L’Orchestre national Avignon-Provence a invité le violoniste Leonard Schreiber ce vendredi 9 décembre à 20 heures. Il interprétera le Concerto pour violon et orchestre de Sibelius.
Son numéro de téléphone indique l’Angleterre, il est né à Anvers d’un couple franco-belge. Son nom est juif avec des racines arrachées à la Pologne et à l’Ukraine. C’est dire si le violoniste Leonard Schreiber a subi de grandes influences. Comme il assure que l’artiste aujourd’hui est aussi citoyen et une voix dans l’écho du monde : « On ne peut pas être insensible à ce qui se passe. Les artistes sont impliqués. Tous les ans, j’avais des contrats en Russie, je les ai tous annulés tant que cette guerre ne s’arrêtera pas. »
Pour sa première venue à l’Opéra du Grand Avignon il interprétera le concerto pour violon et orchestre de Sibelius. On s’en doute, nul besoin d’être finlandais pour traduire un compositeur du nord de l’Europe, comme un Japonais ou un Coréen peuvent être des interprètes de musique italienne ou russe, commente le concertiste : « Pour comprendre la musique scandinave, ça peut aider d’y aller pour voir, ça aide aussi à comprendre. En écoutant le concerto, on voit les paysages et les fjords. C’est une musique avec beaucoup de couleurs. On peut dire que la mondialisation il y a du pour et du contre. C’est formidable qu’il y ait dans les conservatoires des professeurs d’autres pays, qu’on puisse savoir dans la seconde ce qui se passe de l’autre côté de la terre. On peut écouter de nombreux interprètes. Mais on peut penser aussi que les choses se perdent du fait de la mondialisation. Regardez en France ! Est-ce qu’on peut dire Paris est encore une capitale habitée par des Parisiens, voire de Français ? On trouve de la cuisine de tous les pays, comme partout dans le monde d’ailleurs. Est-ce que la cuisine dans un restaurant étranger en France est meilleure que dans le pays d’origine ? Sans doute pas ! Les choses changent avec des bonnes et des moins bonnes. Je pense qu’il faut profiter des avantages. »
On peut penser qu’avec Internet on peut écouter en musique les versions de son choix. Sur cette question, Leonard Schreiber analyse les pour et les contre : « Il y a deux sortes de public : ceux qui viennent écouter une œuvre et d’autres viennent entendre l’interprète. Beaucoup de mélomanes ont leur version de référence. Ils sont du mal à écouter de nouvelles versions. Alors que la musique bien écrite offre de nombreuses interprétations possibles. Et il y a beaucoup plus qu’une version de bonne. »
Leonard Schreiber fera ses premières gammes à Avignon, bien qu’il connaisse cette région du sud de la France : « Je n’ai pas jamais joué à Avignon mais à la Roque d’Anthéron avec l’ensemble Borodine. J’avais remplacé Vadim Repin. J’ai joué aussi à Cannes, à Menton ou à Montpellier.»