Bien sûr le travail se fait au cours des répétitions et le soliste sur scène devant le public se consacre à sa partition qu’il connaît dans le moindre détail. Le violoncelliste Edgar Moreau interprétait le Concerto n°1 de Camille Saint- Saëns aux Chorégies d’Orange vendredi soir, en avant-dernière soirée de cette édition 2022. Loin des habitudes des concerts avec soliste, il s’est au contraire montré très attentionné auprès de Vera Novakova, la première violoniste de l’Orchestre philharmonique de Nice, il l’a été tout autant qu’avec Lionel Bringuier le chef de la phalange azuréenne.

Tous deux font partie de cette nouvelle génération de musiciens français à qui tout arrive en bien, et dont leur réputation ne peut que s’étendre. Qui plus est, le violoncelle était bien défendu au cours de cette soirée, puisque Lionel Bringuier est violoncelliste, tout comme Camille Saint-Saëns qui l’avait écrit en 1872, soit il y a 150 ans. Qu’il existe une tradition du violoncelle français depuis plusieurs générations, et que cette soirée au théâtre antique tendait à le démontrer.

Dans l’interprétation de ce concerto d’un seul mouvement en trois parties, Edgar Moreau a fait montre d’une grande maîtrise de cette partition d’une durée d’une vingtaine de minutes, une occasion de rendre hommage à la musique française à qui il a souligné son élégance et ses richesses. Saint-Saëns voulait donner à la musique de son temps une littérature pour cet instrument moins apprécié des compositeurs romantiques que ne l’était le piano ou le violon. Alors Saint-Saëns en a soigné toutes les possibilités et Edgar Moreau en a restitué toutes les subtilités.

La seconde partie de concert sera forcément différente avec un Lionel Bringuier exalté pour défendre la symphonie du Nouveau monde de Dvorak. Si pour le concerto, il s’est montré sobre, là dans cette symphonie n°9 du compositeur tchèque, il fut différent, respirant les grands espaces de l’Ouest américain qu’il connaît bien. Enthousiaste, il a rendu une copie très visuelle, entraînant les gradins antiques à ces soirées autour des feux des caravanes où s’enchaînaient les grandes chevauchées et les longues traversées dans cette immensité terrestre. Un souffle d’air dans ces temps incertains.

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Philippe GROMELLE

A venir aux Chorégies d’Orange

  • Le samedi 6 août à 21h30 La Gioconda, opéra de Ponchielli.

Renseignement aux Chorégies d’Orange