Pas besoin d’être footballeur pour savoir l’engouement que suscitent les départs et arrivées au stade Vélodrome. Le football a son mercato, l’opéra aussi. Pas seulement pour les chefs d’orchestre ou les directeurs de maison, les chefs de chœur aussi sont appelés à d’autres destinées. C’est le cas à Marseille où Emmanuelle Trenque quitte la Grande bleue pour rejoindre le théâtre de la Monnaie à Bruxelles.

Ça fait partie de la vie des maisons d’opéra. Comme au football ou dans d’autres sports, elles changent de figure. A Marseille, le départ du chef de chœur Emmanuel Trenque est annoncé pour la fin de saison, il rejoint le théâtre de la Monnaie à Bruxelles. La chose s’est faite le plus simplement du monde : « Cela faisait deux ans que l’opéra n’avait pas de chef de chœur permanent. Certains venaient ponctuellement. Au printemps dernier, j’ai été invité pour préparer le chœur en vue des Huguenots (NDLR : opéra de Meyerbeer) et ça s’est bien passé. Ensuite le poste m’a été proposé. »

Il dit bien qu’il n’avait aucune intention de quitter Marseille et pour l’instant, il soigne Macbeth de Verdi où le chœur est omniprésent dans cet ouvrage : « Je suis en poste depuis huit ans. Depuis cinq ans, le chœur avait progressé mais le travail n’est jamais fini. Il y a toujours de nouveaux chanteurs qui arrivent et d’autres qui partent à la retraite. On peut toujours s’améliorer, soigner des détails, trouver des équilibres entre les voix. » Il part avec le sentiment du travail accompli : « Je vais dans une belle et prestigieuse maison avec un chœur de grandes qualité. Ce qui va me manquer c’est la mer et le climat. Mais c’est une belle opportunité qu’on me propose. Je vais retrouver le chef Alain Altinoglu. Nous avons travaillé ensemble aux Chorégies dans le Bal masqué, puis ensuite au théâtre des Champs Elysées. Nous nous sommes bien entendus. »  

Existe-t-il une méthode Emmanuel Trenque ? « Je ne sais pas si c’est une méthode. Je pense qu’il faut de l’exigence pour aller vers l’excellence. Il faut respecter le plus possible les partitions. Respect des mesures et du rythme en suivant les didascalies du compositeur. »

Est-ce que les chanteurs sont dociles ? « Ce sont des gens de tempérament. Il faut beaucoup de présence et posséder de l’expérience pour travailler dans le respect de la partition. »

Une fois que le chœur est prêt, encore faut-il se mettre au diapason du chef d’orchestre : « Je n’ai jamais eu de clash avec un chef. Je m’y prends longtemps à l’avance pour demander ce qu’il attend du chœur, quelles nuances et quels tempii il souhaite. Le chœur s’adapte comme les solistes. Il y a toujours des différences avec la préparation et c’est normal. »

Ce travail à Marseille il va le poursuivre jusqu’à la fin de la saison : « Comptez sur moi pour travailler jusqu’à la dernière note. Ce sera le 11 juin, avec la dernière des Huguenots. » Un opéra où le chœur chante quelque 90 minutes. Comme pour saluer son travail sur les rives du Vieux-Port. La boucle phocéenne d’Emmanuel Trenque sera bouclée, en homme heureux : « C’est vraiment comme chef de chœur que je me sens le mieux. J’ai fait du chant, mais je n’avais pas les qualités nécessaires pour faire carrière, j’ai beaucoup dirigé d’opérettes et de symphonies à Marseille, mais ce qui m’intéresse c’est de faire travailler les voix. C’est ce qui m’intéresse le plus. »

Bruno ALBERRO

 

A l’Opéra de Marseille

  • Jusqu’au dimanche 9 octobre : Macbeth de Verdi.

Renseignement à l’Opéra de Marseille