Le Chevalier à la rose a fait son entrée au répertoire de l’Opéra Grand Avignon vendredi 7 octobre. La seconde est à l’affiche dimanche 9 octobre à 14h30.

Jean-Claude Berutti pose un nouveau regard sur Le chevalier à la rose de Richard Strauss qu’il présente à l’Opéra Grand Avignon encore ce dimanche à 14h30.

La production commence sur une projection Der Rosenkavalier en version cinéma muet que Robert Wiene et Ludwig Nerz avaient réalisé en 1925 et accompagné par un orchestre que dirigeait Richard Strauss lui-même. Le metteur en scène accompagne le jeu d’acteurs et les scènes du plateau de séquences du film où les acteurs amplifient les sentiments ressentis. Un décalage entre le plateau et l’écran, pour ce qui se doit être une comédie de mœurs dont le public était friand quand est sorti cet opéra en 1911, quand les salles où se jouaient les Courteline et les Feydeau.

Depuis longtemps, on ne rit plus à l’opéra, tout juste on sourit. Comme si rire ne faisait pas sérieux. Alors avec le Chevalier à la rose, version Strauss, n’est pas fait pour amuser mais pour évoquer des choses sérieuses, comme la vie qui s’écoule dans l’inéluctable sablier du temps.

Alors si on ne peut rire franchement, eh bien ! écoutons la musique dirigée par Jochem Hochstenbach devant l’Orchestre national Avignon-Provence. Le maestro spécialiste de la musique allemande, d’une belle faconde, fait corps avec celle de Strauss.

Il est vrai que si l’opéra est un théâtre chanté alors il faut des acteurs-chanteurs autant que des chanteurs-acteurs pour servir avec constance ce livret de quelque trois heures. Qui plus est avec un premier acte où il ne se passe pas grand-chose de pétillant. Mais la partition est ainsi écrite et ce n’est pas la faute des artistes sur scène, bien qu’ils donnent le change et font tout pour apporter une pointe de réaliste dans les tendres passions qui se jouent. En premier lieu, saluons Hanna Larissa Naujoks qui tient le rôle-titre d’Octavia, un rôle de travesti dont il/elle se sort bien tout au long des trois actes. Elle est convaincante dans ses élans amoureux avec Tineke Van Ingelgem en dame Maréchale, qui impose l’élégance que nécessite son personnage de grand dame. Sheva Tehoval séduit en Sophie que ce soit en robe XVIIIe et portant perruque ou en déshabillé noir et Doc Martens. On comprend qu’il y a quelques anachronismes vestimentaires comme si une pièce se jouait dans une autre pièce.

Autre personnage d’importance dans cet opéra avec le Baron Ochs, ici interprété par Mischa Schelomianski, qui a pu faire entendre sa voix profonde et chaude quand il tente de charmer ses dames.

Bruno ALBERRO

 

Le Chevalier à la rose en bref

  • Le dimanche 9 octobre  à l’Opéra Grand Avignon avec Le chevalier à la rose, opéra de Richard Strauss dirigé par Jochem Hochstenbach et mis en scène avec Jean-Claude Berutti. Avec Tineke Van Ingelgem, Mischa Scheliomanksi, Hanna Larissa Naujoks, Jean-Marc Salzmann, Sheva Tehoval, Diana Axentii Kresimir Spicer, Hélène Bernardy, Olivier Trommenschlager, Carlos Natale, Jean-François Baron, le Chœur et la Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon et l’Orchestre national Avignon-Provence.

Renseignement à l’Opéra Grand Avignon