Samedi 29 juin, la pluie a cessé le temps du concert où la pianiste géorgienne Khatia Buniatishvili était invitée à interpréter le Concerto n°1 pour piano et orchestre de Tchaïkovski. A croire que le ciel s’est voulu clément, minutant l’instant de cette soirée Tchaïkovski aux Chorégies d’Orange.

Une œuvre magistrale qu’on ne présente plus et qui réclame une technique sans faille ; une œuvre plus souvent jouée dans les concours qu’en concert. Alors il ne fallait bouder son plaisir au risque d’avoir les fesses mouillées par la pluie tombée sur les pierres du théâtre antique, où quelque 3000 personnes s’étaient rassemblées.

Khatia Buniatishvili s’est jeté à corps perdu dans son interprétation, jouant avec les pupitres, enrichissant les imitations et phrases plus simplistes de cette littérature de 1874, reprise par le compositeur en 1888, dont nous avons entendu la version. Est-ce les conditions de réflexion, est-ce le vent coquin qui a perturbé cette soirée, la concertiste adoucissait les notes pianistiques de l’Orchestre de Monte Carlo, dirigé pour l’occasion par le chef ukrainien Kirill Karabits, couvrant par instant les confrontations du piano et de l’orchestre. De l’Ukraine, il en était question dans cette partition, on y retrouve des airs populaires de ce pays d’Europe centrale. Il est vrai que le compositeur a des ascendants de Poltava, région centrale de ce pays, en guerre.

Comme un clin d’œil aussi à la France, où Tchaïkovski aurait glissé le thème d’une chansonnette parisienne dans le 3e thème du 2e mouvement dit Andantino simplice,  Khatia Buniatishvili a repris La Javanaise de Serge Gainsbourg, dévoilant des qualités d’improvisation aux accents jazzys, pour le plus grand plaisir des gradins romains.

Si pour sa direction du Concerto, Kirill Karabits s’est montré sobre et appliqué, il est devenu plus exubérant dans sa lecture du Lac des cygnes, toujours de Tchaïkovski, dont il a livré des larges extraits : les plus populaires. Là aussi, on a bien cru que les Cygnes allaient se noyer, quand la Première violon, a levé les yeux aux ciel, scrutant les projecteurs, striés par la pluie. Comme à la Saint-Jean en Ukraine où une jeune fille lance une couronne pour le rituel de l’eau, la Première violon a obtenu la clémence du ciel pour peindre les deux derniers tableaux manquants d’une soirée où on est passé du doute à l’espérance.

N’est-ce pas cela le chemin de la vie ?

Bruno ALBERRO

 

Au programme des Chorégies à 21h30 au théâtre antique :

  • Le vendredi 5 juillet : Ciné-concert avec La ruée vers l’or de Charlie Chaplin ;
  • Le vendredi 12 juillet : Danse avec les Saisons de Thierry Malandain ;
  • Le jeudi 18 juillet : Récital avec Edgar Moreau joue les Suites de Bach pour violoncelle seul ;
  • Le lundi 22 juillet : Opéra Tosca de Puccini en version concert.

Renseignement aux Chorégies d’Orange