Chorégies d’Orange : Rencontre avec Kirill Karabits, chef d’orchestre

CONCERT ANNULÉ
Le dimanche 2 juillet, aux Chorégies d’Orange, le chef d’orchestre ukrainien Kririll Karabits dirigera la pianiste Khatia Buniatishvili dans le concerto n°23 de Mozart. Au programme également de cette soirée au théâtre antique, une pièce d’Akimenko et la symphonie n°2 de Rachmaninov. Le chef évoque sa relation à la musique, le drame que vit son pays en guerre.

1- Vous êtes invité dans un théâtre qui a 2000 ans d’histoire et qui plus est dans le vieux festival lyrique du monde. Cela vous impressionne-t-il ?

Oui bien sûr. Le festival d’Orange est un lieu magique et unique. C’est en fait ma deuxième visite à Orange, il y a de nombreuses années j’ai assisté Myung-Whun Chung dans une production mémorable de Carmen avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France.

2- Vous allez diriger une star du piano pour ce concert. Comment avez-vous collaboré puisqu’il y aura sans aucun doute des différences d’interprétation entre vous et elle pour la lecture de la partition. Quelle sera votre interprétation de ce Concerto n°23 de Mozart ?

Je vois plus mon rôle de chef d’orchestre dans l’accompagnement des concertos comme un rôle de soutien et d’aide pour le soliste. Les principales idées d’interprétation viennent du soliste et je les aide à se produire et à fournir un « pont » entre le soliste et l’orchestre. J’ai déjà travaillé avec Khatia et j’ai apprécié notre création musicale.

3- Comment ne pas mentionner que votre pays est en guerre. Est-il facile d’avoir l’esprit libre pour exercer son métier et faire de la musique ?

Oui, il est très difficile de se concentrer uniquement sur la musique en ce moment. Mais je suis ravi de pouvoir présenter une belle œuvre du compositeur ukrainien Theodore Akimenko au programme. Akimenko est un nom oublié, il a étudié avec Rimski-Korsakov et a été le premier professeur de composition de Stravinsky. Sa musique est aussi profondément liée à la France où il vécut la moitié de sa vie et mourut en 1945.

4- Au sommet de l’Everest, dans les stades, dans les salles de concert, les Ukrainiens se montrent comme les ambassadeurs d’une cause. Est-ce votre cas ?

Je suis né en Ukraine dans une famille de musiciens. Mon père était un compositeur célèbre et une figure importante de la musique ukrainienne. Et depuis mes années d’études, j’ai joué et promu la musique ukrainienne et défendu les compositeurs ukrainiens à travers le monde.

5- En plus de Mozart, vous dirigerez des œuvres du répertoire russe. N’auriez-vous pas voulu diriger une partition de votre père, qui était aussi compositeur ?

Je dirige très souvent les œuvres de mon père. La prochaine représentation aura lieu au BBC Prom à Londres le 2 août.