« La beauté sauvera le monde », écrivait Dostoïevski. Citer l’écrivain russe pourrait sembler provocateur pour rendre compte du concert de l’Ukrainian freedom tour, avec cette halte française au théâtre antique ce mardi 2 août. Les Chorégies d’Orange accueillait une des treize dates de cette tournée, dans les pays occidentaux, pour dénoncer l’absurdité de la guerre, qui se déroule en Ukraine envahie par les armées de Poutine, le président russe. Elle montre aussi que la Culture ukrainienne est bien vivante.
La tournée est produite par le Metroplitan opera de New York et par le Teatre Wilki-Polisk national opera. Elle a commencé à Varsovie ce 28 juillet, où les musiciens ukrainiens se sont retrouvés pour répéter sous la direction de la cheffe d’orchestre Kire Lynn-Wilson, subtile et délicate. Bien secondée par Marko Komonko
Premier violon solo qui officie à l’Opéra royal de Suède, on peut dire que la cheffe, dont les grands-parents ukrainiens ont émigré au canada, a obtenu l’adhésion des pupitres, mettant au diapason des musiciens pour la plupart issus des phalanges de Kiev, Lviv, Kharkiv, ou Odessa, dont les réputations ne sont plus à faire. Ils ont été autorisés à poser les armes et reprendre les instruments pour porter haut les valeurs et la culture de leur pays.
Pour bien montrer que l’Ukraine résiste à l’envahisseur, mais aussi qu’elle dispose de qualité créatrice, résonnait en ce début de concert, la symphonie n°7 de Valentin Sylvestrov, compositeur ukrainien encore vivant, interprétée par quelque 70 musiciens couvrant l’orchestra deux fois millénaires. Une pièce peu connue en Occident, riche d’une musique prenant des formes répétitives, qui relève le tempérament slave, où se peignent les langueurs mélancoliques d’un pays devenu immobile, entre un passé et un futur.
Il était un moment attendu à la lecture du programme avec le concerto pour piano n°2 de Chopin, œuvre magistrale confiée aux doigts de la pianiste internationale Anna Federova, elle s’est produite au festival de la Roque d’Anthéron ce 24 juillet. Chopin fait partie de son univers pianistique. Anna Federova en a développé les subtilités romantiques : caressant les couleurs sentimentales dans le deuxième mouvement et colorant le drame dans le troisième et dernier mouvement.
Pour ce concert solidaire, la soprano ukrainienne Ludmyla Monastyrska est venue apporter sa voix, en interprétant l’air de Léonore, extrait Fidelio, opéra de Beethoven. Un hymne à la l’amour et à la liberté. Ce ne fût pas un exercice très aisé que d’interpréter un seul air, en tout et pour tout, qui plus est, seule sur un plateau immense comme celui du théâtre antique.
La dernière partie était consacrée à Brahms. Kire Lynn-Wilson avait choisi la Symphonie n°4, qu’elle connaît particulièrement bien. Considérée aujourd’hui comme la plus parfaite des symphonies du compositeur germanique, cette œuvre reflétait par elle-même cette soirée. Ne dit-on pas que cette partition apportent un nouveau langage à la musique ? Langage à la fois tourné vers le présent et à l’avenir.
Toute l’humanité est dans cette symphonie. Faudrait-il que les grands de ce monde l’écoutent pour que l’avenir vive dans la paix. La musique devenant protectrice de la paix universelle. Comme l’hymne ukrainien qui a clos ce concert ; les musiciens ont choisi la version de Yuri Shevchenko dont les cordes nourrissent les âmes qui a permis d’entendre le jeu sensible du premier violon solo Marko Komonko.
Foin des puissants conquérants. « La beauté sauvera le monde ». Gogol, l’auteur ukrainien dit lui que « la voix du peuple est la voix de Dieu. Il est impossible d’imaginer rien de plus sensé que ce qu’a imaginé le peuple ». Que ces deux auteurs appartenant à l’humanité aient raison. Ce que tentent de prouver avec succès Kire Lynn-Wilson et son ensemble pendant tout ce mois d’août, de Varsovie à Washington.
Photos crédit Philippe GROMELLE
Les dates de l’Ukrainian Freedom tour :
- Le 28 juillet à Varsovie ; Le 31 juillet à Londres ; le 1er août à Munich, Le 2 août à Orange ; Le 4 août à Berlin ; Le 6 août à Edinbourg ; Le 8 août à Aladebourg ; Le 11 août à Amsterdam ; Le 13 août à Hambourg ; Le 15 août à Dublin ; Les 18 et 19 août à New York et le 20 août à Washington DC.
Un site a été ouvert pour recevoir des dons pour sauver le culture ukrainienne