A Kinshasa, Congo, c’est en chantant dans le chœur comme basse du Requiem de Mozart que le ténor Patrick Kabongo a appréhendé le lyrique. Depuis sa carrière est passé du chant choral à la scène internationale comme ténor soliste, remisant son diplôme d’ingénieur. Il sera sur la scène de l’Opéra Grand Avignon les 3 et 5 mars dans Il Turco in Italia de Rossini.

Il aurait pu être ingénieur, il est devenu saltimbanque. Ainsi en a décidé le destin de Patrick Kabongo. Le ténor sera sur la scène de l’opéra Grand Avignon les vendredi 3 et dimanche 5 mars dans l’ouvrage de Rossini un Turc en Italie, dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda, sous la direction de Miguel Campos Neto. C’est la première fois que le chanteur est à l’affiche  dans la Cité des Papes.

On ne peut pas dire que Patrick Kabongo soit venu par hasard au chant, puisque c’est au sein d’une chorale qu’il a été découvert par le chef d’orchestre invité à diriger le Requiem de Mozart dans son pays, le Congo. A cette époque, Patrick Kabongo se projetait à exercer comme ingénieur à Kinshasa, la capitale de son pays natal : « Dans le chœur, j’étais parmi les basses. Le chef m’a dit que ce n’était pas ma tessiture. C’est comme ça que je suis allé au Conservatoire Royal de Bruxelles. Le chant, c’est une autre facette de moi. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je resterai dans l’art. » Il glisse qu’à sa connaissance, ils sont trois chanteurs lyriques originaires du Congo : « Je donne des concerts au Congo et je conseille les chanteurs sur les techniques vocales. »

Si aujourd’hui il est ténor lyrique léger, Patrick Kabongo rêve aux rôles dramatiques : « Pour l’instant, j’ai des rôles comiques, je préfèrerais incarner des personnages différents de ma nature. Mais il faut patienter, je peux pas le faire actuellement, il me faut plus d’âge. »

S’il est à Avignon pour le Turc, Patrick Kabongo pense au prochain rôle qu’il interprétera le 8 mars prochain à Mannheim : « Je suis en train de l’apprendre. Ce n’est pas gênant, car les rôles sont dans la même vocalité. Pour entrer dans la peau du personnage, je déchiffre la partition et ensuite j’apprends le texte. »

Bien que les mesures de sécurité Covid tombent les unes derrière les autres, il est resté des habitudes dans le monde lyrique, explique Patrick Kabongo : « Les solistes ont toujours fait attention, fait en sorte de se protéger, car on est payé que si on chante. On est prudent pour ne pas être malade.  Avec la Covid, c’est resté. Ça a même augmenté car avant on allait boire un verre ensemble après les répétitions. Du côté du public, d’autres habitudes ont été prises. On voit aussi que les salles sont moins remplies. Au Canada où j’étais en production dans une salle de 1200 places, il y avait 200 personnes… Tout est différent d’un pays à l’autre. En Allemagne, on applaudit souvent à la fin du spectacle. En Italie, on aime les belles mises en scène, les beaux costumes plutôt classiques. Je n’ai jamais refusé une mise en scène. Ah, si ! Une fois j’ai refusé une perruque. Elle avait été imaginée pour un chanteur blanc, et je suis noir. Le metteur en scène en à convenu.»

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit David Morganti

Il Turco à Avignon en bref

L’opéra bouffe en deux actes Il Turco in Italia, de Rossini, sera mis en scène par Jean-Louis Grinda et dirigé par Miguel Campos Neto. Il sera donné :

Vendredi 3 mars 2023 à 20h00 ;
Dimanche 5 mars 2023 à 14h30.

Renseignement à Opéra Grand Avignon