeur, chef d’orchestre ou académicien, mène ses trois activités essentielles de front : «  Je peux passer deux heures à étudier une partition, puis deux heures à composer une œuvre et ensuite d’aller au bureau pour de l’administratif, regarder des comptes. Sans oublier les enregistrements. Ça nécessite une organisation mentale. D’autres collègues se consacrent à une tâche avant de passer à la suivante.  Moi je ne peux pas et j’ai toujours fonctionné comme ça.»

Ce n’est pas pour autant que Laurent Petitgirard accumule les honneurs et les fonctions : « J’ai démissionné de mon poste à la Sacem et de mes postes de chef à l’Orchestre symphonique français ou de l’Orchestre Colonne, car je n’avais pas assez de temps. »

Depuis qu’il est installé dans le fauteuil du Secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts Laurent Petitgirard n’a eu de cesse que l’institution retrouve son rôle entre autres celui de conseils des politiques et de défendre les artistes. Voire les soutenir. Plus encore par les temps qui courent : « Après cette crise sanitaire, nous avons débloqué une enveloppe supplémentaire de 400000 euros en plus des 600000 euros annuels. On se rend compte que les artistes qui n’ont pas un poste d’enseignant ou de direction ont le plus souffert. Même pour les artistes connus qui n’avaient que leurs cachets, ça a été une période dure. Cette période a aussi été terrible pour les créateurs. »

Laurent Petitgirard s’intéresse aussi à d’autres souffrances, comme celle qui règne en Ukraine avec ce conflit armé : « J’ai proposé qu’on débloque une enveloppe de 300000 euros pour aider les artistes, en nous assurant que l’argent leur va directement. »

Pour sa part à Avignon, il dirigera pour la première fois une œuvre de l’anglaise Augusta Holmes : « Je suis content de la diriger. C’est joli sans être bouleversant. Ce qui est important ce n’est pas pas que ce soit un compositeur homme ou femme, mais c’est le talent. Clara Schumann ou Fanny Mendelssohn aurait pu écrire plus encore de belles choses. Lily Boulanger a été premier prix de Rome. Ce qui me dérange le plus ce sont les politiques systématiques, comme imposer une compositrice. C’est très bien quand on découvre une pépite. Il faudrait que l’ouvrage soit en accointance avec le programme. Ça me dérange aussi quand il y a des concours réservés uniquement aux chefs d’orchestre féminins ou des festivals limités à des compositrices. On ne peut pas rattraper l’histoire et il faut tenir compte de la réalité. Quand je présidais la Sacem il y avait 19 membres dont six femmes, on pourrait dire qu’elles étaient surreprésentées, puisque, en totale liberté, se présentaient 85% d’hommes et 15% de femmes. Si je suis favorable à une forme de parité en politique, c’est différent pour la musique qui est un autre monde. Il faut avoir de la mesure en ayant d’autres critères que le génie.» Une question d’équilibre.

Bruno ALBERRO

 

Où voir diriger Laurent Petitgirard ?

  • Le vendredi 13 mai à 20h30 à la FrabicA à Avignon dans un programme Augusta Holmes ; Pior Ilich Tchaïkovski et Anton Dvorak.

Renseignement à l’Opéra Grand Avignon