Les années se suivent et se ressemblent aux Chorégies. Enfin, presque, pour ces dernières saisons post-Covid ! La promesse de l’an passé de voir programmer un opéra scénique a fondu devant les exigences financières. Si ce discours était en filigrane auparavant, au moins cette fois, cela a été dit, clairement, par Jean-Louis Grinda, directeur des Chorégies d’Orange pour qui nécessité fait loi : On est contraint par les recettes de billetterie. Ce n’est pas nouveau.
Si on se souvient, aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps, les recettes de billetterie ont toujours marqué au fer rouge le bilan des éditions du festival lyrique, avec un autofinancement qui était grimpé à 87% dans les années 2000.
En creux, on pourrait dire que certains spectacles remplissent le théâtre antique mieux que d’autres et que ce n’est pas forcément les airs opératiques ou la musique savante. Exception faite du ténor Roberto Alagna, présent dans Tosca de Puccini l’an passé et remplissant sous son nom le théâtre antique, même en version concert.
En tout cas la formule qui se met en place graduellement depuis quelques saisons dans la programmation du festival lyrique donne raison aux gestionnaires des Chorégies d’Orange, puisque la saison précédente a bouclé avec un bénéfice. Moins pour le public qui aime à voir des spectacles imposants à la taille et dimension du théâtre antique.
Au sortir de la présentation de la saison 2025, des membres bienfaiteurs tiraient le masque. Entre deux toasts et un verre on pouvait entendre : « Je ne sais pas si je vais aider encore longtemps le festival. Autant ça me plaisait d’aider à financer un beau spectacle autant ça me dérange d’aider un opéra en version concert. »
Bon cette année, ça change ! Ou ça évolue en quantité. Avec deux opéras, signés Verdi, en version concert à l’affiche. Deux ouvrages connus en tout cas où de leurs airs résonnent aux oreilles : Di quella pira, air du ténor Manrico dans l’acte III du Trouvère ou l’ouverture de la Force du destin.
Les noms de l’univers opératiques seront sur la scène du Trouvère, le 6 juillet, avec Anna Netrebko et son mari à la Ville Yusef Eyvasov et Marie-Nicole Lemieux qui avait chanté Azucena en 2015, ici-même, ce rôle de la Gitane avec Roberto Alagna.
Pour la Force du destin, le 20 juillet, Jean-Louis Grinda a fait appel à Anna Pirozzi, Brian Jagde et Ariun Ganbaatar.
Autre tête d’affiche pour cette édition du festival avec le violoniste Renaud Capuçon, le 9 juillet. Mais aussi le retour du Requiem de Mozart dirigé par un jeune chef italien Diego Cerreta.
La danse, et son succès grandissant, reste présente à l’affiche 2025 avec le ballet d’Aix-en-Provence d’Angelin Preljocaj qui donnera le 12 juillet, le Lac des cygnes. Autre succès populaire annoncé avec un ciné-concert pour glisser dans le monde des dessins animés de Walt Disney avec Fantasia, interprété par l’Orchestre national Avignon-Provence, placé sous la direction de Victor Jacob.
Un concert symphonique est aussi annoncé le 5 juillet avec le chef Michele Spotti à la baguette.
Depuis l’année Covid, une place est laissée à la scène émergente, cette fois ce sera deux soirées qui permettront à la jeune génération de s’exprimer. Le 15 juillet, au palais des princes, dans sa forme usuelle avec trois chanteurs et une pianiste et le surlendemain au théâtre antique cette fois, avec un quatuor lyrique accompagné par l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée.
Des jeunes, il en sera question aussi le 13 juin en ouverture du festival avec Pop the Opéra qui permettra à quelque 800 collégiens de goûter aux joies de se produire sur scène devant des gradins acquis.
Après Mika l’année dernière, la variété prend rang encore le 24 juin, la direction du festival invite le spectacle d’Yvan Cassar consacré à Johnny Hallyday en version symphonique.
La surprise de cette édition pourrait bien être signée du bassiste des Beatles : Paul McCartney, dont on jouera son Liverpool oratorio, écrit en 1991. Comme Tommy l’opéra des Who écrit en 1969, Liverpool oratorio commence par la naissance d’un enfant pendant un bombardement de la Seconde Guerre mondiale.
Bruno ALBERRO
Au programme des Chorégies 2025 :
- Le 13 juin : Pop the Opera ;
- Autour du 20 juin : Musiques en fête ;
- Le 24 juin : Johnny Symphonie ;
- Le 28 juin : Le Requiem de Mozart ;
- Le 5 juillet : Concert symphonique ;
- Le 6 juillet : Il Trovatore de Verdi ;
- Le 9 juillet : Récital Renaud Capuçon ;
- Le 12 juillet : Ballet Angelin Preljocaj ;
- Le 15 juillet : Récital de la Scène émergente ;
- Le 17 juillet : Grande Scène émergente ;
- Le 20 juillet : La Forza des Destino de Verdi ;
- Le 22 juillet : Ciné-concert : Fantasia de Disney ;
- Le 25 juillet : Liverpool oratorio de Paul McCartney.