La chanteuse béninoise Angélique Kidjo est inclassable et ça lui convient d’être à la frontière des cultures. Elle sera sur la scène de l’Opéra Grand Avignon les 12 et 13 janvier à 20 heures où elle se produira devant l’Orchestre national Avignon-Provence.

Pour commencer l’année 2023 l’Orchestre national Avignon-Provence a invité la chanteuse béninoise Angélique Kidjo les jeudi 12 et vendredi 13 janvier à l’Opéra Grand-Avignon.  Elle pourrait être un griot et psalmodier sa vie à l’ombre d’un fromager, l’arbre à palabres ; elle a choisi d’être chanteuse et de défendre son art quoiqu’il lui en coûtât. Ce qu’elle a fait à 23 ans pour ne pas plier devant la dictature communiste qui sévissait dans son pays dans ces années fin 1970 jusqu’au milieu des années 1980 : « J’ai écouté mon père qui m’a poussé à aller en France. Je ne me voyais pas chanter la lutte finale devant des hommes politiques. Je ne voulais pas être une chanteuse liée à la politique, il fallait que je parte. »

C’est au festival de Montreux que sa carrière a pris un virage : « Le chef d’orchestre luxembourgeois Gast Walzing m’a proposé de chanter avec un orchestre. Je me suis dit : Il est fou ! Mais il a insisté. Nous avons fait un essai avec le Philharmonique de Luxembourg. Par prudence, j’avais amené mes musiciens, mais la batterie n’était pas compatible avec le son de l’orchestre. On n’entendait pas la finesse des violons. Nous avons obtenu un succès incroyable. Ensuite, nous avons arrangé d’autres chansons. J’ai appris beaucoup. Comme par exemple que la voix est un instrument et que je faisais partie de l’orchestre. J’ai retrouvé la technique afin de chanter sans micro me rappelant que je faisais pour le chant traditionnel comme je le chantais au Bénin  »

Son père telle une ombre tutélaire s’invite souvent dans la conversation. Quand elle croise de jeunes chanteurs, Angélique Kidjo a envie de leur offrir les conseils de son papa : « Il me disait des choses que j’ai retenues comme : Comprends ce que tu apprends ou encore : ce que tu fais doit avoir un but. »

Elle se réjouit que les choses bougent avec de plus en plus de cheffe au féminin devant les orchestres. Elle se réjouit aussi de sa rencontre avec Debora Waldman, la directrice artistique en titre de l’ONAP qui l’a faite venir à Avignon : « De plus en plus de compositrices sont mises en avant. C’est un début seulement. Il y a encore des progrès à faire. »

Difficile d’être Béninoise et de ne pas avoir une vision de ce qui se passe en Afrique, et ainsi dans le monde : « Ce n’est pas qu’en Afrique, le monde est en mouvement et qu’il est au cœur d’une corruption internationale. A qui sert le pouvoir ? Aux pays riches. Comment se fait-il que l’Afrique qui a le sous-sol le plus riche soit le continent où on compte le plus de pauvres ? Il suffit de discuter avec les jeunes artistes et les jeunes dans la rue. On sent que l’Afrique est une cocotte-minute qui peut exploser à tout moment. »  

Bruno ALBERRO

 

Où entendre Angélique Kidjo ?

Les jeudi 12 et vendredi 13 janvier à 20 heures à l’Opéra Grand Avignon sous la direction de Gast Waltzing avec l’Orchestre national Avignon Provence ;

Renseignement à l’Opéra Grand Avignon